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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 3)

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Giraud, Jean Baptiste: Musée des religions
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https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0182

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156 L'ART.

contemporaine, et l'on ne peut s'en plaindre en présence des productions admirables des céramistes
de Kiomidzou.

Le musée Guimet comprend trois grandes divisions : le musée religieux, le musée céramique
chinois et japonais, et la bibliothèque ; cette dernière est comme le corollaire obligé du premier,
ils se complètent l'un par l'autre. Elle comprend des ouvrages sanscrits, tamouls, cyngalais,
thibétains, . siamois, chinois, japonais et européens qui traitent des questions religieuses, des
grammaires et des dictionnaires des langues orientales, des idiomes de l'Inde, ainsi que des
langues anciennes de l'Égypte, de la Grèce, de Rome et de la Phénicie. Tous ces ouvrages sont
à la disposition des travailleurs ; pour les autres, il y a les tableaux pris sur nature au Japon,
en Chine, dans l'Inde par un artiste de talent attaché à la mission de 1876. Les souvenirs de
l'extrême Orient, dus au pinceau de F. Régamey, sont un très bel exemple de ce que peut l'art
mis au service de la science.

Avec l'ouverture du musée a coïncidé la publication des Annales du musée Guimet et de la

Revue de l'histoire des religions ; cette division en est à son troisième
fascicule Sous la direction de M. Maurice Vernes et avec le
concours des savants illustres de France et de l'étranger, elle publie
les découvertes de la nouvelle science : l'Egypte avec M. Maspero,

l'Inde avec M. Max Muller, la Chine..... Mais en voilà assez sur

Isis et Osiris, sur Wishnou et ses neuf incarnations, sur Daïniti-
Niouraï et ses émanations principales et secondaires, notre esprit se
perd, notre intelligence s'obscurcit dans ce dédale immense où les
générations qui nous ont précédés ont cherché la lumière. Le vrai
Dieu est partout, et cette confusion des peuples et des consciences
nous remet en mémoire cette page du plus grand génie du
xviii0 siècle : « C'est à toi que je m'adresse, Dieu de tous les êtres,
de tous les mondes et de tous les temps ; s'il est permis à de faibles
créatures perdues dans l'immensité et imperceptibles au reste de

l'univers d'oser te demander quelque chose..... daigne regarder en

pitié les erreurs attachées à notre nature..... fais que toutes ces

petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne
soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui

Prêtre P.arsi en prière. 1( , 1 1 • • v , m m .

allument des cierffes en plein midi pour te célébrer supportent ceux

(Bombay). — Dessin de F. Régamey. or r

qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent
leurs robes d'une toile blanche pour dire qu'il faut t'aimer ne détestent pas ceux qui disent la
même chose sous un manteau de laine noire ; qu'il soit égal de t'adorer d'un jargon formé d'une
ancienne langue ou d'un jargon plus nouveau ; que ceux dont l'habit est teint en rouge ou en
violet, qui dominent sur une petite parcelle d'un petit tas de la boue de ce monde et qui
possèdent quelques fragments arrondis d'un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu'ils
appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie ; car tu sais qu'il n'y a
dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s'enorgueillir. Puissent tous les hommes se souvenir

qu'ils sont frères, qu'ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes..... Si les fléaux de la

guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le
sein de la paix, et employons l'instant de notre existence à bénir également en mille langages
divers, depuis Siam jusqu'à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant. »

J. B. Giraud,

Conservateur des Musées lyonnais du Moyen-Age
et de la Renaissance.

1. Revue de l'histoire des religions, publiée sous la direction de M. Maurice Vernes. Paris, Ernest Leroux.
 
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