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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 3)

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Picot, Émile: L' art de la reliure
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Leroi, Paul: Thomas Couture
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https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0296

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2ÔO

L'ART.

et nous avouons que les dessins qui nous sont offerts à titre de
spe'cimens nous le font peu regretter. Nous sommes aussi forcé
de reconnaître que l'exe'cution de la plupart des planches qui
accompagnent le volume de M. Wheatley laisse beaucoup à
désirer.

A la suite de la lecture faite à la Société des Arts, on a
placé le compte rendu de la discussion à laquelle cette commu-
nication a donné lieu. Le président, M. Bullen, a réclamé une
mention pour Longepierre, dont le nom n'avait pas été cité par
M. Wheatley ; M.Wealea proclamé la supériorité des anciennes
reliures en cuir gaufré exécutées dans les Pays-Bas sur les
reliures allemandes; M. Bradshaw, bibliothécaire de Cambridge,

a présenté quelques observations très sages sur la reliure des
livres dans les collections publiques et sur la conservation des
anciennes couvertures; enfin M. B. Quaritch, le libraire bien
connu, a fait l'éloge de M. Francis Bedford, <c qu'il considère
comme le plus grand artiste relieur que l'Angleterre ou aucun
autre pays ait jamais produit ». Cette assertion nous surpren-
drait si nous ne connaissions l'immense stock qui remplit les
magasins de M. Quaritch. Sans vouloir contester aux oeuvres de
M. Bedford de sérieuses qualités, nous engageons le libraire de
Piccadilly à modérer ses éloges, que les amateurs pourraient
croire intéressés.

E. Picot.

THOMAS COUTURE

A ETIENNE ARA GO.

ermettez-moi, mon cher ami, de vous chercher noise.
Je viens de dépenser quarante sous pour voir, au

fonds l'intime sentiment de son impuissance et sa terreur de se
montrer inférieur à ses Romains. Cela crève les yeux, lorsqu'on
voit l'interminable série d'à peu près de cette exposition. »

Enfin, les yeux se dessillant tout à fait, on en arrive non

Palais de l'Industrie, l'Exposition des oeuvres de Tho- ! plus à s'occuper des qualités de l'œuvre du Luxembourg, mais

mas Couture organisée avec beaucoup de soin, de goût et de
dévouement, par M. Barbedienne à qui ce pieux souvenir à une
mémoire amie fait le plus grand honneur.

Je regrette amèrement de n'avoir pas donné ces quarante
sous à quelque malheureux, et cependant j'ai eu bonne mesure
pour mon argent : entrée et catalogue, et quel catalogue ! comme
disait feu J. J. — ou plutôt quelle préface ! Nous y reviendrons.

Il faut d'abord que je vous dise que c'est vous qui m'avez
mis de méchante humeur, et que je vous narre le pourquoi de
ma bile, car — entre nous — je vous ai bien un peu envoyé à
tous les diables pour la liberté grande que vous prenez d'avoir
autant de cœur que d'esprit, — ce qui n'est pas peu dire.

Vous oubliez que vous êtes fonctionnaire aujourd'hui et que
le Conservateur du Musée du Luxembourg doit cadenasser son
cœur, lorsqu'il s'agit des œuvres de son Musée.

Ce qui est une fois entré au Luxembourg n'est plus fait
pour en sortir, mon ami, si grand que puisse être le service que
l'on rende ou ■—■ notez bien la nuance — que l'on se figure
rendre, en prêtant l'une ou l'autre de ses toiles.

C'est là mon gros grief contre vous. Excellent comme vous
l'êtes, vous avez voulu être agréable au digne organisateur de
cette exposition caniculaire, et utile à la famille de l'artiste dont
il s'agissait de réunir autant que possible l'œuvre.

Vous n'avez absolument réussi qu'à faire le plus grand tort
au tableau du Luxembourg et à tuer net tout le reste de cette
exposition, qui n'avait pas précisément besoin d'un pavé supplé-
mentaire.

Les Romains de la Décadence, « c'était arrivé », pour une
classe très nombreuse d'amateurs qui ne jugent qu'à la surface
et ne prennent pas même la peine de chercher des termes de
comparaison. Cette peine, vous la leur avez évitée, en vous
chargeant de leur fournir un terme de comparaison décisif par
l'installation de la vaste toile du Luxembourg au Palais de
l'Industrie.

Qu'en est-il résulté ?

D'abord, chacun de se dire immédiatement en voyant l'in-
nombrable et désastreux entourage : « Couture ! mais décidé-
ment c'était un homme de fort piètre valeur, en dehors de cette
Décadence! »

Puis, un instant après : « Tout bien considéré, c'était un
homme si médiocre, tellement un peintre de décadence, qu'il a
passé sa vie à n'oser plus rien tenter de sérieux, tant étaient pro-

à y découvrir les défauts de tout genre, qui fourmillent chez
Couture et qu'il sut en partie dissimuler pour le vulgaire, moins
maladroitement que d'habitude, dans les Romains de la Déca-
dence.

Conclusion, mon cher ami : la supériorité relative du tableau
de l'État fait table rase de tout le reste, et la pauvreté de tout
le reste réagit cependant si violemment que votre tableau sort
de l'aventure avec un abaissement de ses qualités et une beau-
coup trop éclatante mise en lumière de ses défauts.

Ne laissez plus désormais dégarnir le Luxembourg ; opposez-
vous-y de toute l'autorité de votre savoir, de votre expérience
et de votre goût.

Un fin connaisseur tel que vous n'a pu douter un instant
de l'échec certain au devant duquel on courait en songeant à
replacer Couture sur son piédestal éphémère; vous êtes de ceux
qui l'en saviez depuis longtemps descendu pour n'y jamais
remonter.

Arrivons au catalogue.

En voici le titre : Catalogne des œuves de Th. Couture
exposées au Palais de l'Industrie, précédé d'un Essai sur l'ar-
tiste, par Roger Ballu '.

Cette préface-essai vous a paru raide; je n'en suis pas sur-
pris; m'est avis cependant qu'il y a lieu à plaider les circons-
tances très atténuantes.

L'auteur est un jeune homme distingué, fort aimable de sa
personne, plein de bon vouloir et vraiment bien doué ; il a de
qui tenir : fils et frère d'architectes éminents et neveu d'un des
maîtres de la sculpture française, de M. Eugène Guillaume. Son
tort est de s'être improvisé critique d'art. C'est un métier qui
ne s'improvise pas ; il y faut, pour avoir quelque valeur, beaucoup
de travail, de longues et patientes études, une grande expé-
rience, sans compter la sincère passion de l'art, léger détail qui
ne court pas encore les rues.

M. Roger Ballu a cru de la meilleure foi du monde qu'il
lui suffirait, pour en apprendre long, de s'abriter sous l'aile puis-
sante du vaste génie qui daigne faire à la Galette des Beaux-
Arts l'insigne honneur de présider à ses destinées administra-
tives, artistiques et littéraires. Une vraie Trinité, cet homme
éminent, éminentissime, veux-je dire. Mais, si triplex qu'il soit,
ce géant de la critique est tellement absorbé dans l'immensité
sans fond de ses pensées, qu'il ne lui est pas resté le temps de
savoir le français. On ne peut pas tout savoir. N'y a-t-il pas

I. Un volume in-iS de 46 pages et xxvi pages de préface. Paris, A. Quantin et O", Imprimeurs, 7, rue Saint-Benoît.
 
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