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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

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Faucon, Maurice: Exposition des envois de Rome à la Villa Médicis
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64

L'ART.

et dans ses trois planches de Renaissance (ordre inférieur du
Palais Pesaro à Venise, plafond du Palais-Royal à Venise,
tombeau du comte Ugo à la Badia de Florence), s'est attaché
non seulement à donner le dessin précis des ouvrages qu'il
reproduit, mais à présenter leur physionomie vivante, avec la
couleur et le sentiment d'un peintre. M. Bcavette (ir(! année),
ne s'occupant que de restaurations, a moins visé à l'effet qu'à

l'exactitude dans son Portique du Tabularium, dans les
deux planches qu'il consacre au forum civil et au forum trian-
gulaire de Pompei, dans le temple d'Hercule à Cori, dans
une arcade du temple de Marcellus. La première qualité de
toute restauration est une précision minutieuse et scienti-
fique.

Maurice Faucon.

CCLVII

Physiologie du Curieux, par Edmond Bonnaffé. Un volume
petit in-8° de 46 pages. Paris, Jules Martin, 18, rue Séguier.
1881.

Ce pétillant petit volume devrait s'appeler Physiologie du
Curieux par lui-même. Apelle seul était digne de faire le
portrait d'Apelle. La modestie bien connue de l'auteur s'est
seule opposée à l'adoption de ce titre, qui n'en est pas moins
le véritable. Quis Lepido lepidior? Quis Apelle apellior ?

M. Bonnaffé a toutes les qualités requises pour un pareil
ouvrage. Il a l'œil qui observe et qui scrute, ce qui est rare;
mais chose plus rare encore, il a l'impartialité, ce haut esprit
de justice qui lui permet de reconnaître et de proclamer les
travers de ses confrères sans qu'il se croie obligé de ne pas
voir leurs vertus.

C'est là une qualité extraordinaire dans la confrérie dont
il est m»mbre, car rien n'est plus vrai que l'addition qu'il a
faite à l'adage de Hobbes : Homo homini lupus, disait le philo-
sophe anglais, dont le latin n'avait certainement pas prévu la
progression que nous donne la Physiologie : Fœmina fœminœ
lupior, curiosus curioso lupissimus.

Cette race des curieux, s'il faut en croire son peintre, est
en effet une race bien particulière et dont les instincts
paraissent être naturellement cruels et sanguinaires : « des
voyageurs assurent qu'ils pratiquent l'anthropophagie, mais
entre eux seulement ; on les a vus dévorer leurs semblables dans
l'intimité. » Ces mœurs sont horribles et l'auteur sent bien
qu'elles sont de nature à soulever la réprobation universelle.
Aussi n'affirmc-t-il pas, il procède par insinuation : des voya-
geurs assurent. Soyez certains que ce n'est là qu'une pré-
caution oratoire et que ces mœurs déplorables, que sa franchise
ne lui a pas permis de dissimuler entièrement, ne sont que
trop réelles.

Il importe d'autant plus de le constater que le soin même
que prend l'auteur pour atténuer le vice de ses confrères' l'en
sépare davantage et fait, par opposition, ressortir la mansuétude
relative de sa nature.

Ce qui est sûr, c'est que si notre curieux n'imite pas en
tout ses confrères, il les connaît bien. Cette physiologie est
une série de portraits où les initiés sous les chiffres pourraient
mettre des noms. Nous vovons défiler une série de masques
transparents : Matteo, Beauvoir, Babouk, Gog, Magog, Valentin,
Silvio, Valère, Laerte, Ferragus, Chalamel, Beauchêne , Pom-
ponius, Peregrinus, Eudore, Fcrvacques, Salomon, Ascanio,
Lucullus. D'autres n'ont pas de noms et n'en sont pas moins
reconnaissables pour les contemporains. Un jour on cherchera
les clefs, comme pour les Caractères de La Bruyère.

Ce n'est pas là d'ailleurs la seule ressemblance qu'on puisse
signaler entre la Physiologie du Curieux et les Caractères.
La Bruyère aussi était un curieux, un curieux de lettres, qui a
quelque peu maltraité les curieux des autres catégories. « De
la part d'un confrère, remarque l'auteur, cela n'a rien de sur-
prenant. » C'est le contraire en effet qui pourrait surprendre,
puisque c'est là, dit-on, un des traits essentiels du curieux.

Il est vrai cependant que, depuis La Bruyère, le curieux
s'est quelque peu modifié. Il ne se contente plus de composer
des cabinets d'histoire naturelle et de collectionner des tulipes,
des chenilles et des canaris. Ce qu'il collectionne aujourd'hui,
ce sont les chefs-d'œuvre d'art qui sans lui périraient ignorés,
et qui servent à reconstituer l'histoire de l'esprit humain. Le
curieux n'est plus seulement un égoïste qui « n'a de goût que
pour ce qu'il a et que les autres n'ont pas ». M. Bonnaffé
remarque avec raison que de nos jours la curiosité est trop
souvent un goût pour ce que les autres ont et ce qu'on n'a pas.
Le véritable curieux, le seul digne de ce nom, est celui qui
aime les belles choses, non parce qu'elles sont à la mode, mais
parce qu'elles sont belles : « la recherche exclusive du beau
détermine le caractère de l'amateur et le distingue du collée-
 
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