<Lle^anbra Jllan;oni.
? loigné depuis plus de dix ans de ma chère Italie,
avide de tout ce qui la touche, je me laisse aller
souvent à questionner l’étranger qui l’a visitée depuis
peu, et quand il me parle de Rome et de Naples, de
Florence et de Bologne, de Venise et de Milan, peu-
plée des ruines glorieuses du passé, oh! alors, je me
sens saisi d’une joie orgueilleuse qui m’enflamme
tout entier. Puis ce premier transport calmé, je me
répands en interrogations pour savoir si les frères tra-
vaillent à s’élancer vers un glorieux avenir ; mais, comme
pour payer l’Italie d’avoir tenu pendant trois fois en Eu-
rope le sceptre de la civilisation, je m’entends répondre
dédaigneusement qu’elle n’est plus que la poussière du
passé. Alors une tristesse profonde s’empare de moi, et,
sans que l’amour de mon pays égare, je crois, mon jugement,
il me semble trouver une excuse pour l’Italie dans cette longue
suite de malheurs qui n’ont laissé ni repos ni trêve à ses fils. Ce-
pendant, même dans ces temps de désastres, on rencontre des
hommes qui renouent glorieusement la chaîne du passé, et, sans parler
d’Alfieri et de Canova, qui ne sont morts que d’hier, nous en avons de
vivants qui suffisent à défendre l’Italie de l’imputation de moderne
barbarie. Parmi ceux-là, nous sommes plus particulièrement obligés à
? loigné depuis plus de dix ans de ma chère Italie,
avide de tout ce qui la touche, je me laisse aller
souvent à questionner l’étranger qui l’a visitée depuis
peu, et quand il me parle de Rome et de Naples, de
Florence et de Bologne, de Venise et de Milan, peu-
plée des ruines glorieuses du passé, oh! alors, je me
sens saisi d’une joie orgueilleuse qui m’enflamme
tout entier. Puis ce premier transport calmé, je me
répands en interrogations pour savoir si les frères tra-
vaillent à s’élancer vers un glorieux avenir ; mais, comme
pour payer l’Italie d’avoir tenu pendant trois fois en Eu-
rope le sceptre de la civilisation, je m’entends répondre
dédaigneusement qu’elle n’est plus que la poussière du
passé. Alors une tristesse profonde s’empare de moi, et,
sans que l’amour de mon pays égare, je crois, mon jugement,
il me semble trouver une excuse pour l’Italie dans cette longue
suite de malheurs qui n’ont laissé ni repos ni trêve à ses fils. Ce-
pendant, même dans ces temps de désastres, on rencontre des
hommes qui renouent glorieusement la chaîne du passé, et, sans parler
d’Alfieri et de Canova, qui ne sont morts que d’hier, nous en avons de
vivants qui suffisent à défendre l’Italie de l’imputation de moderne
barbarie. Parmi ceux-là, nous sommes plus particulièrement obligés à