NOTRE BIBLIOTHEQU E
CXCI
Our Ancient Monuments and the Land around them, by Charles
Philip Kains-Jackson. Wilh a Préface, by Sir John Lubbock,
Bart., M. P. London : Elliot Stock, 62, Paternoster Row,
[880. In-40 à deux colonnes de 115 pages.
m John Lubbock, qui jouit de la plus le'gitime
autorité comme arche'ologue, bataille, depuis
tantôt dix ans, au Parlement pour faire adopter
The Ancient Monuments Bill dû à son intelli-
gente initiative. Ajournements sur ajournements,
obstacles sur obstacles lui ont été opposés, sa persévérance est
demeurée inébranlable.
Fort de l'appui de collègues tels que M. A. Beresford Hope,
M. Osborne Morgan et Sir Richard Wallace, l'honorable baronet
a fini par triompher à la Chambre des Communes au commen-
cement de cette année, mais son Bill vint échouer à la Chambre
des Lords, le 12 mars, devant l'inconcevable opposition du duc
de Richmond et Gordon. Leurs Seigneuries se laissèrent per-
suader que préserver de tout acte nouveau de vandalisme les
monuments préhistoriques, car le Bill ne s'applique pas à autre
chose, c'était porter atteinte à leurs droits de propriétaires
fonciers.
L'échec cette fois promet d'être bientôt réparé, et c'est
comme pièce à l'appui de la loi de son noble ami, que M. Kains-
Jackson a dressé une sorte d'inventaire descriptif des monu-
ments préhistoriques compris dans la mesure législative qui va
revenir en discussion.
Il est très certain, mais c'est chose fort peu surprenante, que
les dolmens, les menhirs, les cromlechs, etc., ont été employés
en maintes circonstances, à la construction de fermes ou de
Cottages, les agriculteurs regardant ces restes du passé comme
très encombrants pour leurs terres et n'ayant nul souci de l'in-
térêt archéologique qui s'y attache.
La préface de Sir John se termine par le tracé d'un voyage,
disons plutôt d'une excursion à la recherche des principaux
monuments préhistoriques de l'Angleterre.
« Quiconque, dit le savant écrivain, quiconque a eu la bonne
fortune de faire ce pèlerinage et de visiter quelques-uns de ces
monuments, ne saurait les voir détruire sans de profonds
regrets. » Les descriptions de M. Kains-Jackson justifient com-
plètement la passion préhistorique de Sir John Lubbock; des
illustrations en assez grand nombre, d'une exécution médiocre-
ment artistique mais suffisante pour le but poursuivi,.permettent
de se rendre bien compte de ces antiques témoignages des pre-
miers essais décoratifs du génie humain dans son enfance. Il est
douteux que l'auteur n'ait rien omis, mais tout ce qui en ce
genre est sérieusement important se trouve exposé dans son
ouvrage qui demeurera comme un excellent document à con- ! meiueur éloge qu'on puisse en faire, c'est de constater que
amateurs,—s'est considérablement augmenté et il a cru utile de
réunir leurs adresses en une sorte de Pocket-Book spécial. L'idée
est louable, mais il eût fallu la mettre à exécution d'une façon
complète et impartiale. Ce n'est pas précisément le cas. On
s'explique peu que M. Hooe ait oublié le Président de la Royal
Academy, par exemple. Sir Frederick Leighton n'est-il pas
l'auteur de VAthlète luttant contre un serpent1, un des sérieux
succès de la sculpture anglaise ?
Est-ce à titre de compensation que l'auteur s'étend com-
plaisamment sur un sculpteur de la force de Lord Ronald
Gower ?
Il en est de même pour pas mal d'autres médiocrités, mais
aux noms de M. Jules Dalou, de M. Morel-Ladeuil, de
M. T. N. Maclean, de M. Thornycroft, etc., pas une syllabe,
pas la moindre mention d'aucune de leurs œuvres. Pour M. Belt,
le jeune sculpteur du monument récemment élevé dans Hyde
Park à la mémoire de Lord Byron, il y avait de très intéres-
sants détails à donner. M. Hooe a trouvé plus commode de
s'abstenir. Ne savait-il pas que M. Belt, fils d'un forgeron sans
l'ombre de fortune, se trouvait entraîné vers la sculpture par
une vocation irrésistible qui serait forcément demeurée contra-
riée sans la munificence de M. Nicol, le tailleur de Regent Street
qui mit quatre mille livres (cent mille francs) à la disposition
du jeune sculpteur, à peine aujourd'hui âgé de vingt-trois ans ?
C'est à croire que ce brave M. Hooe n'a jamais mis les
pieds aux expositions de la Royal Academy ou de la Grosvenor
Gallery, ou môme consulté leurs catalogues. Aussi en est-il
encore à ignorer que le duc de Westminster est l'heureux
possesseur de cette Berceuse de M. Jules Dalou, qui produisit
une si vive sensation lorsqu'elle fut exposée à Burlington
House 2.
Les vingt-sept pages de M. William Hooe coûtent la baga-
telle d'une demi-couronne (3 fr. 15 centimes) ; ce n'est pas donné ;
pour justifier pareil prix il faudra que l'édition soit revue,
corrigée et augmentée.
John Dubouloz.
CXCI1I
The Antiquary : a Magasine devoted to the Study of the Past.
Edited by Edward Walford, M. A. Formerly Scholar of
Balliol Collège Oxford, and late Editor of the « Gentleman's
Magasine », Author of the « County Familles », etc., etc.
Volume I. January-June. London : Elliot Stock, 62, Pater-
noster Row. New-York : J. W. Bouton. 1880.
C'est le premier volume du nouveau Magasine entrepris
par l'ancien rédacteur en chef du Gentleman's Magasine, et le
sulter.
Henri Perrier.
CXCII
Sculptors of the Day ; a List of the Profession in i8So. Edited
by William Hooe. London : William Poole, 12 A, Pater-
noster Row. 1880. In-18 de 27 pages.
L'auteur s'est aperçu que le nombre de personnes qui
M. Edward Walford se montre digne de sa passion pour
l'étude du passé, et de l'épigraphe qu'il a empruntée à Shakes-
peare :
« Instructed by the Antiquary times,
« He mUSt, lie is, lie cannot but be wise. »
The Antiquary, qui est édité avec beaucoup de soins par la
maison Elliot Stock, est imprimé sur deux colonnes; si les
illustrations y sont clairsemées, le texte y est d'une extrême
variété et d'un intérêt soutenu.
s'occupent de sculpture dans les Trois Royaumes, — artistes et | Dans une courte préface, M. Walford rappelle les diverses
1. Voir l'Art, y- année, tome II, page 242
2. Voir l'Art, 2» année, tome II, page 39.
CXCI
Our Ancient Monuments and the Land around them, by Charles
Philip Kains-Jackson. Wilh a Préface, by Sir John Lubbock,
Bart., M. P. London : Elliot Stock, 62, Paternoster Row,
[880. In-40 à deux colonnes de 115 pages.
m John Lubbock, qui jouit de la plus le'gitime
autorité comme arche'ologue, bataille, depuis
tantôt dix ans, au Parlement pour faire adopter
The Ancient Monuments Bill dû à son intelli-
gente initiative. Ajournements sur ajournements,
obstacles sur obstacles lui ont été opposés, sa persévérance est
demeurée inébranlable.
Fort de l'appui de collègues tels que M. A. Beresford Hope,
M. Osborne Morgan et Sir Richard Wallace, l'honorable baronet
a fini par triompher à la Chambre des Communes au commen-
cement de cette année, mais son Bill vint échouer à la Chambre
des Lords, le 12 mars, devant l'inconcevable opposition du duc
de Richmond et Gordon. Leurs Seigneuries se laissèrent per-
suader que préserver de tout acte nouveau de vandalisme les
monuments préhistoriques, car le Bill ne s'applique pas à autre
chose, c'était porter atteinte à leurs droits de propriétaires
fonciers.
L'échec cette fois promet d'être bientôt réparé, et c'est
comme pièce à l'appui de la loi de son noble ami, que M. Kains-
Jackson a dressé une sorte d'inventaire descriptif des monu-
ments préhistoriques compris dans la mesure législative qui va
revenir en discussion.
Il est très certain, mais c'est chose fort peu surprenante, que
les dolmens, les menhirs, les cromlechs, etc., ont été employés
en maintes circonstances, à la construction de fermes ou de
Cottages, les agriculteurs regardant ces restes du passé comme
très encombrants pour leurs terres et n'ayant nul souci de l'in-
térêt archéologique qui s'y attache.
La préface de Sir John se termine par le tracé d'un voyage,
disons plutôt d'une excursion à la recherche des principaux
monuments préhistoriques de l'Angleterre.
« Quiconque, dit le savant écrivain, quiconque a eu la bonne
fortune de faire ce pèlerinage et de visiter quelques-uns de ces
monuments, ne saurait les voir détruire sans de profonds
regrets. » Les descriptions de M. Kains-Jackson justifient com-
plètement la passion préhistorique de Sir John Lubbock; des
illustrations en assez grand nombre, d'une exécution médiocre-
ment artistique mais suffisante pour le but poursuivi,.permettent
de se rendre bien compte de ces antiques témoignages des pre-
miers essais décoratifs du génie humain dans son enfance. Il est
douteux que l'auteur n'ait rien omis, mais tout ce qui en ce
genre est sérieusement important se trouve exposé dans son
ouvrage qui demeurera comme un excellent document à con- ! meiueur éloge qu'on puisse en faire, c'est de constater que
amateurs,—s'est considérablement augmenté et il a cru utile de
réunir leurs adresses en une sorte de Pocket-Book spécial. L'idée
est louable, mais il eût fallu la mettre à exécution d'une façon
complète et impartiale. Ce n'est pas précisément le cas. On
s'explique peu que M. Hooe ait oublié le Président de la Royal
Academy, par exemple. Sir Frederick Leighton n'est-il pas
l'auteur de VAthlète luttant contre un serpent1, un des sérieux
succès de la sculpture anglaise ?
Est-ce à titre de compensation que l'auteur s'étend com-
plaisamment sur un sculpteur de la force de Lord Ronald
Gower ?
Il en est de même pour pas mal d'autres médiocrités, mais
aux noms de M. Jules Dalou, de M. Morel-Ladeuil, de
M. T. N. Maclean, de M. Thornycroft, etc., pas une syllabe,
pas la moindre mention d'aucune de leurs œuvres. Pour M. Belt,
le jeune sculpteur du monument récemment élevé dans Hyde
Park à la mémoire de Lord Byron, il y avait de très intéres-
sants détails à donner. M. Hooe a trouvé plus commode de
s'abstenir. Ne savait-il pas que M. Belt, fils d'un forgeron sans
l'ombre de fortune, se trouvait entraîné vers la sculpture par
une vocation irrésistible qui serait forcément demeurée contra-
riée sans la munificence de M. Nicol, le tailleur de Regent Street
qui mit quatre mille livres (cent mille francs) à la disposition
du jeune sculpteur, à peine aujourd'hui âgé de vingt-trois ans ?
C'est à croire que ce brave M. Hooe n'a jamais mis les
pieds aux expositions de la Royal Academy ou de la Grosvenor
Gallery, ou môme consulté leurs catalogues. Aussi en est-il
encore à ignorer que le duc de Westminster est l'heureux
possesseur de cette Berceuse de M. Jules Dalou, qui produisit
une si vive sensation lorsqu'elle fut exposée à Burlington
House 2.
Les vingt-sept pages de M. William Hooe coûtent la baga-
telle d'une demi-couronne (3 fr. 15 centimes) ; ce n'est pas donné ;
pour justifier pareil prix il faudra que l'édition soit revue,
corrigée et augmentée.
John Dubouloz.
CXCI1I
The Antiquary : a Magasine devoted to the Study of the Past.
Edited by Edward Walford, M. A. Formerly Scholar of
Balliol Collège Oxford, and late Editor of the « Gentleman's
Magasine », Author of the « County Familles », etc., etc.
Volume I. January-June. London : Elliot Stock, 62, Pater-
noster Row. New-York : J. W. Bouton. 1880.
C'est le premier volume du nouveau Magasine entrepris
par l'ancien rédacteur en chef du Gentleman's Magasine, et le
sulter.
Henri Perrier.
CXCII
Sculptors of the Day ; a List of the Profession in i8So. Edited
by William Hooe. London : William Poole, 12 A, Pater-
noster Row. 1880. In-18 de 27 pages.
L'auteur s'est aperçu que le nombre de personnes qui
M. Edward Walford se montre digne de sa passion pour
l'étude du passé, et de l'épigraphe qu'il a empruntée à Shakes-
peare :
« Instructed by the Antiquary times,
« He mUSt, lie is, lie cannot but be wise. »
The Antiquary, qui est édité avec beaucoup de soins par la
maison Elliot Stock, est imprimé sur deux colonnes; si les
illustrations y sont clairsemées, le texte y est d'une extrême
variété et d'un intérêt soutenu.
s'occupent de sculpture dans les Trois Royaumes, — artistes et | Dans une courte préface, M. Walford rappelle les diverses
1. Voir l'Art, y- année, tome II, page 242
2. Voir l'Art, 2» année, tome II, page 39.