âJiUHnivanti
l est pénible d’avouer que trop souvent chez nos
anciens écrivains le vide de la pensée se cache sous
la perfection de la forme, et qu’ils semblent tenir
davantage à la beauté de la fleur qu’à la saveur
v du fruit ; et comme, d’un autre côté, eux seuls pos-
sèdent les véritables trésors de la langue, il arrive
souvent qu’en lisant leurs ouvrages, on se trouve
comme perdu au milieu d’un désert de mots, qui
laissent la pensée tout à fait oisive. Ce défaut fut
celui du présent prosateur à qui l’élégance de son style
et les historiettes qu’il a semées comme des perles
dans son ouvrage , ne sauraient faire pardonner la
stérilité de ses discussions scolastiques et théologi-
ques.
Jacques Passavanti, né à Florence, vers la fin du xme siè-
cle, de parents nobles, était à peine âgé de treize ans
lorsqu’il prit l’habit des frères Prêcheurs. Il ne fut entraîné
à ce parti ni par bizarrerie, ni par indolence, ni par mépris des choses
terrestres; l’amour de la solitude, le désir de se livrer entièrement aux
études spirituelles et à la pratique des vertus, décidèrent seuls sa vocation.
Comme il montrait un jugement précoce et faisait concevoir les plus
hautes espérances, on crut à propos de l’envoyer à Paris, qui comptait
l est pénible d’avouer que trop souvent chez nos
anciens écrivains le vide de la pensée se cache sous
la perfection de la forme, et qu’ils semblent tenir
davantage à la beauté de la fleur qu’à la saveur
v du fruit ; et comme, d’un autre côté, eux seuls pos-
sèdent les véritables trésors de la langue, il arrive
souvent qu’en lisant leurs ouvrages, on se trouve
comme perdu au milieu d’un désert de mots, qui
laissent la pensée tout à fait oisive. Ce défaut fut
celui du présent prosateur à qui l’élégance de son style
et les historiettes qu’il a semées comme des perles
dans son ouvrage , ne sauraient faire pardonner la
stérilité de ses discussions scolastiques et théologi-
ques.
Jacques Passavanti, né à Florence, vers la fin du xme siè-
cle, de parents nobles, était à peine âgé de treize ans
lorsqu’il prit l’habit des frères Prêcheurs. Il ne fut entraîné
à ce parti ni par bizarrerie, ni par indolence, ni par mépris des choses
terrestres; l’amour de la solitude, le désir de se livrer entièrement aux
études spirituelles et à la pratique des vertus, décidèrent seuls sa vocation.
Comme il montrait un jugement précoce et faisait concevoir les plus
hautes espérances, on crut à propos de l’envoyer à Paris, qui comptait