iScipionr Jllaffei
N voit nombre de gens qui, pour acquérir la répu-
tation de savants, font un grand étalage de dates et de
noms d’auteurs. Pourquoi? Veulent-ils marquer les
époques de progrès ou de décadence dans les arts,
faire servir les données de l’histoire littéraire à l’étude
des mœurs des peuples et des lois qui les ont régies?
Non, leur unique objet est de fixer la date d’un monu-
ment. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si les ouvra-
ges dits A'érudition portent avec eux si peu d’utilité
mêlé à tant d’ennui. Cependantvoici un homme, à la fois un
des premiers de son temps par l’érudition et le plus grand
tragique de son siècle, un homme grâce auquel l’Italie
n’eut plus rien à envier aux chefs-d’œuvre de la scène
française, et qui sut répandre sur les matières les plus
ardues les grâces dont il a semé ses compositions dramatiques.
Scipion, marquis Maffei, né à Vérone en 1675, de Jean-
François Maffei et de Silvia Pellegrina, fut élevé à Parme,
au collège des Nobles, où il mêla à l’étude des sciences
les exercices chevaleresques. La poésie surtout l’attirait par un charme
invincible. En 1699, le désir de voir la ville éternelle et d’être
compté parmi les membres de cette célèbre académie {les Arcades),
qui s’était insurgée contre le mauvais goût des sécentistes, le con-
N voit nombre de gens qui, pour acquérir la répu-
tation de savants, font un grand étalage de dates et de
noms d’auteurs. Pourquoi? Veulent-ils marquer les
époques de progrès ou de décadence dans les arts,
faire servir les données de l’histoire littéraire à l’étude
des mœurs des peuples et des lois qui les ont régies?
Non, leur unique objet est de fixer la date d’un monu-
ment. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si les ouvra-
ges dits A'érudition portent avec eux si peu d’utilité
mêlé à tant d’ennui. Cependantvoici un homme, à la fois un
des premiers de son temps par l’érudition et le plus grand
tragique de son siècle, un homme grâce auquel l’Italie
n’eut plus rien à envier aux chefs-d’œuvre de la scène
française, et qui sut répandre sur les matières les plus
ardues les grâces dont il a semé ses compositions dramatiques.
Scipion, marquis Maffei, né à Vérone en 1675, de Jean-
François Maffei et de Silvia Pellegrina, fut élevé à Parme,
au collège des Nobles, où il mêla à l’étude des sciences
les exercices chevaleresques. La poésie surtout l’attirait par un charme
invincible. En 1699, le désir de voir la ville éternelle et d’être
compté parmi les membres de cette célèbre académie {les Arcades),
qui s’était insurgée contre le mauvais goût des sécentistes, le con-