184 L'ART.
Une inscription court au-dessus de la fresque, le long de l'arcature de la voûte : hecdom'
est' centum "m. ..facta' diebus : cette construction a été exécutée en cent jours.
L'artiste jugeait qu'il avait accompli un tour de force; nous le jugeons comme lui. C'était
un puissant tempérament artistique.
En raisonnant au moyen de toutes les données précédentes, nous penchons à conclure que
le peintre était un artiste national déjà imbu des tendances de l'art émancipé et naturaliste,
mais sacrifiant encore, par un reste de scrupule ou de timidité — dans son groupe principal —
aux lois iconologiques byzantines de la peinture orthodoxe.
Cette page — depuis le xni° siècle ■— avait subi tous les outrages du temps et le dédain
des hommes. La Renaissance faisait rentrer dans l'oubli ces archaïsmes d'un art, pour elle, barbare,
et ces expressions d'une foi désormais incomprise.
Effacée ou égratignée, démolie sur plus d'un point —■ il fallait se dévouer à une reconstitution
difficile.
M. Léon Giron — dont nous avons déjà publié ici les Arts libéraux1 — Ta tenté dans son
amour tout gratuit de l'art pour l'art et dans sa ferveur de patriotisme. Son nom nous impose —
on le comprend — une grande réserve. Nous dirons seulement que sur un échafaudage, pendant
cinq mois, entre ces murs humides, dans ces demi-ténèbres, il a cherché, découvert, deviné,
achevé et scrupuleusement ressuscité cette immense fresque de ym,10 de largeur sur y"1,80 de
hauteur.
Voilà le deuxième essai heureux du sauvetage entrepris par lui pour les peintures murales
de la Haute-Loire.
Cette toile orne aujourd'hui le fond du choeur de la basilique de Notre-Dame du Puy. Sa
forme architectonique est celle des arceaux de l'édifice. Elle semble grandir avec l'éloignement
et retrouver la puissance de ses effets, en même temps que, dans ce lointain, elle continue et
achève la perspective de la nef centrale arrêtée trop brusquement par la muraille plate et nue
de l'abside.
Cette peinture évoque, là, le vieux catholicisme terrible et pieux, plein de foi et de naïveté,
— cette religion où l'humanité et la divinité s'incarnent dans le sublime Crucifié et devant
laquelle, mieux encore, l'on s'arrête en frissonnant, on se prosterne, on croit et l'on pleure.
Aimé Giron.
1. Voir l'Art, ic année, tome IV, page 87.
CuL-DE-LAMPE
composé et dessiné pour l'Art par J. B. Drouot.
Une inscription court au-dessus de la fresque, le long de l'arcature de la voûte : hecdom'
est' centum "m. ..facta' diebus : cette construction a été exécutée en cent jours.
L'artiste jugeait qu'il avait accompli un tour de force; nous le jugeons comme lui. C'était
un puissant tempérament artistique.
En raisonnant au moyen de toutes les données précédentes, nous penchons à conclure que
le peintre était un artiste national déjà imbu des tendances de l'art émancipé et naturaliste,
mais sacrifiant encore, par un reste de scrupule ou de timidité — dans son groupe principal —
aux lois iconologiques byzantines de la peinture orthodoxe.
Cette page — depuis le xni° siècle ■— avait subi tous les outrages du temps et le dédain
des hommes. La Renaissance faisait rentrer dans l'oubli ces archaïsmes d'un art, pour elle, barbare,
et ces expressions d'une foi désormais incomprise.
Effacée ou égratignée, démolie sur plus d'un point —■ il fallait se dévouer à une reconstitution
difficile.
M. Léon Giron — dont nous avons déjà publié ici les Arts libéraux1 — Ta tenté dans son
amour tout gratuit de l'art pour l'art et dans sa ferveur de patriotisme. Son nom nous impose —
on le comprend — une grande réserve. Nous dirons seulement que sur un échafaudage, pendant
cinq mois, entre ces murs humides, dans ces demi-ténèbres, il a cherché, découvert, deviné,
achevé et scrupuleusement ressuscité cette immense fresque de ym,10 de largeur sur y"1,80 de
hauteur.
Voilà le deuxième essai heureux du sauvetage entrepris par lui pour les peintures murales
de la Haute-Loire.
Cette toile orne aujourd'hui le fond du choeur de la basilique de Notre-Dame du Puy. Sa
forme architectonique est celle des arceaux de l'édifice. Elle semble grandir avec l'éloignement
et retrouver la puissance de ses effets, en même temps que, dans ce lointain, elle continue et
achève la perspective de la nef centrale arrêtée trop brusquement par la muraille plate et nue
de l'abside.
Cette peinture évoque, là, le vieux catholicisme terrible et pieux, plein de foi et de naïveté,
— cette religion où l'humanité et la divinité s'incarnent dans le sublime Crucifié et devant
laquelle, mieux encore, l'on s'arrête en frissonnant, on se prosterne, on croit et l'on pleure.
Aimé Giron.
1. Voir l'Art, ic année, tome IV, page 87.
CuL-DE-LAMPE
composé et dessiné pour l'Art par J. B. Drouot.