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L'ART.
qu'il n'en restera pas là, j'engage à corriger ses incorrections
typographiques, telles que Kesington pour Kensington (page 41),
Berkley Square pour Berkeley Square (page 50). Jules Duprez
pour Jules Dupré (page 58), Tow-Hall pour Town-Hall
(page 115), New-Hollande pour New-Holland (page 119), frère
pour père (page 207), etc.
Quant à la statue de la Malibran au cimetière de Laeken,
près de Bruxelles, elle est non pas de Thénard', mais de
M. Guillaume Geefs.
Georges Ginet.
excvii
Les Annales du Théâtre cl de la Musique, par MM. Edouard
Noël et Edmond Stoullig. avec une préface de M. Henri de
Lapommeraye. Cinquième année, 187g. Paris, G. Charpentier,
éditeur, 13, rue de Grenelle-Saint-Germain, 1880. Un volume
in-iS de 642 pages.
Lorsque M. Charpentier se décida à publier ces très utiles
Annales, il s'adressa à deux écrivains fort compétents en la ma-
tière, M. Edouard Noël et M. Edmond Stoullig. qui, dès le pre-
mier volume, rencontrèrent le succès par l'extrême conscience
dont ils firent preuve. Le livre s'imposa ; chacun comprit
combien il était indispensable: on ne s'étonna que d'une chose,
c'est qu'on eût tant tardé à combler une si évidente lacune.
La publication nouvelle avait eu les honneurs du patronage
de M. Francisque Sarcey ; l'année suivante ce fut M. Victorien
Sardou qui donna aux Annales une Etude sur l'Heure du Spec-
tacle; M. Got écrivit pour 1877, une Étude sur le Théâtre en
Province; enfin le dernier volume a été précédé Du Naturalisme
au Théâtre, par M. Emile Zola. Aujourd'hui c'est M. Henri de
Lapommeraye qui prend la parole en tète de la cinquième année
des Annales, pour opposer 1779 à 1879, et le faire avec le plus
complet succès au détriment de cette dernière année dramatique.
Le regard qu'il a jeté en arrière, « nos petits neveux, dit en
terminant M. de Lapommeraye, pourront facilement l'étendre
sur l'année 1879, grâce à MM. Edouard Noël et Edmond
Stoullig. Malheureusement ils ne verront pas, en 1879, cette
animation, cette vie que nous avons pu constater en 1779 ; mais
si nous étions assez heureux pour avoir, par la comparaison,
piqué au jeu notre temps, directeurs, acteurs et écrivains, nous
n'aurions pas perdu notre peine, ni celle que les lecteurs habi-
tuels des Annales ont bien voulu prendre en suivant, durant
quelques pages, l'auteur de cette préface... dont le livre n'avait
nul besoin ».
C'est beaucoup trop de modestie, répondront les deux
auteurs, malgré le très grand mérite de leur livre, et ils auront
raison, car la préface serait excellente n'eût-elle servi qu'à nous
apprendre que si. en 1879. l'Opéra n'a su nous donner qu'un
ballet, Yedda, « l'année 1779 est au contraire une date éclatante
pour l'Académie royale de musique ». On y représenta en effet
plus de dix ouvrages nouveaux, dont l'Iphigénie en Tauride de
Gluck !
Non seulement MM. Noël et Stoullig passent complètement
en revue tous les Théâtres de Paris, petits et grands, mais ils
ont un chapitre réservé à ses Concerts, d'autres qui traitent du
Théâtre en province, du Théâtre à l'étranger, de l'Institut, du
Conservatoire de musique et de déclamation, etc.
Les Annales se terminent par la Bibliographie, la Nécrologie
et un tableau de la Critique dramatique et musicale en i8jq;
il est impossible d'être plus complet.
Adolphe Piat.
CXCVIII
L'Art et les Artistes au Salon de 1880, avec une Introduc-
tion sur les Salons depuis leur origine, par Maurice du
Seigneur. Paris, Paul Ollendorff, éditeur, 28 bis, rue de
Richelieu, 1880. Un volume ifl-18 de 2 n pages et xlvi pages
d'introduction.
L'auteur est un architecte distingué. A-t-il en lui l'étoffe
I d'un critique d'art ? Ceci est une autre question. M. du Seigneur
se présente à nous en disciple d'un maître deux fois illustre et
sous son nom de Théophile Thoré, et sous son pseudonyme de
W. Burger. Disciple, soit. Héritier littéraire, il est d'autant plus
permis d'en douter que cet héritage-là nous semble bel et bien
appartenir, sans partage, à M. Paul Mantz, en tous points digne
d'une telle succession.
L'Introduction écrite par M. Maurice du Seigneur abonde
en excellentes intentions, des intentions seulement, et aussi,
comme tout son livre, en jeux de mots que nous goûtons mé-
diocrement. Il a, sans doute, deviné que cette impression serait
générale, car il a terminé son chapitre sur l'Architecture en
plaidant en ces termes les circonstances atténuantes : « Pardon !
nous étions descendu au buffet du rez-de-chaussée, et c'est sur
une table de café, que nous avons terminé cet article. »
Ne craint-il pas qu'on lui réponde que le lieu, pas plus que
le temps, ne fait rien à l'affaire?
G. Noël.
CXCIX
Bouffé. Mes Souvenirs. 1800-1880. Préface par Ernest
Legouvé, de l'Académie française. Portraits à l'eau-forte par
MM. A. Blanchard, Deblois, Sgherper et Carred. Paris,
E. Dentu, éditeur, libraire de la Société des Gens de lettres,
Palais-Royal, 15, 17, 19, Galerie d'Orléans, 18S0. Un volume
in-18 de 404 pages.
L'auteur a demandé à M. Legouvé d'écrire une préface
pour son livre, et le sympathique académicien s'est empressé de
lui répondre :
« Vous me demandez, mon cher monsieur Bouffé, d'écrire
quelques pages en tète de vos Souve tirs. Je ne peux pas vous
refuser, je suis votre débiteur ! Vous m'avez fait passer autrefois
I tant de charmantes soirées ! Que ma vieillesse acquitte donc, si
elle le peut, la dette de ma jeunesse. »
La tout aimable préface loue sans flatterie et chacun s'asso-
ciera à ses dernières lignes : « Une fois la lecture de ces Sou-
venirs terminée, le livre posé sur la table, on résumera son
impression en disant comme moi : « Hier tout le monde admirait
Bouffe, demain tout le monde l'aimera. »
Rien de plus vrai.
Aies Souvenirs constituent une lecture très intéressante par
les anecdotes de tout genre qui y abondent, par mille renseigne-
ments utiles à l'histoire du théâtre de notre temps, mais on s'y
attache bien plus encore parce que ce livre, écrit simplement,
avec entière franchise et sincère bonhomie, nous initie à une
digne existence, nous ouvre un intérieur qui inspire le respect
et la plus cordiale sympathie.
M. Legouvé fait très justement observer que Bouffé est une
incarnation de toute une partie de Paris : « Parisien, fils de
Parisien, il nous représente toute une classe, modeste mais
très particulière, de la grande société parisienne : la petite bour-
geoisie ouvrière. Beaucoup d'acteurs éminents sont partis d'une
boutique de marchand, d'un établi d'artisan, d'une loge de
portier, d'une mansarde de domestique; mais, tout enfants de
Paris qu'ils soient, ils ne ressemblent pas à cette petite race
vaillante, laborieuse, gaie, active, probe et passionnée pour le
spectacle, qui revit tout entière dans Bouffé. »
Je suis convaincu que ce passage de la Préface est celui qui
aura été droit au cœur de Bouffé.
Vaillant, laborieux, gai, actif, probe et passionné pour le
L'ART.
qu'il n'en restera pas là, j'engage à corriger ses incorrections
typographiques, telles que Kesington pour Kensington (page 41),
Berkley Square pour Berkeley Square (page 50). Jules Duprez
pour Jules Dupré (page 58), Tow-Hall pour Town-Hall
(page 115), New-Hollande pour New-Holland (page 119), frère
pour père (page 207), etc.
Quant à la statue de la Malibran au cimetière de Laeken,
près de Bruxelles, elle est non pas de Thénard', mais de
M. Guillaume Geefs.
Georges Ginet.
excvii
Les Annales du Théâtre cl de la Musique, par MM. Edouard
Noël et Edmond Stoullig. avec une préface de M. Henri de
Lapommeraye. Cinquième année, 187g. Paris, G. Charpentier,
éditeur, 13, rue de Grenelle-Saint-Germain, 1880. Un volume
in-iS de 642 pages.
Lorsque M. Charpentier se décida à publier ces très utiles
Annales, il s'adressa à deux écrivains fort compétents en la ma-
tière, M. Edouard Noël et M. Edmond Stoullig. qui, dès le pre-
mier volume, rencontrèrent le succès par l'extrême conscience
dont ils firent preuve. Le livre s'imposa ; chacun comprit
combien il était indispensable: on ne s'étonna que d'une chose,
c'est qu'on eût tant tardé à combler une si évidente lacune.
La publication nouvelle avait eu les honneurs du patronage
de M. Francisque Sarcey ; l'année suivante ce fut M. Victorien
Sardou qui donna aux Annales une Etude sur l'Heure du Spec-
tacle; M. Got écrivit pour 1877, une Étude sur le Théâtre en
Province; enfin le dernier volume a été précédé Du Naturalisme
au Théâtre, par M. Emile Zola. Aujourd'hui c'est M. Henri de
Lapommeraye qui prend la parole en tète de la cinquième année
des Annales, pour opposer 1779 à 1879, et le faire avec le plus
complet succès au détriment de cette dernière année dramatique.
Le regard qu'il a jeté en arrière, « nos petits neveux, dit en
terminant M. de Lapommeraye, pourront facilement l'étendre
sur l'année 1879, grâce à MM. Edouard Noël et Edmond
Stoullig. Malheureusement ils ne verront pas, en 1879, cette
animation, cette vie que nous avons pu constater en 1779 ; mais
si nous étions assez heureux pour avoir, par la comparaison,
piqué au jeu notre temps, directeurs, acteurs et écrivains, nous
n'aurions pas perdu notre peine, ni celle que les lecteurs habi-
tuels des Annales ont bien voulu prendre en suivant, durant
quelques pages, l'auteur de cette préface... dont le livre n'avait
nul besoin ».
C'est beaucoup trop de modestie, répondront les deux
auteurs, malgré le très grand mérite de leur livre, et ils auront
raison, car la préface serait excellente n'eût-elle servi qu'à nous
apprendre que si. en 1879. l'Opéra n'a su nous donner qu'un
ballet, Yedda, « l'année 1779 est au contraire une date éclatante
pour l'Académie royale de musique ». On y représenta en effet
plus de dix ouvrages nouveaux, dont l'Iphigénie en Tauride de
Gluck !
Non seulement MM. Noël et Stoullig passent complètement
en revue tous les Théâtres de Paris, petits et grands, mais ils
ont un chapitre réservé à ses Concerts, d'autres qui traitent du
Théâtre en province, du Théâtre à l'étranger, de l'Institut, du
Conservatoire de musique et de déclamation, etc.
Les Annales se terminent par la Bibliographie, la Nécrologie
et un tableau de la Critique dramatique et musicale en i8jq;
il est impossible d'être plus complet.
Adolphe Piat.
CXCVIII
L'Art et les Artistes au Salon de 1880, avec une Introduc-
tion sur les Salons depuis leur origine, par Maurice du
Seigneur. Paris, Paul Ollendorff, éditeur, 28 bis, rue de
Richelieu, 1880. Un volume ifl-18 de 2 n pages et xlvi pages
d'introduction.
L'auteur est un architecte distingué. A-t-il en lui l'étoffe
I d'un critique d'art ? Ceci est une autre question. M. du Seigneur
se présente à nous en disciple d'un maître deux fois illustre et
sous son nom de Théophile Thoré, et sous son pseudonyme de
W. Burger. Disciple, soit. Héritier littéraire, il est d'autant plus
permis d'en douter que cet héritage-là nous semble bel et bien
appartenir, sans partage, à M. Paul Mantz, en tous points digne
d'une telle succession.
L'Introduction écrite par M. Maurice du Seigneur abonde
en excellentes intentions, des intentions seulement, et aussi,
comme tout son livre, en jeux de mots que nous goûtons mé-
diocrement. Il a, sans doute, deviné que cette impression serait
générale, car il a terminé son chapitre sur l'Architecture en
plaidant en ces termes les circonstances atténuantes : « Pardon !
nous étions descendu au buffet du rez-de-chaussée, et c'est sur
une table de café, que nous avons terminé cet article. »
Ne craint-il pas qu'on lui réponde que le lieu, pas plus que
le temps, ne fait rien à l'affaire?
G. Noël.
CXCIX
Bouffé. Mes Souvenirs. 1800-1880. Préface par Ernest
Legouvé, de l'Académie française. Portraits à l'eau-forte par
MM. A. Blanchard, Deblois, Sgherper et Carred. Paris,
E. Dentu, éditeur, libraire de la Société des Gens de lettres,
Palais-Royal, 15, 17, 19, Galerie d'Orléans, 18S0. Un volume
in-18 de 404 pages.
L'auteur a demandé à M. Legouvé d'écrire une préface
pour son livre, et le sympathique académicien s'est empressé de
lui répondre :
« Vous me demandez, mon cher monsieur Bouffé, d'écrire
quelques pages en tète de vos Souve tirs. Je ne peux pas vous
refuser, je suis votre débiteur ! Vous m'avez fait passer autrefois
I tant de charmantes soirées ! Que ma vieillesse acquitte donc, si
elle le peut, la dette de ma jeunesse. »
La tout aimable préface loue sans flatterie et chacun s'asso-
ciera à ses dernières lignes : « Une fois la lecture de ces Sou-
venirs terminée, le livre posé sur la table, on résumera son
impression en disant comme moi : « Hier tout le monde admirait
Bouffe, demain tout le monde l'aimera. »
Rien de plus vrai.
Aies Souvenirs constituent une lecture très intéressante par
les anecdotes de tout genre qui y abondent, par mille renseigne-
ments utiles à l'histoire du théâtre de notre temps, mais on s'y
attache bien plus encore parce que ce livre, écrit simplement,
avec entière franchise et sincère bonhomie, nous initie à une
digne existence, nous ouvre un intérieur qui inspire le respect
et la plus cordiale sympathie.
M. Legouvé fait très justement observer que Bouffé est une
incarnation de toute une partie de Paris : « Parisien, fils de
Parisien, il nous représente toute une classe, modeste mais
très particulière, de la grande société parisienne : la petite bour-
geoisie ouvrière. Beaucoup d'acteurs éminents sont partis d'une
boutique de marchand, d'un établi d'artisan, d'une loge de
portier, d'une mansarde de domestique; mais, tout enfants de
Paris qu'ils soient, ils ne ressemblent pas à cette petite race
vaillante, laborieuse, gaie, active, probe et passionnée pour le
spectacle, qui revit tout entière dans Bouffé. »
Je suis convaincu que ce passage de la Préface est celui qui
aura été droit au cœur de Bouffé.
Vaillant, laborieux, gai, actif, probe et passionné pour le