(Ënainbattwta Jlbtrino.
tranges vicissitudes auxquelles sont soumises les
productions littéraires comme, en général, tous les
arts ! La beauté dont elles rayonnent n’empêche pas
les hommes de se laisser séduire par de vaines ap-
parences , et de préférer souvent aux mets les plus
solides et les plus exquis, des viandes creuses et
grossières. C’est ainsi qu’à Cicéron et à Virgile, ces
lleuves d’éloquence, succédèrent Sénèque et Lucain,
torrents fangeux; à Dante et à Pétrarque, les sécen-
tistes ; à Alfieri, à Byron et à Goethe, qui seront un jour
la gloire de ce siècle, une tourbe de versificateurs igno-
rants et froids. De tels exemples sont précieux pour
( l’histoire de l’art; et c’est pourquoi il ne sera pas inu-
tile de parler d’un poète devenu par l’abus de son talent
le chef d’une école corrompue, et dont, par un hasard
étrange, nous avons aujourd’hui une image vivante sous nos
yeux.
Jean-Baptiste Marino naquit à Naples en 1569 , d’un père
jurisconsulte. Celui-ci, mécontent de voir son fils dédaigner une
profession qu’il aimait, et où il avait acquis une certaine renommée ,
pour le piètre métier de poète, le chassa de sa maison et lui refusa
même du pain. Par bonheur le duc de Bovino et le prince de
tranges vicissitudes auxquelles sont soumises les
productions littéraires comme, en général, tous les
arts ! La beauté dont elles rayonnent n’empêche pas
les hommes de se laisser séduire par de vaines ap-
parences , et de préférer souvent aux mets les plus
solides et les plus exquis, des viandes creuses et
grossières. C’est ainsi qu’à Cicéron et à Virgile, ces
lleuves d’éloquence, succédèrent Sénèque et Lucain,
torrents fangeux; à Dante et à Pétrarque, les sécen-
tistes ; à Alfieri, à Byron et à Goethe, qui seront un jour
la gloire de ce siècle, une tourbe de versificateurs igno-
rants et froids. De tels exemples sont précieux pour
( l’histoire de l’art; et c’est pourquoi il ne sera pas inu-
tile de parler d’un poète devenu par l’abus de son talent
le chef d’une école corrompue, et dont, par un hasard
étrange, nous avons aujourd’hui une image vivante sous nos
yeux.
Jean-Baptiste Marino naquit à Naples en 1569 , d’un père
jurisconsulte. Celui-ci, mécontent de voir son fils dédaigner une
profession qu’il aimait, et où il avait acquis une certaine renommée ,
pour le piètre métier de poète, le chassa de sa maison et lui refusa
même du pain. Par bonheur le duc de Bovino et le prince de