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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 3)

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Brès, Louis: Exposition de la Société des Amis des Arts de Marseille
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Picard, Lucien: Les expositions de Dusseldorf
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https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0030

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20

L'ART.

hors concours pour le prix de sculpture. Ce prix a été partagé
entre MM. Lombard et Aldebert : le premier avait exposé le
portrait de Mmc A. R., médaillon en bronze largement modelé,
vrai morceau de coloriste; le second, pareillement un médaillon
en bronze, un portrait de femme au profil nerveux et fin. Je
citerai parmi les autres ouvrages de sculpture un buste de
femme en marbre par M. Pontier. le buste en plâtre de
J. B. Vanloo par M. Coquelin.

La médaille que M. Allar a exécutée pour la Société de
géographie de Marseille mérite une mention spéciale. Sur la
face, l'artiste a modelé en un relief très doux un groupe symbo-
lique dominant une nef aux courbes élégantes et portant à la
poupe les armes de Marseille. C'est Marseille elle-même sous les'
traits d'une jeune femme qui, un bras appuyé sur le globe qu'elle
mesure d'un compas, l'autre levé, désigne un point de l'horizon
à son équipage de petits génies. Je ne saurais trop louer l'arran-
gement de ces diverses figures comme aussi leur caractère fier et
gracieux. Le revers comprenant un cartouche encadré dans un
motif d'ornement, dont la tablette supporte deux petits génies se
donnant la main par-dessus le globe terrestre, est d'un faire
plus nerveux et non moins élégant. La Société de géographie de
Marseille a été bien inspirée en s'adressant à un artiste tel que
M. Allar. Sa médaille est un véritable objet d'art, rappelant ces
belles médailles florentines qui font aujourd'hui les délices des
amateurs.

L'industrie du meuble de style compte à Marseille une
maison qui peut aller de pair, pour l'intelligence et le goût, pour
la pureté et le choix des formes, avec les plus illustres maisons
parisiennes. Je veux parler de la maison Blanqui, représentée à
l'exposition de la Société des Amis des Arts par les envois de
deux de ses artistes : M. Blanqui fils qui a exposé une Chimère
destinée à la partie inférieure d'une crédence, d'une originale
conception et d'un beau caractère, et un panneau en bois
sculpté; M. Rochet, qui nous montre de délicats bas-reliefs
d'après Jean Goujon et deux frises d'amours dans le style du
xviu° siècle. Ces artistes savent tailler le bois, non seulement
selon le caractère des époques qu'ils interprètent, mais comme
il convient pour le meuble, avec de légers reliefs, une grande

sobriété de modelé. J'ai tenu à signaler ces envois, car il est
rare de trouver en province une pareille entente de la sculpture
d'ornement.

Il me reste à dire un mot des projets de monument à
M. Thiers. La commission formée à Marseille pour l'érection
d'une statue à cet illustre compatriote avait d'abord convié les
artistes de la localité à une sorte de concours. La plupart des
sculpteurs marseillais répondirent à cet appel par l'envoi de pro-
jets. Mais M. Clésinger s'étant présenté ensuite, chaudement
recommandé par Mmn Thiers, les projets furent écartés et l'exé-
cution de la statue fut confiée à cet artiste. C'est à la suite .de
cette décision que les autres concurrents ont cru devoir exposer
au Cercle artistique les projets primitivement soumis à la com-
mission.

Ces maquettes sont en somme assez médiocres. Les artistes,
comptant peu sur la statue du grand homme, se sont efforcés de
donner quelque intérêt au piédestal. Aucun n'y a réussi. Cer-
tains projets rappellent des œuvres déjà vues, d'autres des objets
mobiliers n'ayant rien de commun avec une œuvre monumen-
tale : celui-ci, une veilleuse dont la statue de M. Thiers
remplacerait le pot au lait celui-là, une pendule à colonne
veuve de son balancier.

Je ne sais ce que fera M. Clésinger, ne connaissant même
pas sa maquette. Son nom est de ceux qui doivent inspirer con-
fiance ; mais je crains bien qu'il soit difficile, même à un artiste
de cette valeur, de faire du petit bourgeois un héros de place
publique, de donner à cette figure sa véritable signification.
Peut-être eût-il mieux valu, comme firent quelquefois les
anciens, élever au grand citoyen que l'on voulait honorer un
| monument commémoratif dont le projet aurait été demandé à
1 un architecte et où le sculpteur ne serait intervenu qu'accessoi-
rement, avec un médaillon et des bas-reliefs rappelant les traits
et la carrière de M. Thiers.

Telle est cette exposition. Dans les limites restreintes que se
sont imposées ses organisateurs, elle offre, on le voit, un certain
intérêt et elle est surtout pleine de promesses pour l'avenir.

Louis Brès.

LES EXPOSITIONS DE DUSSELDORF

(Correspondance particulière de l'Art.)

Dusseldorf, 15 juin 18S0.

C'est dans le vaste et fort beau Jardin zoologique, c'est-à-dire
à une distance assez grande de la ville, qu'ont été élevées avec
beaucoup de goût et de confort les constructions provisoires
destinées à recevoir les diverses expositions organisées à
Dusseldorf.

On a tenu à ne pas rester pour le contenant au-dessous du
fort brillant exemple donné à Paris, en 1878, par la section
allemande de peinture; on y a pleinement réussi; c'est faire des
pittoresques bâtiments disséminés dans le parc zoologique, le
plus flatteur éloge.

Je ne m'arrêterai pas à l'exposition industrielle; si impor-
tante qu'elle soit, elle n'est point du ressort de cette Revue qui
a toutefois pour devoir de signaler un ensemble de progrès inté-
ressants dans les applications de l'art à l'industrie, sans qu'il s'en
dégage encore rien d'exceptionnellement saillant.

Si l'exhibition industrielle était circonscrite par le pro-
gramme aux seuls produits des Provinces Rhénanes, de la
Westphalie et des districts limitrophes, il avait au contraire été
fait appel à tous les artistes allemands et c'est bien à la qua-

trième Exposition générale de l'art national que Dusseldorf
a convié ses hôtes.

La peinture allemande avait fait si bonne figure à la der-
nière Exposition Universelle de Paris que je nourrissais le plus
sérieux espoir.

A mon très grand regret, la vérité m'oblige à confesser que
ma déception est absolue.

Je n'irai point jusqu'à imiter deux de mes vieux amis
d'Allemagne, fort bons juges, avec qui je viens de me rencontrer
à cette exposition ; je ne répéterai pas avec eux que jamais je
n'ai vu ensemble aussi faible, leur sincérité leur faisant dire que
se bercer d'illusions volontaires, c'est se montrer fort mauvais
patriote, et que pour guérir une plaie il faut avoir le courage
d'y porter résolument le fer.

Tout en tenant un compte légitime du jugement sévère de
deux connaisseurs habitués au mâle langage de la vérité, je
crois qu'en dehors de la valeur artistique de cette exposition
qu'il est difficile de trouver forte, on doit à son titre de cons-
tater qu'il annonce beaucoup plus qu'il ne tient par suite de
très nombreuses abstentions de tout premier ordre. On n'a
point le droit de se prononcer sur l'ensemble de l'art allemand
 
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