fâawpara ^tirinpa
oici une vie pleine de larmes, au souvenir de
laquelle on se sent pénétré à la fois d’admiration et
de pitié. Jamais plainte plus touchante ne s’exhalera
de l’âme d’une femme, jamais passion plus mal-
heureuse n’inspirera les vers d’un poëte. Comment
se trouva-t-il un homme assez ingrat pour ne point
reconnaître par le sacrifice de toute sa vie l’amour de
v cette enfant si noble, si jeune, si belle, chanteuse
, incomparable , musicienne céleste, de celle que
! Varchi appela
« Sapho de nos jours, noble et fière Gaspara. »
Gaspara Stampa naquit en î 523 à Padoue, où sa fa-
mille, d’origine milanaise et noble, s’était établie depuis
plusieurs années. Orpheline de père, elle eut dans sa mère
un guide plein de tendresse, qui découvrant en elle une intel-
ligence au-dessus de son sexe, au lieu de borner son éduca-
tion au chant et à la musique, voulut qu’elle fût initiée
dans les langues grecque et latine, sans lesquelles il était impossible
à cette époque, même à une femme, d’aspirer à la renommée litté-
raire. Si Padoue, en perdant Gaspara, perdit son plus bel ornement,
Venise s’accrut d’un nouveau lustre. Un grand nombre d’adorateurs
briguèrent les bonnes grâces de la noble jeune fille, qui fut insensible
oici une vie pleine de larmes, au souvenir de
laquelle on se sent pénétré à la fois d’admiration et
de pitié. Jamais plainte plus touchante ne s’exhalera
de l’âme d’une femme, jamais passion plus mal-
heureuse n’inspirera les vers d’un poëte. Comment
se trouva-t-il un homme assez ingrat pour ne point
reconnaître par le sacrifice de toute sa vie l’amour de
v cette enfant si noble, si jeune, si belle, chanteuse
, incomparable , musicienne céleste, de celle que
! Varchi appela
« Sapho de nos jours, noble et fière Gaspara. »
Gaspara Stampa naquit en î 523 à Padoue, où sa fa-
mille, d’origine milanaise et noble, s’était établie depuis
plusieurs années. Orpheline de père, elle eut dans sa mère
un guide plein de tendresse, qui découvrant en elle une intel-
ligence au-dessus de son sexe, au lieu de borner son éduca-
tion au chant et à la musique, voulut qu’elle fût initiée
dans les langues grecque et latine, sans lesquelles il était impossible
à cette époque, même à une femme, d’aspirer à la renommée litté-
raire. Si Padoue, en perdant Gaspara, perdit son plus bel ornement,
Venise s’accrut d’un nouveau lustre. Un grand nombre d’adorateurs
briguèrent les bonnes grâces de la noble jeune fille, qui fut insensible