UGO FOSCOLO.
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mort il écrit calme et résolu; son corps est enterré sans honneur, tandis
que sa mémoire et ses ouvrages sont avidement recherchés et honorés.
Quel sera sur lui le jugement de la postérité? Que dira-t-elle du culte
qui lui fut rendu de son vivant et peu de temps après sa mort? »
Pour moi, bien loin d’accuser notre époque d’avoir trop admiré l’au-
teur des Tombeaux, je reprocherai à Giordani d’avoir écrit par un sen-
timent de vengeance ou d’envie : « Il y a encore des gens qui, lui dé-
cernant le titre de poète pour avoir écrit quelques vers, et de grand
poète pour en avoir écrit de mauvais, admirent la fameuse énigme des
Tombeaux. » Tommaseo eut également le tort de juger Foscolo avec
aigreur, et le tort plus grand de ne faire aucune mention de son poème
dans le Dictionnaire esthétique. Mais, pour en revenir aux dernières
paroles de Carrer, qui pourrait se plaindre des hommages qui furent
rendus à Foscolo exilé de son pays, où il n’avait trouvé que la pau-
vreté et l’oubli, et mort de douleur sur la terre étrangère? Et quand
donc verra-t-on cesser cette honte pour l’Italie de prodiguer l’or et les
statues à des cantatrices et à des danseuses, et de refuser la plupart du
temps à ses poètes et à ses philosophes un asile, du pain et une tombe?
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mort il écrit calme et résolu; son corps est enterré sans honneur, tandis
que sa mémoire et ses ouvrages sont avidement recherchés et honorés.
Quel sera sur lui le jugement de la postérité? Que dira-t-elle du culte
qui lui fut rendu de son vivant et peu de temps après sa mort? »
Pour moi, bien loin d’accuser notre époque d’avoir trop admiré l’au-
teur des Tombeaux, je reprocherai à Giordani d’avoir écrit par un sen-
timent de vengeance ou d’envie : « Il y a encore des gens qui, lui dé-
cernant le titre de poète pour avoir écrit quelques vers, et de grand
poète pour en avoir écrit de mauvais, admirent la fameuse énigme des
Tombeaux. » Tommaseo eut également le tort de juger Foscolo avec
aigreur, et le tort plus grand de ne faire aucune mention de son poème
dans le Dictionnaire esthétique. Mais, pour en revenir aux dernières
paroles de Carrer, qui pourrait se plaindre des hommages qui furent
rendus à Foscolo exilé de son pays, où il n’avait trouvé que la pau-
vreté et l’oubli, et mort de douleur sur la terre étrangère? Et quand
donc verra-t-on cesser cette honte pour l’Italie de prodiguer l’or et les
statues à des cantatrices et à des danseuses, et de refuser la plupart du
temps à ses poètes et à ses philosophes un asile, du pain et une tombe?
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