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HISTOIRE ARTISTIQUE DU MÉTAL. 309
sculptée de manière à imiter la chevelure : il avait également une
cuirasse compose'e de plaques d'or.
Parmi les objets placés dans ce tombeau, il y avait deux
sceptres dont M. Schlieman donne la description suivante. « La
tige d'argent de ces sceptres a été plaquée d'or, comme on peut
le voir sur la partie qui s'enfonce dans les pommeaux de cristal
de roche tournés avec tant d'élégance. La boule de cristal est
faits de pierre dure ou d'émaux, ils ont une puissance de fixité et
d'attraction aussi conforme à la vie supérieure, qui est celle de
l'art, qu'éloignée de la réalité vulgaire. Rien ne ressemble moins
aux yeux que pourraient fabriquer nos naturalistes. La bouche,
elle, présente d'ordinaire un travail particulier, dans ce sens que
le cartilage qui borde les lèvres est accusé par un sillon très pro-
noncé faisant de la partie qui est rouge dans la nature une sorte
ornée de sillons verticaux et percée dans toute sa longueur. » Il de cloison dans laquelle on croit quelquefois apercevoir des restes
est fâcheux qu'Homère, en nous faisant savoir que le sceptre de couleur. » A l'appui de ce qu'on vient de dire, il est bon de
d'Agamemnon a été fabriqué par Vulcain, ne nous ait donné I rappeler que les fameuses danseuses qui décoraient le théâtre
aucun détail sur sa forme : il eût été curieux de comparer la J d'Herculanum ont les yeux en émail. Dans une jolie statue
description du poète avec la trouvaille de l'archéologue. | d'Apollon, en bronze, qui fait partie des collections du Louvre,
Aucune des pièces découvertes dans les tombeaux de j les yeux étaient en argent. Une foule de bustes en bronze n'ont
Mycènes ne nous autorise à penser que le fameux bouclier j plus aujourd'hui que des trous à la place des yeux, qui étaient
d'Achille, dans l'Iliade, soit autre chose qu'une œuvre de pure
imagination. D'après les indications du poète, on aurait vu sur
ce bouclier la représentation des astres, celle de la terre et de la
mer, les luttes sanglantes de la guerre, les travaux des champs,
1 image des villes et celle des campagnes, avec les peuples qui
rapportés et faits avec différentes matières.
Les statues en bronze étaient beaucoup plus communes
dans l'antiquité que les statues en marbre, mais elles ont été
presque toutes fondues, pour utiliser le métal dont elles étaient
formées. Les grandes statues étaient placées dans les temples et
les habitent, les troupeaux au pâturage, etc. Une pareille compli- j décoraient les édifices. L'usage des bustes n'est devenu fréquent
cation de sujets, difficile dans tous les temps, à cause de la con-
fusion qu'elle aurait présentée, est inadmissible sous le rapport
technique, à l'époque où ont été exécutées les pièces d'orfèvrerie
découvertes à Mycènes. Mais si la description d'Homère ne nous
semble pas pratique sous le rapport de la disposition de l'ensemble
qu'après la conquête de la Grèce par les Romains. Les bustes de
philosophes dont la série est assez nombreuse se plaçaient soit
dans les bibliothèques attachées aux gymnases et aux temples,
soit dans celles que les particuliers avaient toujours chez eux.
Quelques-uns de ces bustes sont superbes, mais ils ne présentent
et de l'agencement multiple des scènes à représenter, elle ne j pas tous des garanties bien complètes de ressemblance, parce que
nous fournit pas moins un document très curieux pour la partie la plupart ont été exécutés longtemps après la mort du person-
technique du travail des métaux. Nous y voyons l'emploi nage qu'ils représentent. Quant aux statuettes, il est probable
simultané de l'or, de l'argent, du cuivre, du fer et de l'étain, et qu'on les employait surtout à la décoration des appartements, à
la connaissance des procédés de la soudure, de la gravure et de peu près comme nous le faisons aujourd'hui. On en a retrouvé
la ciselure. On y voit même qu'à cette époque on savait, au un grand nombre dans les maisons de Pompei et d'Herculanum.
moyen de certains alliages, modifier la couleur apparente des j Les fouilles exécutées dans ces dernières années par M. Fiorelli
métaux. De même, dans la description du bouclier d'Hercule, par I ont encore mis au jour quelques statuettes ravissantes, entre
autres celle que l'on désigne sous le nom de Narcisse.
Les armes, les boucliers, et maints objets en bronze étaient
d'abord travaillés au marteau et recevaient ensuite l'ornement
d'un dessin en or : les ornements d'argent étaient, en général,
ceux qu'on préférait pour les chars. Pour les petits objets porta-
tifs, tels que les vases ou les candélabres, on employait souvent
plusieurs métaux dont la teinte faisait contraste. Mais le bronze est
de beaucoup le métal qui était employé le plus fréquemment pour
Hésiode, on trouve une cuirasse en or de diverses teintes, des
jambières en cuivre jaune, etc. Si le poète a donné libre cours à
son imagination, lorsqu'il décrit les scènes représentées, il doit
certainement être cru sur parole, lorsqu'il parle de certains effets
métallurgiques, qu'il n'a pas pu inventer, et qui indiquent une
industrie déjà maîtresse de ses procédés.
Les instruments qu'on employait au temps d'Homère pour
travailler les métaux ne paraissent pas très nombreux, ni très
compliqués. Vulcain avait dans ses forges un marteau, une en- j la confection du mobilier. Les trépieds, notamment, sont presque
clume et des tenailles. C'est avec cela que ses ouvriers façonnaient i toujours en bronze ; on sait que les trépieds servaient aux cerc-
le métal après l'avoir allié et fondu d'une manière convenable. monies sacrées dans les temples. Mais leur usage était aussi très
Les soufflets de la forge de Vulcain, si nous en croyons les sco- répandu chez les particuliers, où ils faisaient en quelque sorte
liastes, n'avaient qu'une seule ouverture pour aspirer et pour \ l'office de nos fourneaux. Quelques-uns sont décorés avec la plus
exprimer l'air, en sorte qu'il y avait forcément interruption dans j grande recherche.
le souffle. On conçoit dès lors qu'il y ait eu dans la forge de Vulcain i Les premiers candélabres n'étaient pas autre chose que la
vingt soufflets agissant alternativement; c'était sans doute pour I tige d'une plante ou d'un roseau, qu'on entrait dans la terre et
établir un courant d'air continu. Le métal se fondait dans des creu- en haut de laquelle on mettait un plateau pour y poser une
sets, et était ensuite travaillé au marteau et ciselé dans certaines lampe. On fit plus tard de ces tiges des imitations en métal, dans
parties. Pendant toute l'antiquité l'art du statuaire a été absolu- lesquelles le plateau prit bientôt la forme d'une fleur ou d'un vase,
ment confondu avec l'industrie du fondeur : chaque artiste pra- tandis que la base fut formée de pieds d'animaux et plus spécia-
tiquait lui-même toutes les parties techniques de ses ouvrages. lement des griffes d'un lion. La plupart des tiges des candé-
L'industrie de la fonte fleurit d'abord dans l'île d'Egine, labres sont de longues colonnettes cannelées ; quelques-unes peur-
ensuite dans l'île de Délos. Corinthe eut pendant plusieurs i tant appartiennent au style rustique et affectent d'imiter un
siècles la réputation de fournir les plus beaux bronzes, mais cette ■ tronc d'arbre ou un roseau, mais celles-ci ne sont pas pour cela
réputation déchut et s'éteignit même complètement plus tard. J d'une date plus ancienne, seulement elles montrent une fois de
Le bronze corinthien était de plusieurs couleurs et les différentes
parties de la statue présentaient elles-mêmes des nuances diffé-
rentes. L'étain, le zinc et le plomb constituaient avec le cuivre
les alliages les plus ordinaires, mais dans des proportions très
variables. Le fer a été très rarement employé pour la statuaire :
quant au plomb, on s'en servait surtout pour des amulettes, des
cachets ou autres petits objets du même genre.
« Dans les statues comme dans les bustes en bronze, dit
M. Guillaume, les yeux sont souvent rapportés. Ces yeux rendent
plus le penchant qu'avaient les anciens à revenir aux formes
primitives. Pour décorer les candélabres, on employait généra-
lement des feuillages rameux ou des arabesques de différentes
couleurs, résultant de l'emploi accessoire des métaux dont la
teinte contraste avec celle du fond. La plupart des candélabres
sont en bronze, et paraissent être sortis du moule entièrement
terminés, car s'il en était autrement, on verrait la trace du burin.
La damasquinure s'exécutait en creusant le métal principal, d
sorte que les côtés du creux soient en biais et qu'il aille en
e
le regard bien mieux qu'ils ne représentent l'organe lui-même ; s'élargissant vers le fond comme une espèce de mortaise. Quand
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sculptée de manière à imiter la chevelure : il avait également une
cuirasse compose'e de plaques d'or.
Parmi les objets placés dans ce tombeau, il y avait deux
sceptres dont M. Schlieman donne la description suivante. « La
tige d'argent de ces sceptres a été plaquée d'or, comme on peut
le voir sur la partie qui s'enfonce dans les pommeaux de cristal
de roche tournés avec tant d'élégance. La boule de cristal est
faits de pierre dure ou d'émaux, ils ont une puissance de fixité et
d'attraction aussi conforme à la vie supérieure, qui est celle de
l'art, qu'éloignée de la réalité vulgaire. Rien ne ressemble moins
aux yeux que pourraient fabriquer nos naturalistes. La bouche,
elle, présente d'ordinaire un travail particulier, dans ce sens que
le cartilage qui borde les lèvres est accusé par un sillon très pro-
noncé faisant de la partie qui est rouge dans la nature une sorte
ornée de sillons verticaux et percée dans toute sa longueur. » Il de cloison dans laquelle on croit quelquefois apercevoir des restes
est fâcheux qu'Homère, en nous faisant savoir que le sceptre de couleur. » A l'appui de ce qu'on vient de dire, il est bon de
d'Agamemnon a été fabriqué par Vulcain, ne nous ait donné I rappeler que les fameuses danseuses qui décoraient le théâtre
aucun détail sur sa forme : il eût été curieux de comparer la J d'Herculanum ont les yeux en émail. Dans une jolie statue
description du poète avec la trouvaille de l'archéologue. | d'Apollon, en bronze, qui fait partie des collections du Louvre,
Aucune des pièces découvertes dans les tombeaux de j les yeux étaient en argent. Une foule de bustes en bronze n'ont
Mycènes ne nous autorise à penser que le fameux bouclier j plus aujourd'hui que des trous à la place des yeux, qui étaient
d'Achille, dans l'Iliade, soit autre chose qu'une œuvre de pure
imagination. D'après les indications du poète, on aurait vu sur
ce bouclier la représentation des astres, celle de la terre et de la
mer, les luttes sanglantes de la guerre, les travaux des champs,
1 image des villes et celle des campagnes, avec les peuples qui
rapportés et faits avec différentes matières.
Les statues en bronze étaient beaucoup plus communes
dans l'antiquité que les statues en marbre, mais elles ont été
presque toutes fondues, pour utiliser le métal dont elles étaient
formées. Les grandes statues étaient placées dans les temples et
les habitent, les troupeaux au pâturage, etc. Une pareille compli- j décoraient les édifices. L'usage des bustes n'est devenu fréquent
cation de sujets, difficile dans tous les temps, à cause de la con-
fusion qu'elle aurait présentée, est inadmissible sous le rapport
technique, à l'époque où ont été exécutées les pièces d'orfèvrerie
découvertes à Mycènes. Mais si la description d'Homère ne nous
semble pas pratique sous le rapport de la disposition de l'ensemble
qu'après la conquête de la Grèce par les Romains. Les bustes de
philosophes dont la série est assez nombreuse se plaçaient soit
dans les bibliothèques attachées aux gymnases et aux temples,
soit dans celles que les particuliers avaient toujours chez eux.
Quelques-uns de ces bustes sont superbes, mais ils ne présentent
et de l'agencement multiple des scènes à représenter, elle ne j pas tous des garanties bien complètes de ressemblance, parce que
nous fournit pas moins un document très curieux pour la partie la plupart ont été exécutés longtemps après la mort du person-
technique du travail des métaux. Nous y voyons l'emploi nage qu'ils représentent. Quant aux statuettes, il est probable
simultané de l'or, de l'argent, du cuivre, du fer et de l'étain, et qu'on les employait surtout à la décoration des appartements, à
la connaissance des procédés de la soudure, de la gravure et de peu près comme nous le faisons aujourd'hui. On en a retrouvé
la ciselure. On y voit même qu'à cette époque on savait, au un grand nombre dans les maisons de Pompei et d'Herculanum.
moyen de certains alliages, modifier la couleur apparente des j Les fouilles exécutées dans ces dernières années par M. Fiorelli
métaux. De même, dans la description du bouclier d'Hercule, par I ont encore mis au jour quelques statuettes ravissantes, entre
autres celle que l'on désigne sous le nom de Narcisse.
Les armes, les boucliers, et maints objets en bronze étaient
d'abord travaillés au marteau et recevaient ensuite l'ornement
d'un dessin en or : les ornements d'argent étaient, en général,
ceux qu'on préférait pour les chars. Pour les petits objets porta-
tifs, tels que les vases ou les candélabres, on employait souvent
plusieurs métaux dont la teinte faisait contraste. Mais le bronze est
de beaucoup le métal qui était employé le plus fréquemment pour
Hésiode, on trouve une cuirasse en or de diverses teintes, des
jambières en cuivre jaune, etc. Si le poète a donné libre cours à
son imagination, lorsqu'il décrit les scènes représentées, il doit
certainement être cru sur parole, lorsqu'il parle de certains effets
métallurgiques, qu'il n'a pas pu inventer, et qui indiquent une
industrie déjà maîtresse de ses procédés.
Les instruments qu'on employait au temps d'Homère pour
travailler les métaux ne paraissent pas très nombreux, ni très
compliqués. Vulcain avait dans ses forges un marteau, une en- j la confection du mobilier. Les trépieds, notamment, sont presque
clume et des tenailles. C'est avec cela que ses ouvriers façonnaient i toujours en bronze ; on sait que les trépieds servaient aux cerc-
le métal après l'avoir allié et fondu d'une manière convenable. monies sacrées dans les temples. Mais leur usage était aussi très
Les soufflets de la forge de Vulcain, si nous en croyons les sco- répandu chez les particuliers, où ils faisaient en quelque sorte
liastes, n'avaient qu'une seule ouverture pour aspirer et pour \ l'office de nos fourneaux. Quelques-uns sont décorés avec la plus
exprimer l'air, en sorte qu'il y avait forcément interruption dans j grande recherche.
le souffle. On conçoit dès lors qu'il y ait eu dans la forge de Vulcain i Les premiers candélabres n'étaient pas autre chose que la
vingt soufflets agissant alternativement; c'était sans doute pour I tige d'une plante ou d'un roseau, qu'on entrait dans la terre et
établir un courant d'air continu. Le métal se fondait dans des creu- en haut de laquelle on mettait un plateau pour y poser une
sets, et était ensuite travaillé au marteau et ciselé dans certaines lampe. On fit plus tard de ces tiges des imitations en métal, dans
parties. Pendant toute l'antiquité l'art du statuaire a été absolu- lesquelles le plateau prit bientôt la forme d'une fleur ou d'un vase,
ment confondu avec l'industrie du fondeur : chaque artiste pra- tandis que la base fut formée de pieds d'animaux et plus spécia-
tiquait lui-même toutes les parties techniques de ses ouvrages. lement des griffes d'un lion. La plupart des tiges des candé-
L'industrie de la fonte fleurit d'abord dans l'île d'Egine, labres sont de longues colonnettes cannelées ; quelques-unes peur-
ensuite dans l'île de Délos. Corinthe eut pendant plusieurs i tant appartiennent au style rustique et affectent d'imiter un
siècles la réputation de fournir les plus beaux bronzes, mais cette ■ tronc d'arbre ou un roseau, mais celles-ci ne sont pas pour cela
réputation déchut et s'éteignit même complètement plus tard. J d'une date plus ancienne, seulement elles montrent une fois de
Le bronze corinthien était de plusieurs couleurs et les différentes
parties de la statue présentaient elles-mêmes des nuances diffé-
rentes. L'étain, le zinc et le plomb constituaient avec le cuivre
les alliages les plus ordinaires, mais dans des proportions très
variables. Le fer a été très rarement employé pour la statuaire :
quant au plomb, on s'en servait surtout pour des amulettes, des
cachets ou autres petits objets du même genre.
« Dans les statues comme dans les bustes en bronze, dit
M. Guillaume, les yeux sont souvent rapportés. Ces yeux rendent
plus le penchant qu'avaient les anciens à revenir aux formes
primitives. Pour décorer les candélabres, on employait généra-
lement des feuillages rameux ou des arabesques de différentes
couleurs, résultant de l'emploi accessoire des métaux dont la
teinte contraste avec celle du fond. La plupart des candélabres
sont en bronze, et paraissent être sortis du moule entièrement
terminés, car s'il en était autrement, on verrait la trace du burin.
La damasquinure s'exécutait en creusant le métal principal, d
sorte que les côtés du creux soient en biais et qu'il aille en
e
le regard bien mieux qu'ils ne représentent l'organe lui-même ; s'élargissant vers le fond comme une espèce de mortaise. Quand