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Pecht, Fr.: De l'état actuel de la peinture en Allemagne, [3]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0287
Fac-similé d'osé eau-koute de Jaii
'est le grand mérite de l'art allemand, de posséder de nombreux
artistes si parfaitement naïfs. Nous ressemblons par là à l'école
anglaise, surtout à celle des Préraphaélites. Cette naïveté résulte
de la vie isolée que mènent nos peintres, même dans les grandes
villes. Elle est surtout remarquable dans notre peinture de genre,
consacrée à représenter la vie du paysan et du petit bourgeois,
du philistin. Dans cette spécialité, je crois que nous dépassons
tous les autres peuples, en vérité, en grâce, et par la malice de
nos idylles. Nos trois peintres de genre les plus célèbres
appartiennent à l'Allemagne du Sud. Ce sont : Knaus, qui a
""""Luc au xv,. siide. coiiecion Bon-aire. vécu trop longtemps à Paris et obtenu trop de distinctions au
Salon pour que j'aie à le faire connaître ; l'aquarelliste Passini,
de Vienne; et enfin, le plus jeune des trois, le Tyrolien Defregger. La vie de ce dernier
caractérise si bien la façon dont les artistes naissent chez nous, que je ne puis m'empêcher d'en
donner un aperçu rapide.
Defregger naquit en pleine montagne, tout près de la frontière italienne, à quelques lieues
de Cadore, la patrie du Titien, dans une de ces petites fermes, si nombreuses dans le Tyrol. Il
commença, comme Giotto, par le métier de berger. 11 passait son temps à couvrir de dessins au
charbon les rochers où grimpaient ses moutons, et à modeler en pâte des figures d'hommes et
d'animaux. Son père, riche paysan, finit par lui acheter un crayon, un jour qu'il se rendit à la
petite ville voisine, pour le marché aux bestiaux. En possession de, cet instrument merveilleux, il
dessina, à défaut d'autre modèle, un billet de banque, et si fidèlement, qu'un ennemi de sa
famille le dénonça, et que notre jeune artiste faillit débuter par la prison. Devenu un peu plus
âgé, les travaux des champs absorbent tout son temps. Puis, à la mort de son père, il est obligé
i. Voir l'Art, G" année, tome III, pages 79 et 22).
'est le grand mérite de l'art allemand, de posséder de nombreux
artistes si parfaitement naïfs. Nous ressemblons par là à l'école
anglaise, surtout à celle des Préraphaélites. Cette naïveté résulte
de la vie isolée que mènent nos peintres, même dans les grandes
villes. Elle est surtout remarquable dans notre peinture de genre,
consacrée à représenter la vie du paysan et du petit bourgeois,
du philistin. Dans cette spécialité, je crois que nous dépassons
tous les autres peuples, en vérité, en grâce, et par la malice de
nos idylles. Nos trois peintres de genre les plus célèbres
appartiennent à l'Allemagne du Sud. Ce sont : Knaus, qui a
""""Luc au xv,. siide. coiiecion Bon-aire. vécu trop longtemps à Paris et obtenu trop de distinctions au
Salon pour que j'aie à le faire connaître ; l'aquarelliste Passini,
de Vienne; et enfin, le plus jeune des trois, le Tyrolien Defregger. La vie de ce dernier
caractérise si bien la façon dont les artistes naissent chez nous, que je ne puis m'empêcher d'en
donner un aperçu rapide.
Defregger naquit en pleine montagne, tout près de la frontière italienne, à quelques lieues
de Cadore, la patrie du Titien, dans une de ces petites fermes, si nombreuses dans le Tyrol. Il
commença, comme Giotto, par le métier de berger. 11 passait son temps à couvrir de dessins au
charbon les rochers où grimpaient ses moutons, et à modeler en pâte des figures d'hommes et
d'animaux. Son père, riche paysan, finit par lui acheter un crayon, un jour qu'il se rendit à la
petite ville voisine, pour le marché aux bestiaux. En possession de, cet instrument merveilleux, il
dessina, à défaut d'autre modèle, un billet de banque, et si fidèlement, qu'un ennemi de sa
famille le dénonça, et que notre jeune artiste faillit débuter par la prison. Devenu un peu plus
âgé, les travaux des champs absorbent tout son temps. Puis, à la mort de son père, il est obligé
i. Voir l'Art, G" année, tome III, pages 79 et 22).