QMaittbattUta Catsti.
a décence est la première qualité de l’écrivain,
et l’on ne saurait trop blâmer celui qui blesse la pu-
deur dans ses ouvrages au lieu d’inspirer l’amour
de la vertu. En même temps que l’obscénité révolte,
on déplore l’abus du talent qui mieux employé
aurait ajouté de nouvelles richesses au domaine
des lettres. L’écrivain dont je vais parler est loin
d’être irréprochable sous ce rapport, aussi ne
lui aurais-je pas donné place parmi les illustres Ita-
liens, s’il n’était l’auteur d’un poème, étincelant de
verve et de sagesse , et dans lequel il peint au vif les
vices des cours , au sein desquelles il lui fut donné de
vivre sans se corrompre.
Né en 1721, à Montefiascone, dans les États pontificaux,
Jean-Baptiste Casti fit son éducation au séminaire de
cette ville. Ses dispositions pour les belles-lettres s’annon-
cèrent de bonne heure, et à seize ans il fut nommé pro-
fesseur d’éloquence et chanoine. Mais un si petit théâtre ne suffisant
pas à son ambition , ou plutôt à ses désirs de gloire, il se rendit
à Rome, où il fit éclater la fécondité de son imagination , en pu-
bliant (1762) deux cent seize sonnets en rimes tronquées sur un
créancier qui réclamait avec importunité trois giuli 1 qui lui étaient
1 Petite pièce de monnaie valant environ dix sous. {Note du traducteur.)
a décence est la première qualité de l’écrivain,
et l’on ne saurait trop blâmer celui qui blesse la pu-
deur dans ses ouvrages au lieu d’inspirer l’amour
de la vertu. En même temps que l’obscénité révolte,
on déplore l’abus du talent qui mieux employé
aurait ajouté de nouvelles richesses au domaine
des lettres. L’écrivain dont je vais parler est loin
d’être irréprochable sous ce rapport, aussi ne
lui aurais-je pas donné place parmi les illustres Ita-
liens, s’il n’était l’auteur d’un poème, étincelant de
verve et de sagesse , et dans lequel il peint au vif les
vices des cours , au sein desquelles il lui fut donné de
vivre sans se corrompre.
Né en 1721, à Montefiascone, dans les États pontificaux,
Jean-Baptiste Casti fit son éducation au séminaire de
cette ville. Ses dispositions pour les belles-lettres s’annon-
cèrent de bonne heure, et à seize ans il fut nommé pro-
fesseur d’éloquence et chanoine. Mais un si petit théâtre ne suffisant
pas à son ambition , ou plutôt à ses désirs de gloire, il se rendit
à Rome, où il fit éclater la fécondité de son imagination , en pu-
bliant (1762) deux cent seize sonnets en rimes tronquées sur un
créancier qui réclamait avec importunité trois giuli 1 qui lui étaient
1 Petite pièce de monnaie valant environ dix sous. {Note du traducteur.)