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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 3)

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Montrosier, Eugène: Art dramatique: Théatre-franҫais, Garin
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https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0105

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ART DRAMATIQUE

THÉÂTRE-FRANÇAIS, GARIN

M. Paul Delair, le jeune auteur
dont le Théâtre-Français vient de
représenter un drame en cinq actes
et en vers, a beaucoup lu et beaucoup
retenu. Les grands tragiques, Eschyle,
Shakespeare, Victor Hugo, n'ont pas
de secrets pour lui. M. Zola lui-même
a été pastiché, et certaines scènes de
ce drame sobre et puissant, Thérèse
Raquin, se retrouvent dans l'œuvre
nouvelle. Aussi la pièce de M. Delair,
Garin, pèche-t-elle par ce vice ter-
rible au théâtre, le manque d'origi-
nalité. Ce qui chez les aïeux illustres
que nous venons d'indiquer, chez
Victor Hugo et chez Zola,
l'a surtout frappé, c'est le
côté surhumain ou mysté-
rieux, c'est l'influence de la
Marie de moxtmirai l. fatalité se manifestant d'une

(Une figurante.) manière desordonnée. Mal-

Dessin de Th. Thomas.

heureusement il manque à
M. Paul Delair, dont le bonheur n'égale pas l'audace, le juste
sentiment de pondération qui équilibre les diverses parties des

œuvres des auteurs anciens, et en fait des monuments dont la
perspective des siècles n'a pu fausser les proportions et amoin-
drir l'ampleur.

Il ne suffit pas d'évoquer les ombres de Clytemnestre et
d'Egisthe, rêvant et perpétrant le meurtre d'Agamemnon pour
assouvir leur passion amoureuse; de montrer Banquo mort,
s'asseyant au banquet de Macbeth; de faire promener de nouveau
le spectre d'Hamlet sur la plate-forme du château d'Elseneur ;
de tirer de la tombe Guanhumara qui fut aimée du vieux Job
dans les Burgraves, et l'archer Otbert, fruit de leur amour,
pour donner le souffle ailé et l'émotion vibrante à une concep-
tion théâtrale. Tout cela, ce sont des redites. Nous demandons,
nous, public, et c'est un droit indéniable, que le poète nous
montre qu'il a de l'originalité, une verdeur un peu âpre que le
temps corrigera, une poétique a lui, une personnalité qui ne
soit pas un vêtement d'emprunt. Nous pourrions certes, tout
d'abord, blâmer M. Delair d'avoir précisément choisi pour son
début un sujet qui par lui-même ne peut que nous toucher
médiocrement, et dont la mise en œuvre exigerait presque du
génie. Nous avouons en toute sincérité nous soucier peu — en
tant que thème dramatique — de Philippe-Auguste et des luttes
qui traversèrent son règne. De tels événements appartiennent à
l'histoire qui, elle, ne se paye pas d'affabulations chimériques et
de fantasmagories puériles. Quand on y touche, il faut le faire

Aïscha (M"" Dudlay), 2» acte. — Dessin de Th. Thomas. Aïscha (M"> Dudlay), i"r acte. — Dessin de Th. Thomas.

avec une sûreté de main que ne possède pas encore l'auteur de ! blable à celui de Marc-Bayeux ou de Parodi, à des travaux qui

Garin. Toutes ces réserves ne veulent pas dire qu'il soit dénué s'accordent mieux à nos mœurs, à nos aspirations ? Que ne

de talent. Il en a, nous n'en doutons pas, seulement il l'emploie tente-t-il de nous peindre une de ces situations poignantes

mal. Que n'utilise-t-il ce talent un peu rugueux et assez sem- qu'offre l'époque où nous vivons? N'est-ce pas ce qu'Augier a
 
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