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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

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Vallet, E.: Exposition de la Société des Amis des Arts de Bordeaux
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EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE BORDEAUX

Si on compare cette exposition à celles qui l'ont précédée,
on constate que sa valeur générale s'est maintenue, au moins,
au même niveau. C'est dire qu'elle a été intéressante et assez
riche en bonnes choses. Le livret contenait 577 numéros, chiffre
respectable même pour une grande ville. Les paysages et les
tableaux de fleurs y étaient, comme toujours, en majorité.
Les fleurs surtout se sont épanouies avec une abondance
exceptionnelle. C'est un des caractères du Salon bordelais.

L'administration des beaux-arts n'a prêté cette année
aucun ouvrage de peinture ou de sculpture à la Société. Cette
lacune est regrettable. Les envois qui provenaient de cette
source avaient une incontestable utilité. S'ils n'étaient pas tou-
jours de premier ordre, ils avaient du moins un mérite sérieux
et les qualités sincères ou élevées qu'on y trouvait leur don-
naient un prix particulier parmi tant du tableaux faits pour la
vente. Espérons que l'administration des beaux-arts voudra

M"0 L. Abbéma avait exposé l'année dernière un petit
portrait de femme qui avait attiré l'attention. Nous la retrou-
vons cette année avec une peinture plus vaste, qui représente
une Amazone près de monter à cheval et debout sur le perron
d'une maison de campagne. Placée au centre du tableau, la
jeune femme semble un peu trop préoccupée de la correction
de son attitude. A part ce léger défaut, la peinture est d'une
belle qualité. Le fond surtout est charmant et d'un sentiment
très parisien. M. Manet est représenté par un croquis à l'huile,
la Rue Mosnier le jour d'une fête nationale. Toile grise, par-
semée de taches tricolores; une voiture arrêtée; quelques
silhouettes de passants. Tout cela est indiqué sommaire-
ment; mais cette esquisse est pleine de lumière, et rend assez
bien l'effet d'une rue qu'on regarderait par une fenêtre ouverte,
de l'intérieur d'un appartement.

Tout près de la toile de M. Manet on rencontre l'Amiral

bien, l'année prochaine, repren- Carlo Zeno de M. A. Maignan.

dre sur ce point la tradition
interrompue.

On trouve ordinairement
dans les expositions de province
une œuvre maîtresse, une pein-
ture qui attire plus que les autres
l'attention des visiteurs. La pièce
capitale de l'exposition de Bor-
deaux est le Portrait de M. de
Taupa, par Bonnat. C'est un
buste d'une intensité de vie éton-
nante, exécuté avec une science

Ce tableau était, on s'en sou-
vient, au Salon de Paris l'année
dernière. C'est un des meilleurs
de l'exposition. On apprécie le
sentiment élevé qui s'y manifeste,
le caractère des deux figures et
les qualités de l'exécution. La
jeune fille principalement, bien
qu'elle paraisse un peu petite à
côté des armes et des étendards
qui forment le trophée des an-
ciennes victoires de son père, a

et une sûreté de main qu'on ren- Tfo; fv'IStewHftx'mj. une grâce mélancolique et une

contre bien rarement. Au point
de vue de la vérité, ce portrait ne
laisse rien à désirer. Le rendu
est même poussé si loin qu'il a
comme un côté inquiétant. On se
demande si une telle préoccupa-
tion du relief n'est pas de nature
à affaiblir la note d'art, en ne

expression de piété filiale vrai-
ment touchantes.

Je signalerai maintenant la
Vedette, de M. R. Princeteau.
Cet artiste peint supérieurement
les chevaux. Son tableau est
d'une facture excellente, d'un
modelé solide et bien reflété ; il
laissant presque rien à deviner. < ^ -""f*> ~- 'h~* J-—~ <-^-~ „■■ exprjme avec force l'impression

Morceau de maître, en somme, Le Tribunal. de solitude et de danger couru

qui rappelle les procédés de la Dessin de P. Salzedo, d'après l'une des figures de son tableau. qu'éveille le sujet. Tout autre est

, 1 . 1 1 1 (Exposition de la Société des Amis des Arts de Bordeaux.) , ,.,r ~ .

sculpture par la manière dont les 1 1 au"«« ae> jg caractere j ^;((, Source en .-In-

différents plans sont indiqués, en vergue, par M. Ch. Landelle. La

même temps qu'une eau-forte de Rembrandt par le travail qui
accentue le modelé.

L'œuvre de Bonnat me fait songer à une autre peinture
qu'on eut rencontrée avec un vif plaisir à l'exposition. Je veux
parler d'un délicieux portrait d'enfant que Carolus Duran a
peint l'année dernière à Arcachon. De grandeur naturelle,
habillé de rouge, nu-tête et les cheveux retombant sur les
épaules, l'enfant est vu de face et regarde le spectateur. Faite
en quelques séances et cependant très ressemblante, cette
peinture a la largeur et le brio des meilleurs ouvrages de
l'excellent portraitiste. J'ai lieu de penser que le possesseur de
cette toile la fera figurer à la prochaine exposition de la Société.

M. F. Langée a envoyé une grande composition intitulée
Serviteur des pauvres. Ce tableau, plein de savoir et de talent,
est le contraire des précédents : il laisse le spectateur assez
froid, malgré toutes les qualités qu'il contient. On voudrait y
trouver une exécution plus vigoureuse et plus en harmonie
avec la dimension de la toile. Les ligures n'ont peut-être pas
une réalité suffisante ; elles s'estompent, sans qu'on en voie la
raison, dans une sorte de lointain produit par des colorations
trop égales et un dessin trop effacé.

source est personnifiée par une jeune femme appuyée sur 1 urne
traditionnelle, au milieu d'un paysage qui ressemble à un décor
d'opéra. Un rayon de lumière glisse à propos sur son épaule
nue et scintille sur les feuilles d'un arbuste voisin. Ce panneau
décoratif n'a pas la prétention d'être une traduction de la
nature. C'est une agréable fantaisie, habilement peinte ; elle
répond au goût d'un assez grand nombre d'amateurs pour les-
quels la vérité a peu de séduction. Une figure empruntée à
un monde qui n'a rien d'imaginaire, c'est la Diogenia, de
M. L. Abry. Diogène cherchait un homme : le nom qui sou-
ligne la peinture de M. Abry expliquerait au besoin le sujet, si
le type et la toilette de la personne représentée n'avaient une
éloquence suffisante. Il est vrai que l'auteur a mis au service
du sujet qu'il lui a plu de choisir un véritable talent. Les
vêtements et les accessoires révèlent une main exercée; on
trouve la, au point de vue de la facture, des qualités qui
méritent de ne point passer inaperçues.

Les Fleurs des champs de M. V. Lcclaire, et les Fruits de
M. P. Bergeret, se font remarquer à juste titre parmi les toiles
du même genre que contient l'exposition. Il y a beaucoup de
fraîcheur et d'éclat dans le premier de ces tableaux. Le second
 
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