DOI Artikel:
Carr, J. Comyns: La Royal Academy et la Grosvenor Gallery, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0197
Frise tirée d'un Ovide de i 6 ? i.
LA ROYAL ACADEMY ET LA GROSVENOR GALLERY
Le critique d'art contemporain qui, tout en se drapant
dans la majesté de la règle, affecte de la légèreté dans ses
jugements est mis souvent dans la plus pitoyable situation.
Par sa profession, il appartient à l'avenir, puisqu'il prétend
rendre un verdict que la postérité seule a droit de faire
définitif ; mais le malheur de sa condition est qu'il s'ac-
quitte de sa tâche sans l'aide de cette lumière supérieure,
de cette science plus étendue, dont jouit la postérité. Les
décrets absolus, qui semblent destinés à ruiner une répu-
tation ou à arrêter le développement d'une école, sont
presque toujours rapportés, aussitôt qu'ils sont rendus.
Mis à l'écart par le jugement mieux informé d'une généra-
tion nouvelle, le critique reste comme souvenir d'une mode
passée ou d'un préjugé du goût auquel le monde est heu-
reux d'avoir pu se soustraire. Si son nom survit enfin, ce
n'est que pour être associé ridiculement à celui de l'artiste
dont il a tenté de faire condamner l'œuvre. Le critique
qui s'occupe des produits de l'art contemporain doit réelle-
ment être heureux de se soustraire à quelques-unes des
fonctions du juge. Il est entraîné, aussi bien que l'artiste,
par la force d'un courant mystérieux dont il ne peut
mesurer la puissance et auquel il serait inutile de chercher
à résister. Tous deux sont, par la pensée et le travail,
dans une relation indéfinissable avec le mouvement plus
- \ iarge des idées intellectuelles et morales, qui doit donner
ce.w.uoow-d«u. à jeur époque son caractère spécial et distinctif; et ceux-là
Sister's Kiss (Royal Academy).
Dessin de C. E. Wilson, seuls peuvent juger de la puissance de ce mouvement, qui
d'après le tableau de Sir Frederick Leiçhton, P. R. A. , , , .... , r
sont appelés a en recueillir les fruits.
Mais si le critique ne jouit pas, dans le présent, de cette vision complète, que comportent
seules des œuvres déjà parachevées, il possède, d'autre part, des privilèges d'un autre genre.
L'étude du passé ne peut jamais arriver à fournir ces distinctions de finesse exquise que nous
donne la connaissance intime des efforts de notre temps. Ce qui a été fait est mûr pour le
jugement ; ce qui est encore en train de se faire peut être apprécié par nous plus complètement
et avec plus de précision, quand nous jetons un regard en arrière vers les grandes personnalités,
Tome XXII. 22
LA ROYAL ACADEMY ET LA GROSVENOR GALLERY
Le critique d'art contemporain qui, tout en se drapant
dans la majesté de la règle, affecte de la légèreté dans ses
jugements est mis souvent dans la plus pitoyable situation.
Par sa profession, il appartient à l'avenir, puisqu'il prétend
rendre un verdict que la postérité seule a droit de faire
définitif ; mais le malheur de sa condition est qu'il s'ac-
quitte de sa tâche sans l'aide de cette lumière supérieure,
de cette science plus étendue, dont jouit la postérité. Les
décrets absolus, qui semblent destinés à ruiner une répu-
tation ou à arrêter le développement d'une école, sont
presque toujours rapportés, aussitôt qu'ils sont rendus.
Mis à l'écart par le jugement mieux informé d'une généra-
tion nouvelle, le critique reste comme souvenir d'une mode
passée ou d'un préjugé du goût auquel le monde est heu-
reux d'avoir pu se soustraire. Si son nom survit enfin, ce
n'est que pour être associé ridiculement à celui de l'artiste
dont il a tenté de faire condamner l'œuvre. Le critique
qui s'occupe des produits de l'art contemporain doit réelle-
ment être heureux de se soustraire à quelques-unes des
fonctions du juge. Il est entraîné, aussi bien que l'artiste,
par la force d'un courant mystérieux dont il ne peut
mesurer la puissance et auquel il serait inutile de chercher
à résister. Tous deux sont, par la pensée et le travail,
dans une relation indéfinissable avec le mouvement plus
- \ iarge des idées intellectuelles et morales, qui doit donner
ce.w.uoow-d«u. à jeur époque son caractère spécial et distinctif; et ceux-là
Sister's Kiss (Royal Academy).
Dessin de C. E. Wilson, seuls peuvent juger de la puissance de ce mouvement, qui
d'après le tableau de Sir Frederick Leiçhton, P. R. A. , , , .... , r
sont appelés a en recueillir les fruits.
Mais si le critique ne jouit pas, dans le présent, de cette vision complète, que comportent
seules des œuvres déjà parachevées, il possède, d'autre part, des privilèges d'un autre genre.
L'étude du passé ne peut jamais arriver à fournir ces distinctions de finesse exquise que nous
donne la connaissance intime des efforts de notre temps. Ce qui a été fait est mûr pour le
jugement ; ce qui est encore en train de se faire peut être apprécié par nous plus complètement
et avec plus de précision, quand nous jetons un regard en arrière vers les grandes personnalités,
Tome XXII. 22