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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

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Enderlin, ...: Lettre de Florence
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https://doi.org/10.11588/diglit.18879#0013

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DETT^E DE FLORENCE

On sait qu'aux termes du règlement du Grand ~Prix de Florence, institué par l A.rt,
le lauréat doit envoyer chaque année au directeur un résumé de ses impressions et de
ses travaux, destiné à être publié dans la jRevue. G'est en vertu de cet article du règle-
ment que <M. Enderlin, notre lauréat de 1880, nous adresse la lettre suivante, que nous
sommes heureux de mettre sous les yeux de nos lecteurs. Il est toujours intéressant de
voir un jeune artiste exprimer avec cette sincérité les sentiments que lui a inspirés le
séjour de la capitale artistique de VItalie.

« Monsieur et cher Directeur,

« Voici plusieurs mois que je suis à Florence. J'aurais dû depuis longtemps vous
envoyer la note que vous m'avez demandée et le récit des impressions que m'a fait ressentir
le séjour de cette ville. Mais, soit disposition d'esprit, soit manque de compétence, je me
suis trouvé jusqu'ici dans l'impossibilité de rien écrire qui pût présenter quelque intérêt.
Il me fallait un plus long séjour pour condenser et classer mes sentiments et mes idées.

« Cependant, le désir de répondre à votre attente, quoique je n'y sois guère mieux
préparé qu'en arrivant, fait que je me hasarde aujourd'hui à vous envoyer une première
lettre, en vous priant toutefois de ne pas oublier que votre correspondant est un jeune
homme infiniment plus exercé à manier l'ébauchoir que la plume.

« 11 y a peu de cités dont le nom sonne à l'oreille d'un artiste comme celui de
Florence. De bonne heure on éprouve le désir de faire connaissance avec le monde de
merveilles qu'elle renferme ; aussi est-ce d'un seul trait que j'ai franchi l'espace qui m'en
séparait. Voir les fières façades de la Renaissance, les primitifs sous leur ciel pur, étudier
enfin Michel-Ange dans sa patrie, cette perspective exerçait sur moi un attrait irrésistible.

« C'est par un beau clair de lune que je débarquai sur la Piazza délia Signoria, et je
ne saurais vous exprimer toute la surprise que me causa le spectacle que j'avais en face de
moi —■ c'était la réalisation d'une page fantastique qui me jeta dans l'extase. J'étais dans
une cour féerique déjà par sa forme originale, échancrée par un immense palais féodal,
ayant à sa gauche la belle Loggia dei Lanzi; —■ la nuit peuplée de spectres n'est pas
plus mystérieuse que ce chef-d'œuvre d'Orcagna, avec ses groupes et statues s'agitant
sous les cintres, tandis que vers le milieu de la place se dessinaient les nymphes et les
faunes de la fontaine de XAmmanato. Les siècles mis en scène, par leurs œuvres caracté-
ristiques, semblent s'être réfugiés à l'ombre du Palazzo Vecchio, tant de fois centenaire, et
sur ses vastes flancs brunis, et dans la cour accidentée, lumières et ombres produisent un
effet magique; — plus haut que l'altier campanile et sa couronne armée, la pleine lune
brillait dans le bleu étoilé.

Encadrement de F. Magnini, tiré de l'ouvrage intitulé : « L'Augusta ducale Basilica dell' Evangelista San Marco, etc.,

in Venezia, MDCCLXI, presso Antonio Zalta. »
 
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