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e fut vers le milieu du xve siècle que le cardinal
Bibbiena par sa comédie de la Calandria, et Ma-
chiavel par celle de la Mandragore, mêlant la
grâce de Térence à la vigueur d’Aristophane, intro-
duisirent sur la scène ces tableaux licencieux dont
la moderne Italie n’était pas moins affolée que l’an-
tiquité. Les progrès de l’esprit humain jusqu’au
xvne siècle furent sans influence sur la comédie
italienne, qui attendait encore que quelque puissant
igénie lui communiquât le même essor qu’avaient reçu
les autres branches de la littérature. Les comédies n’étaient
que des dialogues improvisés, récités sous le masque de
Pantalon, de Brigelle, d’Arlequin, et il ne s’était encore
trouvé personne en Italie qui se fût avisé d’étudier profondé-
ment la nature humaine, de châtier les vices et les ridicules, et
de faire du théâtre une école pour tous les âges et pour toutes
les conditions sociales. Tel fut le but que se proposa Goldoni
après avoir détrôné les deux écoles rivales de l’abbé Chiari et de Gozzi,
renommés, le premier par ses fadaises, le second par ses bizarreries.
Carlo Goldoni naquit à Venise en 1707, et quoique pour obéir à
son père il se fût adonné à l’étude des lois et fait recevoir avocat, la
vocation qu’il s’était sentie dès son enfance pour le théâtre lui fit
e fut vers le milieu du xve siècle que le cardinal
Bibbiena par sa comédie de la Calandria, et Ma-
chiavel par celle de la Mandragore, mêlant la
grâce de Térence à la vigueur d’Aristophane, intro-
duisirent sur la scène ces tableaux licencieux dont
la moderne Italie n’était pas moins affolée que l’an-
tiquité. Les progrès de l’esprit humain jusqu’au
xvne siècle furent sans influence sur la comédie
italienne, qui attendait encore que quelque puissant
igénie lui communiquât le même essor qu’avaient reçu
les autres branches de la littérature. Les comédies n’étaient
que des dialogues improvisés, récités sous le masque de
Pantalon, de Brigelle, d’Arlequin, et il ne s’était encore
trouvé personne en Italie qui se fût avisé d’étudier profondé-
ment la nature humaine, de châtier les vices et les ridicules, et
de faire du théâtre une école pour tous les âges et pour toutes
les conditions sociales. Tel fut le but que se proposa Goldoni
après avoir détrôné les deux écoles rivales de l’abbé Chiari et de Gozzi,
renommés, le premier par ses fadaises, le second par ses bizarreries.
Carlo Goldoni naquit à Venise en 1707, et quoique pour obéir à
son père il se fût adonné à l’étude des lois et fait recevoir avocat, la
vocation qu’il s’était sentie dès son enfance pour le théâtre lui fit