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24
L'ART.
seigne pas avec des négations ; chez nous le goût consiste bien
plus à éviter certains défauts — ou prétendus défauts — qu'à
conquérir des qualités réelles. On cherche à faire des artistes
par éliminations successives et de plus en plus rigoureuses,
jusqu'à ce qu'on ait éliminé l'homme même. Alors on a le par-
fait élève, mais du même coup l'artiste est tué.
Cela suffit, je pense, pour faire bien comprendre en quoi
nous différons de l'idée qui a présidé au choix et au classement
des chefs-d'œuvre de la peinture italienne. C'est assez dire que
si nous avions eu à faire ce choix, nous l'aurions fait tout
autrement. Mais nous aimons à rendre justice même à ceux
dont nous ne partageons pas les sentiments. Il est certain, que,
si l'on se place au point de vue des personnes qui confondent la
signification des termes classique et académique et qui sont à
genoux devant le divin Sanpo, le volume que nous avons sous
les yeux est un des meilleurs qui aient été faits dans cet esprit.
Eugène Véron.
CHRONIQUE ETRANGERE
Angleterre. — Une société vient de se former sous le nom
de the Painter's Guild (Corporation des peintres) dans le but de
surveiller la fabrication des couleurs et des autres matières
employées par les artistes, et de mettre un terme aux habi-
tudes de sophistication qui se généralisent dans cette indus-
trie. L'attention des artistes a été appelée de ce côté par l'ini-
tiative de M. Holman Hunt.
M. Hunt a fait lui-même beaucoup d'essais pour éprouver
la solidité des couleurs, et il a porté le résultat de ses recherches
à la connaissance du public dans un discours prononcé dans la
salle de la Société des Arts, le 8 juin. Le sujet a été discuté
aussi dans une réunion d'artistes et de chimistes, à la Grosvenor
Gallery, présidée par Sir Coutts Lindsay.
L'opinion générale est qu'une question d'une si grande
importance pour l'art doit attirer l'attention de la Royal Aca-
demy, mais M. Hunt affirme qu'aucune mesure sérieuse n'a été
prise par ce corps. Tout s'est borné à la désignation d'un chi-
miste, qui n'a reçu du reste aucun encouragement à poursuivre
ses recherches en vue d'un résultat pratique.
En conséquence, l'affaire a été laissée à l'initiative privée et
l'établissement de la Painter's Guild est le premier résultat de
ce mouvement. Beaucoup d'artistes éminents, entre autres
MM. Holmann Hunt, E. Burne Jones, William Morris, ont
apporté leur concours à la formation de la Guild. Quant à
l'organisation à laquelle ils s'arrêteront, rien n'est encore défini-
tivement décidé, mais parmi les objets que se propose la Société,
nous pouvons mentionner l'établissement d'un laboratoire, où
les artistes pourront faire essayer leurs couleurs par un chimiste
compétent; elle s'occupera .aussi de faire importer des terres
naturelles, du dehors et surtout de l'Orient, d'en expérimenter
la solidité et de chercher les meilleurs procédés de fabrication.
— The Graphie fonde une école de gravure sur bois où l'on
ne sera admis qu'au concours et sans avoir à payer aucune ré-
tribution. Les élèves admis le seront pour cinq ans ; à partir de
la seconde année ils seront rémunérés en raison de leurs progrès
et sur le pied de 13 livres sterling (325 francs) minimum par
an, somme qui pourra être majorée jusqu'à 75 livres sterling
(1,875 francs) maximum pour la cinquième année. L'initiative
que vient de prendre le Graphie lui fait le plus grand honneur
et nous regardons comme un devoir d'annoncer que les dessins
destinés au concours d'admission à la nouvelle école doivent
être adressés « To the Manager of THE GRAPHIC, igo,
Strand, London, W. C. » A la suite de cette adresse doivent
être écrits les mots : « Drawings for Compétition », et le con-
current est tenu d'indiquer si ces dessins sont des originaux ou
des copies, et de faire connaître exactement son âge et son
adresse.
■— La National Gallery s'est augmentée de quatre tableaux
très intéressants, dont trois appartiennent à la première école
flamande; le quatrième (n° 1050) a été légué par miss Sarah
Solly, fille du défunt M. E. Solly qui a déjà précédemment légué
plusieurs tableaux à la Gallery. La nouvelle acquisition est
une Marine, par Ludolph Bakhuizen, datée 1681.
Les tableaux flamands, autrefois dans la collection Ader, ont
été légués à la Royal Academy, par la veuve de M. Joseph
Henry Green, professeur distingué d'anatomie.
Belgique. — Cette année l'Indépendance belge s'est
adressée pour le compte rendu du Salon de Paris à notre ami
et collaborateur, M. René Ménard, qui y a consacré cinq
feuilletons d'un extrême intérêt.
NECROLOGIE
— Le vétéran des peintres bavarois, M. Ernest
Wjllers, est mort à Munich au mois de mai, presque
inconnu de la génération actuelle. C'était un des derniers
et des plus fervents disciples de Cornélius.
— Le 21 mai est mort, à Dusseldorf, un artiste
de cette ville, M. Joseph Kehren, qui s'était surtout
occupé de. peinture décorative ; c'est lui qui avait été
chargé d'achever les fresques d'Alfred Rethel, à Aix-la-
Chapelle.
— Eugène Adam, le peintre de batailles bavarois, qui
était très souffrant depuis longtemps, est mort à Munich,
le 4 juin, à l'âge'de soixante-quatre ans.
— Le 5 juin est mort M. James Dafforne qui, pendant
de longues années, a été l'un des directeurs de l'Art
Journal de Londres et qui a publié d'intéressantes bio-
graphies d'artistes célèbres.
— Le 12 juin est mort à Schaerbeck-lez-Bruxelles, à
l'âge de soixante-deux ans, un paysagiste de grand mérite,
M- Edouard Huberti, qu'entouraient les plus vives, les
plus légitimes sympathies.
Le Directeur-Gérant : ETJG-ÈNE VÉRON.
L'ART.
seigne pas avec des négations ; chez nous le goût consiste bien
plus à éviter certains défauts — ou prétendus défauts — qu'à
conquérir des qualités réelles. On cherche à faire des artistes
par éliminations successives et de plus en plus rigoureuses,
jusqu'à ce qu'on ait éliminé l'homme même. Alors on a le par-
fait élève, mais du même coup l'artiste est tué.
Cela suffit, je pense, pour faire bien comprendre en quoi
nous différons de l'idée qui a présidé au choix et au classement
des chefs-d'œuvre de la peinture italienne. C'est assez dire que
si nous avions eu à faire ce choix, nous l'aurions fait tout
autrement. Mais nous aimons à rendre justice même à ceux
dont nous ne partageons pas les sentiments. Il est certain, que,
si l'on se place au point de vue des personnes qui confondent la
signification des termes classique et académique et qui sont à
genoux devant le divin Sanpo, le volume que nous avons sous
les yeux est un des meilleurs qui aient été faits dans cet esprit.
Eugène Véron.
CHRONIQUE ETRANGERE
Angleterre. — Une société vient de se former sous le nom
de the Painter's Guild (Corporation des peintres) dans le but de
surveiller la fabrication des couleurs et des autres matières
employées par les artistes, et de mettre un terme aux habi-
tudes de sophistication qui se généralisent dans cette indus-
trie. L'attention des artistes a été appelée de ce côté par l'ini-
tiative de M. Holman Hunt.
M. Hunt a fait lui-même beaucoup d'essais pour éprouver
la solidité des couleurs, et il a porté le résultat de ses recherches
à la connaissance du public dans un discours prononcé dans la
salle de la Société des Arts, le 8 juin. Le sujet a été discuté
aussi dans une réunion d'artistes et de chimistes, à la Grosvenor
Gallery, présidée par Sir Coutts Lindsay.
L'opinion générale est qu'une question d'une si grande
importance pour l'art doit attirer l'attention de la Royal Aca-
demy, mais M. Hunt affirme qu'aucune mesure sérieuse n'a été
prise par ce corps. Tout s'est borné à la désignation d'un chi-
miste, qui n'a reçu du reste aucun encouragement à poursuivre
ses recherches en vue d'un résultat pratique.
En conséquence, l'affaire a été laissée à l'initiative privée et
l'établissement de la Painter's Guild est le premier résultat de
ce mouvement. Beaucoup d'artistes éminents, entre autres
MM. Holmann Hunt, E. Burne Jones, William Morris, ont
apporté leur concours à la formation de la Guild. Quant à
l'organisation à laquelle ils s'arrêteront, rien n'est encore défini-
tivement décidé, mais parmi les objets que se propose la Société,
nous pouvons mentionner l'établissement d'un laboratoire, où
les artistes pourront faire essayer leurs couleurs par un chimiste
compétent; elle s'occupera .aussi de faire importer des terres
naturelles, du dehors et surtout de l'Orient, d'en expérimenter
la solidité et de chercher les meilleurs procédés de fabrication.
— The Graphie fonde une école de gravure sur bois où l'on
ne sera admis qu'au concours et sans avoir à payer aucune ré-
tribution. Les élèves admis le seront pour cinq ans ; à partir de
la seconde année ils seront rémunérés en raison de leurs progrès
et sur le pied de 13 livres sterling (325 francs) minimum par
an, somme qui pourra être majorée jusqu'à 75 livres sterling
(1,875 francs) maximum pour la cinquième année. L'initiative
que vient de prendre le Graphie lui fait le plus grand honneur
et nous regardons comme un devoir d'annoncer que les dessins
destinés au concours d'admission à la nouvelle école doivent
être adressés « To the Manager of THE GRAPHIC, igo,
Strand, London, W. C. » A la suite de cette adresse doivent
être écrits les mots : « Drawings for Compétition », et le con-
current est tenu d'indiquer si ces dessins sont des originaux ou
des copies, et de faire connaître exactement son âge et son
adresse.
■— La National Gallery s'est augmentée de quatre tableaux
très intéressants, dont trois appartiennent à la première école
flamande; le quatrième (n° 1050) a été légué par miss Sarah
Solly, fille du défunt M. E. Solly qui a déjà précédemment légué
plusieurs tableaux à la Gallery. La nouvelle acquisition est
une Marine, par Ludolph Bakhuizen, datée 1681.
Les tableaux flamands, autrefois dans la collection Ader, ont
été légués à la Royal Academy, par la veuve de M. Joseph
Henry Green, professeur distingué d'anatomie.
Belgique. — Cette année l'Indépendance belge s'est
adressée pour le compte rendu du Salon de Paris à notre ami
et collaborateur, M. René Ménard, qui y a consacré cinq
feuilletons d'un extrême intérêt.
NECROLOGIE
— Le vétéran des peintres bavarois, M. Ernest
Wjllers, est mort à Munich au mois de mai, presque
inconnu de la génération actuelle. C'était un des derniers
et des plus fervents disciples de Cornélius.
— Le 21 mai est mort, à Dusseldorf, un artiste
de cette ville, M. Joseph Kehren, qui s'était surtout
occupé de. peinture décorative ; c'est lui qui avait été
chargé d'achever les fresques d'Alfred Rethel, à Aix-la-
Chapelle.
— Eugène Adam, le peintre de batailles bavarois, qui
était très souffrant depuis longtemps, est mort à Munich,
le 4 juin, à l'âge'de soixante-quatre ans.
— Le 5 juin est mort M. James Dafforne qui, pendant
de longues années, a été l'un des directeurs de l'Art
Journal de Londres et qui a publié d'intéressantes bio-
graphies d'artistes célèbres.
— Le 12 juin est mort à Schaerbeck-lez-Bruxelles, à
l'âge de soixante-deux ans, un paysagiste de grand mérite,
M- Edouard Huberti, qu'entouraient les plus vives, les
plus légitimes sympathies.
Le Directeur-Gérant : ETJG-ÈNE VÉRON.