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e n’eusse point rangé cette seconde improvisatrice
parmi les femmes poètes de l’Italie, si une renommée
éclatante n’avait fait voler son nom de Florence à
Rome et de Naples à Turin, et si elle n’avait été en
même temps un modèle de vertu pour son sexe.
Teresâ Bandettini, née à Lucques en 1763, savait
(J lire et écrire à cinq ans, et à sept elle improvisait des
cè" vers comme dans de prophétiques extases. C’était
plus que n’avaient jamais fait l’Arioste, Tasse et même
le fameux Pic de la Mirandole. Ces fruits hâtifs d’un gé-
nie précoce n’enlevèrent rien à la richesse ni au déve-
loppement de son imagination. Seulement son goût pour
la poésie était combattu par sa mère qui, trouvant la litté-
rature un pauvre métier, l’excitait à jeter là ce tas de bouquins
et à se livrer à la danse. Heureusement elle vint à épouser
Vincenzo Landucci qui, mieux avisé, trouva bon qu’elle tirât
parti de cette facilité merveilleuse et ouvrît une école d’im-
provisation à Udine. Elle eut une vogue immense, et, en effet, jamais
on n’avait vu un tel prodige de grâce et de talent. L’Arcadie lui dé-
cerna le nom iï Amaryllis étrusque, et ce qui importe davantage, Parmi,
Alfieri, Monti ne dédaignèrent pas de se faire ses panégyristes. Lucques
fit imprimer à ses frais les poésies de son illustre concitoyenne. Betti-
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e n’eusse point rangé cette seconde improvisatrice
parmi les femmes poètes de l’Italie, si une renommée
éclatante n’avait fait voler son nom de Florence à
Rome et de Naples à Turin, et si elle n’avait été en
même temps un modèle de vertu pour son sexe.
Teresâ Bandettini, née à Lucques en 1763, savait
(J lire et écrire à cinq ans, et à sept elle improvisait des
cè" vers comme dans de prophétiques extases. C’était
plus que n’avaient jamais fait l’Arioste, Tasse et même
le fameux Pic de la Mirandole. Ces fruits hâtifs d’un gé-
nie précoce n’enlevèrent rien à la richesse ni au déve-
loppement de son imagination. Seulement son goût pour
la poésie était combattu par sa mère qui, trouvant la litté-
rature un pauvre métier, l’excitait à jeter là ce tas de bouquins
et à se livrer à la danse. Heureusement elle vint à épouser
Vincenzo Landucci qui, mieux avisé, trouva bon qu’elle tirât
parti de cette facilité merveilleuse et ouvrît une école d’im-
provisation à Udine. Elle eut une vogue immense, et, en effet, jamais
on n’avait vu un tel prodige de grâce et de talent. L’Arcadie lui dé-
cerna le nom iï Amaryllis étrusque, et ce qui importe davantage, Parmi,
Alfieri, Monti ne dédaignèrent pas de se faire ses panégyristes. Lucques
fit imprimer à ses frais les poésies de son illustre concitoyenne. Betti-
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