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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

DOI article:
Brès, Louis: Les peintures décoratives du Cercle artistique de Marseille
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https://doi.org/10.11588/diglit.18879#0177

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Dessin de E. Lagier, d'après son panneau. (Exposition du Cercle artistique de Marseille.)

L E S

PEINTURES DÉCORATIVES DU CERCLE ARTISTIQUE DE MARSEILLE

n a cru pendant longtemps que la décoration
intérieure des édifices ne comportait que l'em-
ploi de figures allégoriques et mythologiques.
Les scènes et les personnages de la vie réelle
en étaient rigoureusement exclus ; les paysages
eux-mêmes, qui se prêtent si bien par leurs masses et leurs
horizons à la création de grandes surfaces aérées, n'étaient
guère employés, sinon comme cadres à des figures de
convention.

Il était réservé à notre époque, si féconde en tentatives
hardies, de rompre avec ce que cette tradition avait d'exclusif.
L'interprétation plus intime et plus émue de la nature vient
fournir de nouveaux éléments à la décoration des édifices.
Ainsi que le faisait remarquer ici-même M. Burty dans son
étude sur le Salon de 1880, déjà les municipalités demandent
pour la décoration de leurs écoles et de leurs mairies des
sujets empruntés à leur propre histoire et à leur milieu même.
Des cercles de grandes villes sont entrés hardiment dans
cette voie.

Le Cercle artistique de Marseille, sans y avoir songé peut-
être et assurément sans avoir eu la prétention de se rallier à
une doctrine ou à un système, vient de réaliser de son côté
une tentative de décoration fort originale et qui, par la variété
de ses éléments et par la franchise de certains morceaux,
permet de juger de ce que l'on peut attendre du nouvel art
décoratif. Ajoutons que cette décoration a été exécutée par
des artistes membres du Cercle, sans programme déterminé.
Chaque peintre, après avoir choisi son panneau, avait été
laissé libre d'en fixer le sujet et de l'interpréter à sa guise.

L'œuvre collective ne pouvait manquer de piquants contrastes.
L'effet ne laisse pas que d'être harmonieux tout en étant des
plus saisissants.

On a décoré ainsi la salle du restaurant, une salle à l'ita-
lienne formant pas-perdus et le grand escalier.

La décoration de la salle du restaurant comporte six
grands panneaux et cinq petits, ces derniers disposés en
manière de dessus de porte ou de cheminée. Les grands
panneaux comprennent : un Cuisinier, par M. Torrents; un
Souvenir de Venise, par M. Maglione ; une Vue de Monle-
Carlo, par M. Michelon ; une Marine, par M. Bouillon-
Landais ; des Poules et Coq, par M. Dauphin, et un Ruisseau,
par M. Viguier. Dans les petits panneaux nous trouvons : un
Paysan couché, par M. Moutte; Pierrot et Arlequin, par
M. Rave; un Embarquement dans un parc, par M. Mirallès-
Darmanin ; une Odalisque, par M. Lagier; des Fleurs, par
M. Camoin.

Le Cuisinier de M. Torrents, une figure grande comme
nature, attire tout d'abord les regards. Le puissant parti pris de
la couleur est pour beaucoup dans l'intensité de l'impression.
Le peintre ne s'est guère servi que du blanc et du noir, sans
verser toutefois dans la manière de Ribot. Ses noirs sont
reflétés et transparents, ses gris sont puissants, ses blancs sont
tièdes. La pâte, d'une belle coulée, ne trahit ni la fatigue ni
l'effort.

La composition est sur une donnée assez naturaliste. Ima-
ginez, dans une salle basse d'office, un jeune garçon revêtu
de la livrée blanche des cuisiniers, pâle et blond, gravement
occupé devant une table à entourer de roses une superbe tête
 
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