Paulo ôarpi
ous avons dit que l’on aurait tort de croire que l’éclat
de l’expression cachât toujours chez les écrivains
italiens le vide de la pensée : et, en effet, à peine
avons-nous quitté Galilée que se présente à nous
un homme qui fut, après lui, penseur profond non
moins qu’écrivain élégant. Pourquoi faut-il qu’ici
encore le plaisir que nous éprouvons à parler d’un
, si grand homme soit empoisonné par le souvenir des
persécutions qu’il eut à subir de la part de Rome, persé-
cutions injustes, atroces et qui nuisent à la religion
qu’elles déshonorent?
Paolo Sarpi naquit à Venise, en 1552, de parents
pauvres, et fut recueilli après la mort de son père par un
de ses oncles, prêtre , qui l’éleva et l’instruisit dans les let-
tres. 11 suffisait de voir à cette époque cet enfant grave , rê-
veur, mélancolique, oubliant le jeu et l’heure des repas, pour
lui présager de hautes destinées. Le bon prêtre lui fit étu-
dier les mathématiques, les langues grecque et hébraïque, puis la lo-
gique et la théologie sous le père Jean-Marie Capella, qui le voyant si
laborieux et fuyant les jeux et les plaisirs, avait coutume de le citer
pour exemple aux autres, en disant : «Nous autres tous, nous sommes
occupés de bagatelles et frà Paolo de livres. »
ous avons dit que l’on aurait tort de croire que l’éclat
de l’expression cachât toujours chez les écrivains
italiens le vide de la pensée : et, en effet, à peine
avons-nous quitté Galilée que se présente à nous
un homme qui fut, après lui, penseur profond non
moins qu’écrivain élégant. Pourquoi faut-il qu’ici
encore le plaisir que nous éprouvons à parler d’un
, si grand homme soit empoisonné par le souvenir des
persécutions qu’il eut à subir de la part de Rome, persé-
cutions injustes, atroces et qui nuisent à la religion
qu’elles déshonorent?
Paolo Sarpi naquit à Venise, en 1552, de parents
pauvres, et fut recueilli après la mort de son père par un
de ses oncles, prêtre , qui l’éleva et l’instruisit dans les let-
tres. 11 suffisait de voir à cette époque cet enfant grave , rê-
veur, mélancolique, oubliant le jeu et l’heure des repas, pour
lui présager de hautes destinées. Le bon prêtre lui fit étu-
dier les mathématiques, les langues grecque et hébraïque, puis la lo-
gique et la théologie sous le père Jean-Marie Capella, qui le voyant si
laborieux et fuyant les jeux et les plaisirs, avait coutume de le citer
pour exemple aux autres, en disant : «Nous autres tous, nous sommes
occupés de bagatelles et frà Paolo de livres. »