JACOPO ROBÜSTI,
DIT LE
^LinUret
endons grâces à la jalousie du Titien, qui, alarmé
des rares dispositions d’un de ses élèves, le ren-
voya de son école , et piqua ainsi l’amour-propre
du jeune homme, qui résolut d’égaler son maître
dans le coloris, et de le surpasser dans le dessin.
Je n’examine point s’il y parvint en effet ; tout ce
que je puis affirmer c’est que jamais le terrible en
peinture n’eut de si saisissant interprète, et que l’on
a comparé justement son pinceau à la foudre. Travaillé
de l’irrésistible désir d’exprimer sur la toile ses propres
passions, il mit au service de son œuvre une conception
ardente et féconde, une science profonde de l’anatomie
et de la statuaire antique, une entente admirable des
ombres fortes et des mouvements.
Jacopo Robusti naquit en 1512, à Venise, et fut surnommé
le Tintoret, de la profession de son père1. En le voyant tout
enfant dessiner sans cesse, avec les couleurs qu’il dérobait
aux baquets de son père, toutes sortes de figures, on devinait qu’il
' Tintoretto, de tintore, teinturier.
[Note du traducteur.')
DIT LE
^LinUret
endons grâces à la jalousie du Titien, qui, alarmé
des rares dispositions d’un de ses élèves, le ren-
voya de son école , et piqua ainsi l’amour-propre
du jeune homme, qui résolut d’égaler son maître
dans le coloris, et de le surpasser dans le dessin.
Je n’examine point s’il y parvint en effet ; tout ce
que je puis affirmer c’est que jamais le terrible en
peinture n’eut de si saisissant interprète, et que l’on
a comparé justement son pinceau à la foudre. Travaillé
de l’irrésistible désir d’exprimer sur la toile ses propres
passions, il mit au service de son œuvre une conception
ardente et féconde, une science profonde de l’anatomie
et de la statuaire antique, une entente admirable des
ombres fortes et des mouvements.
Jacopo Robusti naquit en 1512, à Venise, et fut surnommé
le Tintoret, de la profession de son père1. En le voyant tout
enfant dessiner sans cesse, avec les couleurs qu’il dérobait
aux baquets de son père, toutes sortes de figures, on devinait qu’il
' Tintoretto, de tintore, teinturier.
[Note du traducteur.')