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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

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Heulhard, Arthur: Art dramatique, [7]
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Vandalisme
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VANDALISME.

marquée pour les personnages mûrs. Ce n'est pas faire injure à
MmB Lagrange, excellente comédienne d'ailleurs, que de cons-
tater qu'elle n'est plus d'âge à jouer à la poupée et à sauter à
la corde. Il est évident, même pour un directeur de cirque,
qu'elle est impropre à tenir le rôle de Cécile dans la Joie de la
maison, rôle de jeune fille qui a conservé quelque chose de
la petite fille. Mm0 Lagrange l'a-t-elle exigé pour reparaître
devant le public parisien? J'en doute, et, en tout état de
cause, c'était à M. Koning à lui démontrer la témérité presque
ridicule de la tentative. Si, au contraire, elle ne l'a point
réclamé, que penser d'une telle équipée directoriale ? La
pièce, qui passe pour une des meilleures du répertoire, en a
été rudement atteinte. Il fallait relever ses grâces un peu fanées
d'une pointe de jeunesse et de nouveauté, faire vibrer ses
cordes attendries avec un léger souffle de fantaisie moderne et
parisienne : on nous a montré presque du doigt ses fatigues et
ses rides. Aux côtés de Mme Lagrange qui a, je le répète, tous
les talents hormis le parfum de la quinzième année, son mari,
M. Lagrange, reprenait le rôle créé jadis par Félix. On ne peut
lui refuser une pratique consommée des planches et un vrai
mérite de comédien; mais ces qualités ne tiennent point
contre le défaut qu'il a d'avoir à peu près perdu le ton et les
manières de Paris. Toutefois, on se sent en face d'un artiste
de ressources qui corrigera ce qu'il y a maintenant de vicieux
et de suburbain dans ses façons de parler et d'être. La morale
de cette représentation de la Joie de la maison est que Landrol,
acteur correct et très convenable au second plan, a produit
l'effet d'un roué de la scène, d'un de ces sacripants d'acteurs à

qui rien ne résiste. Il n'était pas permis de s'attendre à une
conclusion semblable, et M. Landrol ne nous y avait pas
habitués.

Avant la Joie de la maison, le spectateur a droit à l'Alouette,
petite comédie de M. Albert Wolff, qui plaide la réhabilitation
des belles-mères, et à Première Querelle, monologue inédit de
M. Bilhaut. Ce jeune auteur n'en est point à son premier
monologue : le Hanneton se classe parmi les plus piquants que
débite Coquelin cadet. Première Querelle, malgré l'autorité de
Saint-Germain, n'a pu vaincre l'extrême réserve du public, et
pourtant c'est un acte d'accusation contre les belles-mères !
Admirable matière à mettre en monologue ! Tout ce qui se
dit, au théâtre, contre les avocats, les médecins et les belles-
mères, a le privilège d'amuser : on citera Première Querella
comme une exception à cette règle.

L'Ambigu a recommencé ses représentations par les Mou-
chards ; c'est peloter en attendant partie. Le drame n'a jamais
exercé d'attraction invincible sur les Parisiens, mais il contient
un rôle capital pour Dailly, et Dailly, conquérant du boulevard
du Temple, traîne derrière son char tout un peuple d'esclaves
enchaînés. Ce Dailly n'a qu'à cligner de l'œil d'une certaine
façon pour déchaîner des rires inextinguibles. On pardonnerait
à Lacressonnière de confondre ses rôles les uns avec les autres;
il en a tant appris ! Mais voici qu'il les oublie et que le souffleur
est obligé de les dire à sa place. Le public perd au change.

Arthur Heui.hard.

VANDALISME1

XVI

Belgique. — M. Jan (sic) Van Beers est un artiste flamand
qui est venu s'installer à Paris où il occupe une place aussi
honorable que modeste. Ce n'est pas qu'il n'ait beaucoup de
talent, mais il l'a gaspillé à plaisir en s'appliquant studieuse-
ment à tirer coups de pistolet sur coups de pistolet qui tous
ont fait long feu; les badauds ne s'y sont pas même laissé
prendre, bien qu'à Paris ils soient plus nombreux et plus gobe-
mouches que partout ailleurs. Mais les mouches de M. Van
Beers manquaient absolument d'originalité sincère et la foule,
en tous pays, est instinctivement rebelle à toute originalité
cherchée, tapageuse et pénible. Avec tout ce qu'il faut pour
être quelqu'un, M. Van Beers en est encore, tout comme à ses
débuts, en quête laborieuse d'une manière qui l'impose. Le
public continue à faire la sourde oreille, le trouvant, plus que
jamais, affecté, ondulant et divers. C'est ainsi que le Yacht « la
Sirène », exposé cette année au Salon, sous le n° 2295, n'y a
obtenu, malgré tous ses mérites, qu'un fort mince succès de
curiosité passagère.

De Paris, ce tableau a émigré à l'Exposition générale
des Beaux-Arts de Bruxelles où il figure sous le n° 767, et
où il brille d'un facile éclat exceptionnel au milieu du plus
effroyable amoncellement de croûtes dont nous ayons souve-
nance. Les trois quarts des toiles exposées à Bruxelles étaient
en effet inadmissibles par n'importe quel jury sérieux. L'écra-
sante supériorité de M. Van Beers a eu pour résultat de mettre
en mouvement l'envie des bons petits camarades et de leur sug-
gérer une indigne calomnie. On s'en est allé répétant partout
que M. Van Beers appelait la photographie à son aide. C'est

I. Voir l'Art, 5e année, tome I", pages i53, 2o5 et 274; tome III, page I
1 [Q, 1S7 et 3o5 ; 7e année, tome II, page 91 ; tome III, page g3.

Tome XXVJ.

si parfaitement bête qu'on ne s'en serait pas occupé si — ceci
est plus grave — des critiques ne s'étaient, hélas ! avisés de
faire chorus.

Tout homme qui a le sentiment vrai de sa propre dignité,
ne s'abaisse jamais à répondre à un mensonge ou à une calom-
nie. M. Jan Van Beers, qui a une très réelle valeur, ne sut pas
tenir cette conduite; il eut le malheur de prendre la chose au
tragique et de protester en proposant à ses tristes détracteurs
un pari dont les conditions étaient sans réplique. Inutile d'a-
jouter que ceux-ci s'empressèrent de ne pas l'accepter. La
seule réponse qu'ait reçue le peintre, la voici; nous l'emprun-
tons à l'Indépendance belge. On lit dans son numéro du 5 sep-
tembre :

« Depuis l'ouverture du Salon de Bruxelles, les envois de
M. Jan Van Beers, Lili et le Yacht « la Sirène », sont à la fois
très admirés et très discutés. Le public fait queue devant ces
deux tableaux. Plusieurs artistes font la moue, prennent des
airs entendus, déclarent qu'il est impossible de peindre de la
sorte sans tricher, et que l'artiste a reporté sur toile des photo-
graphies qu'il a ensuite coloriées. Quelques critiques se sont
fait les échos de ces racontars. De là des polémiques assez
vives. M. Van Beers proteste, offre des paris qu'on ne tient pas
et menace ses détracteurs de procès auxquels sans doute il ne
donnera pas suite. On ne parle que de cela dans Bruxelles.

« L'incident n'était que ridicule. Il vient d'avoir un dénoue-
ment éminemment regrettable, et dont nous rougissons pour
notre ville. Hier, un curieux, un envieux peut-être, un maître
sot dans tous les cas, pour ne pas dire un immonde coquin,
profitant de la distraction et de la négligence du gardien, à
qui l'on avait pourtant recommandé une surveillance toute

41; tome IV, page 23; 6e année, tome 111, pages 46 et 2S3; tome IV, pagiS4I,

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