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i l’épopée est, pour ainsi dire, le domaine propre
des poètes italiens, ils n’excellent pas moins quand
ils traitent les plus humbles sujets, ennoblis par
l’excellence de leur goût, et embellis par cette lan-
gue qui répand son charme sur la plus pauvre ma-
tière. Il suffit pour s’en convaincre de lire les grands
poètes de l’Italie, et mieux encore l’ouvrage qui a
fait la réputation d’Alamanni, V Agriculture. Les
principaux événements de sa vie, qu’il passa presque
tout entière hors de l’Italie, sont connus ; je vais cepen-
dant les retracer brièvement pour montrer que les belles-
lettres peuvent non-seulement vivre, mais prospérer
dans l’exil, toutes les fois que la fortune leur accorde le
bienfait d’une terre hospitalière.
Luigi Alamanni naquit à Florence, le 28 octobre 1495, de
Pier di Francesco et de Ginevra Paganelli. Il eut pour maîtres
Cattani de Diacceto et Donino, ce dernier dans les lettres
grecques, et fut lié avec tous les savants qui se réunissaient alors dans le
palais bâti avec une magnificence royale par Bernard Rucellai, et orné
de jardins, de portiques et de monuments antiques, pour disserter sur la
philosophie platonicienne1. Louis prit là le goût de ces études qui jetèrent
1 C’est cette célèbre académie, fondée par Côme de Médicis, insurgée la première
i l’épopée est, pour ainsi dire, le domaine propre
des poètes italiens, ils n’excellent pas moins quand
ils traitent les plus humbles sujets, ennoblis par
l’excellence de leur goût, et embellis par cette lan-
gue qui répand son charme sur la plus pauvre ma-
tière. Il suffit pour s’en convaincre de lire les grands
poètes de l’Italie, et mieux encore l’ouvrage qui a
fait la réputation d’Alamanni, V Agriculture. Les
principaux événements de sa vie, qu’il passa presque
tout entière hors de l’Italie, sont connus ; je vais cepen-
dant les retracer brièvement pour montrer que les belles-
lettres peuvent non-seulement vivre, mais prospérer
dans l’exil, toutes les fois que la fortune leur accorde le
bienfait d’une terre hospitalière.
Luigi Alamanni naquit à Florence, le 28 octobre 1495, de
Pier di Francesco et de Ginevra Paganelli. Il eut pour maîtres
Cattani de Diacceto et Donino, ce dernier dans les lettres
grecques, et fut lié avec tous les savants qui se réunissaient alors dans le
palais bâti avec une magnificence royale par Bernard Rucellai, et orné
de jardins, de portiques et de monuments antiques, pour disserter sur la
philosophie platonicienne1. Louis prit là le goût de ces études qui jetèrent
1 C’est cette célèbre académie, fondée par Côme de Médicis, insurgée la première