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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 3)

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Soldi, Émile: Les arts de l'Amérique d'après "Pérou et Bolivie" par Charles Wiener, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0246

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2io

L'ART.

pensons qu'il faut s'abstenir jusqu'à nouvel ordre de toutes les
hypothèses qui peuvent venir à l'esprit.

La science des deux mondes, depuis un demi-siècle, a accu-
mulé un nombre incroyable d'ouvrages sur ce sujet, sans aboutir
à autre chose qu'à augmenter la confusion; et comme nous
trouvons dans l'art américain, aussi bien dans la branche des
mayas que dans celle des noyas, tous les signes d'un dévelop-
pement lent et difficile, nous estimons que, comme l'a très bien
dit un naturaliste : « Là où l'arbre pousse, quand on ne peut
montrer qu'on l'y a transplanté tout poussé, il est plus simple de
penser qu'il y a été semé par la nature. »

Dans toutes les grandes monarchies antiques : assyrienne,
égyptienne ou mexicaine, le but de la peinture et de la sculpture

école. Certaines contrées manifestent plus particulièrement des
qualités de lignes et de dessin, et leur caractère cadre alors
d'autant mieux avec les sévérités de la sculpture; d'autres, et le
Mexique est de celles-là, étonnent plutôt l'œil par les merveilles de
la couleur. Aussi les Mexicains comme les Péruviens semblent-ils
avoir été très sensibles à l'éclat et à la couleur des minéraux de
leurs contrées, et ceux-ci sont-ils devenus les principaux élé-
ments de leur art.

ii

Tout est discutable, rien n'est établi dans les origines de la
civilisation péruvienne (aussi bien que dans celle du Mexique),
était de retracer soit la puis- En thèse générale on admet

sance royale ou celle de la -i a un degré plus ou moins

divinité, de montrer les /^S~ ~^ \ de barbarie avant

hommages, les tributs, la [fiɧ||llljSkT^^ _' » V V l'arrivée de Manco-Capac

terreur qu'elles imposaient gjBj. ' m AT' " •^OjT ) / et de Ma ma Oello, les deux

aux masses. Si on veut faire |l|fj Im^K/^vI ! f \ ^ il premiers civilisateurs. Man-

ia part dans toute représen- Ail |j| Vi | j , / ~ <rS s ( j co-Capac trouve établi le

tation artistique de la diffe- W'^^S^ é V-V1 1 Qp^~ culte du Soleil dans tous les

rence des costumes, des traits H ^Ê^/(l' ^ s~s. pays, il déclare qu'il en est

de race, on verra que près- ■ 0_\ /C^N^~W 5 "~\ l(" / le ^ Ct qu il 6St charSé

que toutes se sont arrêtées mÇ~ v— ) (^^tiÊr^W ' ) l —' -CN^ / d'instruire et de gouverner

à un même degré, à celui \ (C^Hlifj %Q) 0 V-^ v-^ / lcs hommes; enfin il fonde

de l'ordonnance claire, de \ ^Mjwf^"y" 'J. \ j la ville de Cuzco, remplaçant

la vérité naïve, de l'exprès- '^^^^^^^X*^/ ^>r^ ^ ^—' / ^CS buttcs ct ^es cavcrnes

sion simple et juste qui était \ 0^ArL> \<*A*f / disséminées dans le pays,

tout le but de l'art, et que ^----.—S -—y qui étaient jusque-là les

toutes ont atteintes à peu seules habitations des Péru-

de chose près. 3 4 viens. Tout lui est dû. Le

Prenons trois bas-re- f~ ~y~\ /" ~V chiffre des successeurs de

liefs : un monarque assyrien
en adoration devant Bel, un
égyptien devant Osiris, un
mexicain devant le soleil, et
nous les trouverons presque
dans le même mouvement,

J

(_ t __.------ S Manco-Capac, chiffre non

discuté, ne donne que douze
souverains ou Incas depuis

q \ ' ' 'y ' le réformateur jusqu'à la

conquête. La moyenne de
vingt ans seule admissible

toujours présentés de profil, j / _ _ I pour chaque règne ne donne

et les bras levés en signe l / / qu'une période de deux cent
d'adoration. Si la matière est \ O t___; ^ \ _ — / quarante ans. Plusieurs pré-
dure,— comme en Égypte, \ <^-*_ / \ - / tendent que les Péruviens

— le contour suffira à l'ex- \. J / ont pu, dans une période

pression artistique; si elle /^^ / relativement aussi courte,

est friable, — comme en ' arriver à une civilisation

Assyrie, — le détail sera Fig. :. Tête en chalch.n,te. (Musée Cristy, ù Londres.) - Fig. 2. La mSme complète. Dans ce caS) y

tète, gravée seulement à l'aide d'un roseau pris dans la partie la plus large. — Fig. ).
incisif; si elle se modèle, — La mêrne tête, gravée seulement à l'aide de la partie la plus étroite du roseau. - Fig. 4. aurait fallu que le couple
comme dans le stuc mexi- La même tête, les lignes droites obtenues avec difficulté à l'aide d'une pierre et de l'émeri. réformateur eût apporté
cain, — la forme sera douce avec lui tous les éléments et

et tiendra la moyenne. Ainsi la différence de la matière sera | les matériaux d'une civilisation avancée, que l'on n'eût plus
presque la cause principale de la beauté du bas-relief mexicain ;
le sujet et par conséquent la composition rappellent comme
toujours l'égyptien et l'assyrien. L'artiste est également arrêté
par les mêmes difficultés, les pieds dans la figure bas-relief de
face, l'œil toujours de profil; il ignore la perspective, et ne sait
pas grouper les personnages; dernier progrès dans "art que les
Grecs seuls ont su atteindre.

Nous ne devons pas chercher au Mexique le solennel

qu'à copier ou à faire progresser. Pour l'art c'est autre chose.

M. Wiener ne se prononce pas dans son livre sur ces ques-
tions. Si, malgré cet exemple de prudence, nous osions émettre
notre avis, nous pencherions cependant à croire que la civilisa-
tion donnée par Manco-Capac fut plutôt son œuvre qu'une
importation étrangère; son système de royauté divine, la légis-
lation, le culte, l'organisation de l'armée, tout est essentiellement
original et n'a de modèle nulle part ; non seulement rien ici ne
colosse du Pharaon égyptien dont la silhouette sévère, calme, ; rappelle les anciennes civilisations de l'Europe, mais aussi les
nue, se trouve si bien en harmonie avec les grandes lignes du l plus anciennes civilisations américaines, et l'industrie du pre-
désert ou du Nil. Au contraire, les accessoires, les détails j mier des Incas ne ressemble que de très loin à l'industrie des

innombrables de l'idole mexicaine s'encadrent parfaitement au
milieu de la production variée à l'infini, aux formes riches et
puissantes du pays. De là le défaut visible, palpable de cette

divers peuples voisins.

Aussi trouve-t-on une grande différence entre les deux
civilisations péruvienne et mexicaine ; la religion péruvienne

1. Manco-Capac leur commandait d'adorer comme principal dieu le Soleil, leur disant : « Qu'il y avait bien de la différence de la lumière ct de la beauté
de cet astre et l'horrible difformité u'un crapaud, d'un lézard, d'un serpent et des autres reptiles qu'ils tenaient pour dieux. » GarcilaSso, livre II, chapitre icr. « Ido-
lâtrie du second âge et son origine. » — « Eux cependant, convaincus par ce raisonnement, mais encore plus par les grands biens qu'ils avaient reçus, et désabusés
par leurs propres yeux, se résolurent enfin de n'adorer que le Soleil, sans lui donner pour compagnon ni père, ni frère. » Garcil., même chapitre.
 
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