46 L'A
« io° Deux beaux plafonds en pierre ornés d'arabesques, très I
bien sculptés, portant chacun huit pieds de long sur quatre de
large.
« Citoyen ministre,les morceaux intéressants dont j'ai l'hon-
neur de vous entretenir m'ont paru convenir parfaitement à
l'exécution de la porte que je me propose de faire exécuter à l'en-
trée du musée donnant sur la rue des Petits-Augustins. En con-
séquence, je vous prie, citoyen ministre, de vouloir bien m'au-
toriser à contracter avec le citoyen Honoré, l'échange que j'ai
la faveur de vous proposer pour la conservation des susdits mo-
numens. Cette (sic) échange consiste en quelques débris de mar-
bre à l'usage de sa maison et le modèle en bronze d'une statue
équestre d'un prince étranger qui m'est inconnu, avec son pié-
destal en marbre blanc garni de filets de cuivre doré. Salut et
respect. L[e] N[oir]. »
A cette lettre sont jointes l'autorisation d'acquérir accordée
par le ministre de l'intérieur et.la quittance donnée par le citoyen
Honoré à Lenoir.
IV. — Génie armé de l'épée de connétable. C'est un frag-
ment des sculptures qui décoraient l'entrée du château d'Écouen
aujourd'hui démolie. Cf. la gravure publiée par Baltard, Paris
et ses monuments, Ecouen, pl. 6. Sur l'arrivée de ce monument
aux Petits-Augustins, voyez le n° III.
V. — Casque. C'est un fragment des sculptures de l'entrée
du château d'Écouen. Cf. la gravure publiée par Baltard, Paris
et ses monuments, Ecouen, pl. 10. Voyez ci-dessus, sous le n° III,
les circonstances dans lesquelles cette pièce entra aux Petits-
Augustins.
VI et VII. — Les chapiteaux, les bases et les fragments de
frise viennent d'Écouen. Cf. la gravure publiée par Baltard,
Paris et ses monuments, Écouen, pl. g. Lors des derniers travaux
d'installation définitive de l'École des beaux-arts, on a sans
doute substitué des colonnes lisses en marbre aux colonnes
cannelées en pierre qui provenaient d'Écouen. Même prove-
nance et mêmes causes de déplacement que pour le n° III.
VIII. — Fragment du tombeau de Commines ou plus exac-
tement de la chapelle que lui et sa famille possédaient aux Grands-
RT.
Augustins. On peut consulter sur ce monument, dont les débris
sont arbitrairement partagés entre le Louvre et l'École des
beaux-arts, Millin, Antiquités nationales, tome III, p. 41 et
baron de Guilhermy, Inscriptions de la France, tome I, p. 405.
Il serait bien à désirer que les fragments de la chapelle de Com-
mines, épars dans deux salles du Louvre ou exposés à toutes les
inj ures de l'air dans la cour de l'École des beaux-arts, soient enfin
rapprochés. Il en est de même d'un autre monument, qui a une
bien plus grande valeur d'art, le tombeau de Poncher et de Ro-
berte Legendre. Le fractionnement volontaire et conscient de
pareils chefs-d'œuvre ne se comprend pas. Quand sonnera l'heure
de rendre à la France un musée du Moyen âge et de la Renais-
sance digne d'elle, combien de monuments manqueront à l'ap-
pel ! Ceux qui survivent encore sont déjà en miettes, et ces miet-
tes sont dispersées de tous côtés.
IX et X. — Ces deux têtes de lions en bronze avaient été
fondues par Lenoir et employées dans la composition du Mauso-
lée de Villiers de l'Isle-Adam qu'il avait arrangé à sa façon.
Lenoir, en effet, s'est exprimé ainsi, en 1816, dans un rapport à
M. de Vaublanc, qui est en quelque sorte un catalogue annoté
des monuments de son musée : « N° 447. — De l'église du Temple
(démolie). — Mausolée et la statue en albâtre de Villiers de l'Isle-
Adam, grand maître de Malte, mort en 1534, à l'âge de 70 ans.
[En note] « La statue de Villiers de l'Isle-Adam avait été coupée
en morceaux et tellement mutilée qu'il a fallu recomposer en-
tièrement le mausolée. Le sarcophage qui porte la statue est
formé d'un bas-relief en pierre de liais représentant l'Adoration
des rois, que j'ai acheté à Anet; plus d'une suite d'émaux curieux
acquis de M. Sellier, rue de Seine ; de deux bas-reliefs venant des
Grands Augustins, et enfin d'un bouclier et de deux têtes de lions
que j'ai fait fondre en métal de cloches sur des modèles faits dans
le xve siècle. > Le monument de Villiers de l'Isle-Adam est gravé
dans la pl. 101 du Musée des monumens français.
XI. — Au-dessus d'un fragment de Gaillon, formant console,
on a placé un faisceau de colonnettes et de chapiteaux dont il
serait peut-être téméraire de préciser la provenance au milieu de
tous les fragments similaires qui sont entrés au Musée des monu-
ments français. L. C.
VANDALISME 1
VII
Nous avons reçu diverses observations relatives aux
attaques dirigées dans l'Art% par M. Paul Leroi, contre la
déplorable restauration qu'a subie le triptyque d'Hugo Van der
Goes, chef-d'œuvre appartenant à l'hôpital de Santa Maria
Nuova, à Florence. Ces observations se résument en ceci : le
conseil d'administration de l'hôpital a entre les mains une attes-
tation portant la signature d'une vingtaine d'artistes éminents
qui tous déclarent que ce massacre, qualifié par eux de restau-
ration, a été exécuté dans la perfection.
Ces artistes sont très éminents, cela ne fait pas doute, mais
fussent-ils mille fois plus éminents encore, leur autorité n'en
resterait pas moins à établir en pareille matière où leur bonne
foi n'est malheureusement égalée que par .leur absolue in-
compétence. Sans elle, hâtons-nous de le reconnaître, ils ne
seraient pas artistes, c'est-à-dire généralement d'une ignorance
remarquable pour tout ce qui en art n'est pas leurs propres
œuvres. Il en est ainsi en tous pays.
Il nous suffira de rappeler, hélas! que ce sont ces mêmes
artistes éminents ou tout au moins bon nombre d'entre eux qui
se sont aveuglément pâmés devant les exploits du vandale
Luperini et ont obtenu de la faiblesse de la direction de la
Galerie Pitti qu'on confiât à cet audacieux barbouilleur le Saint
Jean-Baptiste d'Andréa del Sarto. Après l'avoir enduit de son
infernale pommade corrosive, il l'a tant et si bien récuré qu'il
n'y reste plus trace de glacis. D'un Andréa ce charlatan a
fait la plus abominable ruine qui n'a plus du maître que le
nom.
Que messieurs les artistes fassent de bons tableaux, nous
serons heureux de saisir toutes les occasions de les louer, mais
qu'ils renoncent à prétendre se poser en experts; leur renommée
ne peut qu'y gagner.
Pour en revenir au chef-d'œuvre de Van der Goes si déplo-
rablement mis à mal, nous maintenons absolument ce qu'en a
écrit M. Paul Leroi qui n'a rien exagéré, et nous nous per-
mettons de répéter à propos de la précieuse attestation signée
par tant d'artistes éminents : « Ah! le bon billet qu'a La
Châtre! »
Nous engageons aussi ces messieurs à méditer, dans l'intérêt
1. Voir l'Art, y« année, tome I« pages 153, 154, 20J et 274; tome III, page 141, et tome IV, page 22
2. Voir l'Art, 6" année, tome I", pages 115 et 116.
« io° Deux beaux plafonds en pierre ornés d'arabesques, très I
bien sculptés, portant chacun huit pieds de long sur quatre de
large.
« Citoyen ministre,les morceaux intéressants dont j'ai l'hon-
neur de vous entretenir m'ont paru convenir parfaitement à
l'exécution de la porte que je me propose de faire exécuter à l'en-
trée du musée donnant sur la rue des Petits-Augustins. En con-
séquence, je vous prie, citoyen ministre, de vouloir bien m'au-
toriser à contracter avec le citoyen Honoré, l'échange que j'ai
la faveur de vous proposer pour la conservation des susdits mo-
numens. Cette (sic) échange consiste en quelques débris de mar-
bre à l'usage de sa maison et le modèle en bronze d'une statue
équestre d'un prince étranger qui m'est inconnu, avec son pié-
destal en marbre blanc garni de filets de cuivre doré. Salut et
respect. L[e] N[oir]. »
A cette lettre sont jointes l'autorisation d'acquérir accordée
par le ministre de l'intérieur et.la quittance donnée par le citoyen
Honoré à Lenoir.
IV. — Génie armé de l'épée de connétable. C'est un frag-
ment des sculptures qui décoraient l'entrée du château d'Écouen
aujourd'hui démolie. Cf. la gravure publiée par Baltard, Paris
et ses monuments, Ecouen, pl. 6. Sur l'arrivée de ce monument
aux Petits-Augustins, voyez le n° III.
V. — Casque. C'est un fragment des sculptures de l'entrée
du château d'Écouen. Cf. la gravure publiée par Baltard, Paris
et ses monuments, Ecouen, pl. 10. Voyez ci-dessus, sous le n° III,
les circonstances dans lesquelles cette pièce entra aux Petits-
Augustins.
VI et VII. — Les chapiteaux, les bases et les fragments de
frise viennent d'Écouen. Cf. la gravure publiée par Baltard,
Paris et ses monuments, Écouen, pl. g. Lors des derniers travaux
d'installation définitive de l'École des beaux-arts, on a sans
doute substitué des colonnes lisses en marbre aux colonnes
cannelées en pierre qui provenaient d'Écouen. Même prove-
nance et mêmes causes de déplacement que pour le n° III.
VIII. — Fragment du tombeau de Commines ou plus exac-
tement de la chapelle que lui et sa famille possédaient aux Grands-
RT.
Augustins. On peut consulter sur ce monument, dont les débris
sont arbitrairement partagés entre le Louvre et l'École des
beaux-arts, Millin, Antiquités nationales, tome III, p. 41 et
baron de Guilhermy, Inscriptions de la France, tome I, p. 405.
Il serait bien à désirer que les fragments de la chapelle de Com-
mines, épars dans deux salles du Louvre ou exposés à toutes les
inj ures de l'air dans la cour de l'École des beaux-arts, soient enfin
rapprochés. Il en est de même d'un autre monument, qui a une
bien plus grande valeur d'art, le tombeau de Poncher et de Ro-
berte Legendre. Le fractionnement volontaire et conscient de
pareils chefs-d'œuvre ne se comprend pas. Quand sonnera l'heure
de rendre à la France un musée du Moyen âge et de la Renais-
sance digne d'elle, combien de monuments manqueront à l'ap-
pel ! Ceux qui survivent encore sont déjà en miettes, et ces miet-
tes sont dispersées de tous côtés.
IX et X. — Ces deux têtes de lions en bronze avaient été
fondues par Lenoir et employées dans la composition du Mauso-
lée de Villiers de l'Isle-Adam qu'il avait arrangé à sa façon.
Lenoir, en effet, s'est exprimé ainsi, en 1816, dans un rapport à
M. de Vaublanc, qui est en quelque sorte un catalogue annoté
des monuments de son musée : « N° 447. — De l'église du Temple
(démolie). — Mausolée et la statue en albâtre de Villiers de l'Isle-
Adam, grand maître de Malte, mort en 1534, à l'âge de 70 ans.
[En note] « La statue de Villiers de l'Isle-Adam avait été coupée
en morceaux et tellement mutilée qu'il a fallu recomposer en-
tièrement le mausolée. Le sarcophage qui porte la statue est
formé d'un bas-relief en pierre de liais représentant l'Adoration
des rois, que j'ai acheté à Anet; plus d'une suite d'émaux curieux
acquis de M. Sellier, rue de Seine ; de deux bas-reliefs venant des
Grands Augustins, et enfin d'un bouclier et de deux têtes de lions
que j'ai fait fondre en métal de cloches sur des modèles faits dans
le xve siècle. > Le monument de Villiers de l'Isle-Adam est gravé
dans la pl. 101 du Musée des monumens français.
XI. — Au-dessus d'un fragment de Gaillon, formant console,
on a placé un faisceau de colonnettes et de chapiteaux dont il
serait peut-être téméraire de préciser la provenance au milieu de
tous les fragments similaires qui sont entrés au Musée des monu-
ments français. L. C.
VANDALISME 1
VII
Nous avons reçu diverses observations relatives aux
attaques dirigées dans l'Art% par M. Paul Leroi, contre la
déplorable restauration qu'a subie le triptyque d'Hugo Van der
Goes, chef-d'œuvre appartenant à l'hôpital de Santa Maria
Nuova, à Florence. Ces observations se résument en ceci : le
conseil d'administration de l'hôpital a entre les mains une attes-
tation portant la signature d'une vingtaine d'artistes éminents
qui tous déclarent que ce massacre, qualifié par eux de restau-
ration, a été exécuté dans la perfection.
Ces artistes sont très éminents, cela ne fait pas doute, mais
fussent-ils mille fois plus éminents encore, leur autorité n'en
resterait pas moins à établir en pareille matière où leur bonne
foi n'est malheureusement égalée que par .leur absolue in-
compétence. Sans elle, hâtons-nous de le reconnaître, ils ne
seraient pas artistes, c'est-à-dire généralement d'une ignorance
remarquable pour tout ce qui en art n'est pas leurs propres
œuvres. Il en est ainsi en tous pays.
Il nous suffira de rappeler, hélas! que ce sont ces mêmes
artistes éminents ou tout au moins bon nombre d'entre eux qui
se sont aveuglément pâmés devant les exploits du vandale
Luperini et ont obtenu de la faiblesse de la direction de la
Galerie Pitti qu'on confiât à cet audacieux barbouilleur le Saint
Jean-Baptiste d'Andréa del Sarto. Après l'avoir enduit de son
infernale pommade corrosive, il l'a tant et si bien récuré qu'il
n'y reste plus trace de glacis. D'un Andréa ce charlatan a
fait la plus abominable ruine qui n'a plus du maître que le
nom.
Que messieurs les artistes fassent de bons tableaux, nous
serons heureux de saisir toutes les occasions de les louer, mais
qu'ils renoncent à prétendre se poser en experts; leur renommée
ne peut qu'y gagner.
Pour en revenir au chef-d'œuvre de Van der Goes si déplo-
rablement mis à mal, nous maintenons absolument ce qu'en a
écrit M. Paul Leroi qui n'a rien exagéré, et nous nous per-
mettons de répéter à propos de la précieuse attestation signée
par tant d'artistes éminents : « Ah! le bon billet qu'a La
Châtre! »
Nous engageons aussi ces messieurs à méditer, dans l'intérêt
1. Voir l'Art, y« année, tome I« pages 153, 154, 20J et 274; tome III, page 141, et tome IV, page 22
2. Voir l'Art, 6" année, tome I", pages 115 et 116.