Cartouche composé
par Pineau
fils, gravé par B a b e l.
i nous tournons les yeux vers les peintres d'histoire de l'Allemagne,
nous nous retrouvons immédiatement en face de Cornélius. Aujourd'hui
l'on a abandonné sa manière et son style, en raison du caractère plus
plastique que pittoresque de ses oeuvres. Cornélius composait surtout
des reliefs, plutôt que des images; il recherchait d'abord de belles lignes;
il ne connaissait ni les raccourcis, ni la perspective de l'espace, ni les
apparences colorées des choses, ni le charme délicat de la lumière. Et
pourtant, il a complètement transformé notre peinture historique, en lui
imprimant le cachet éternel de son esprit, la largeur de ses vues, la
grandeur de sa conception de l'univers. Il fut le Schiller de la peinture,
et l'on peut dire de lui, au même titre que du grand poète : « Der-
rière lui, dans les ombres du néant, reposent les liens communs qui
nous enchaînent tous. » Son pinceau ne fut pour lui qu'un moyen d'ex-
primer ses idées religieuses et philosophiques ; il s'attachait au sens,
{0^* plutôt qu'à l'expression ; et cependant la grandeur de la forme correspond
Lettre de g. Miteiu2. bien chez lui à l'élévation de la pensée.
A dater de lui, l'art devint partie intégrante du domaine populaire
et comme un sacerdoce au service du public; il cessa de flatter les grands et les riches, pour
devenir l'ami des pauvres et des opprimés ; il leur offrit l'espérance consolatrice d'une égalité
parfaite, compensant leurs souffrances dans un monde meilleur : il leur montra en même temps
tout ce qui était noble et grand sur notre terre ; il fortifia leur conscience et éleva leur carac-
tère. Aussi Cornélius se voua-t-il exclusivement à l'art monumental, à la décoration des édifices
1. Voir l'Art, 6« année, tome III, page 79.
2. Tirée de l'Alfabeto in sogno, exemplare per disegnare, di Giuscppe Af" Mitclli, pittore Bolognese. MDCLXXX1II.
par Pineau
fils, gravé par B a b e l.
i nous tournons les yeux vers les peintres d'histoire de l'Allemagne,
nous nous retrouvons immédiatement en face de Cornélius. Aujourd'hui
l'on a abandonné sa manière et son style, en raison du caractère plus
plastique que pittoresque de ses oeuvres. Cornélius composait surtout
des reliefs, plutôt que des images; il recherchait d'abord de belles lignes;
il ne connaissait ni les raccourcis, ni la perspective de l'espace, ni les
apparences colorées des choses, ni le charme délicat de la lumière. Et
pourtant, il a complètement transformé notre peinture historique, en lui
imprimant le cachet éternel de son esprit, la largeur de ses vues, la
grandeur de sa conception de l'univers. Il fut le Schiller de la peinture,
et l'on peut dire de lui, au même titre que du grand poète : « Der-
rière lui, dans les ombres du néant, reposent les liens communs qui
nous enchaînent tous. » Son pinceau ne fut pour lui qu'un moyen d'ex-
primer ses idées religieuses et philosophiques ; il s'attachait au sens,
{0^* plutôt qu'à l'expression ; et cependant la grandeur de la forme correspond
Lettre de g. Miteiu2. bien chez lui à l'élévation de la pensée.
A dater de lui, l'art devint partie intégrante du domaine populaire
et comme un sacerdoce au service du public; il cessa de flatter les grands et les riches, pour
devenir l'ami des pauvres et des opprimés ; il leur offrit l'espérance consolatrice d'une égalité
parfaite, compensant leurs souffrances dans un monde meilleur : il leur montra en même temps
tout ce qui était noble et grand sur notre terre ; il fortifia leur conscience et éleva leur carac-
tère. Aussi Cornélius se voua-t-il exclusivement à l'art monumental, à la décoration des édifices
1. Voir l'Art, 6« année, tome III, page 79.
2. Tirée de l'Alfabeto in sogno, exemplare per disegnare, di Giuscppe Af" Mitclli, pittore Bolognese. MDCLXXX1II.