VERONICA GAMBARA. 243
sourire mensonger, et si quelquefois un éclair de gaieté brille sur leur
visage, ils ont pour un plaisir mille douleurs.
« Celui-ci traîne des jours sans repos loin de la vue de l’objet aimé;
celui-là pour un regard ou pour une parole sévère se consume de
tristesse ; cet autre, jaloux d’un nouveau rival, souffre les angoisses du
martyre ; un quatrième est en proie à mille autres soucis plus nom-
breux que les grains de sable de la mer.
« C’est ainsi que sans chercher à réprimer avec le frein de la raison
nos vains désirs, nous empoisonnons nous-mêmes notre existence. Ah !
qu’elle serait plus tranquille et plus sereine si, sans passions, sans
soupirs, heureux de ce que le ciel nous a donné, nous vivions dans
une humble et modeste condition ! »
Telle est la noble fin que Véronique se propose dans ses vers. Et plût
à Dieu que tous ceux qui prétendent au titre de poète s’attachassent
comme elle à rendre les hommes meilleurs, et ne faillissent point aussi
souvent à la glorieuse mission de l’écrivain !
sourire mensonger, et si quelquefois un éclair de gaieté brille sur leur
visage, ils ont pour un plaisir mille douleurs.
« Celui-ci traîne des jours sans repos loin de la vue de l’objet aimé;
celui-là pour un regard ou pour une parole sévère se consume de
tristesse ; cet autre, jaloux d’un nouveau rival, souffre les angoisses du
martyre ; un quatrième est en proie à mille autres soucis plus nom-
breux que les grains de sable de la mer.
« C’est ainsi que sans chercher à réprimer avec le frein de la raison
nos vains désirs, nous empoisonnons nous-mêmes notre existence. Ah !
qu’elle serait plus tranquille et plus sereine si, sans passions, sans
soupirs, heureux de ce que le ciel nous a donné, nous vivions dans
une humble et modeste condition ! »
Telle est la noble fin que Véronique se propose dans ses vers. Et plût
à Dieu que tous ceux qui prétendent au titre de poète s’attachassent
comme elle à rendre les hommes meilleurs, et ne faillissent point aussi
souvent à la glorieuse mission de l’écrivain !