Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

DOI Heft:
Notre bibliothèque
DOI Heft:
Expositions
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18879#0111

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
EXPOSITIONS.

95

eu fort à se plaindre du cardinal de Rohan, et ce fut sans
doute par l'influence de ce triste personnage que le mémoire
de Hannong fut supprimé avec un soin si vigilant.

L'autre client de M. Champfleury n'est pas tout à fait un
inconnu: Voltaire l'a vengé des oublis de la grande histoire;
le nom de Léonard Racle figure plus d'une fois dans la corres-
pondance du patriarche, mais l'ingénieur a trop fait oublier le
faïencier: l'on ne sait pas au juste actuellement quels étaient
les grands ouvrages vendus par lui « à des gens qui payaient ». j
Bien qu'Amanton ait consacré à Racle quelques pages, analy-
sées encore par Chardon de la Rochette, bien que tous les bio-
graphes de Voltaire l'aient mentionné parmi ses commensaux,
on peut dire hardiment, avec M. Champfleury, que tout est
à trouver sur ses travaux céramiques : « Comme un érudit a
besoin d'être attaché à une longe solide, ajoute-t-il, pour ne
pas s'échapper, visiter Versoix, Pont-de-Vaux, Dijon, Ferney,
avec l'espoir de rapporter des gerbes de documents ! »

Espérons, sans trop y compter, que le vœu de M. Champ-
fleury sera entendu de quelque érudit bourguignon et que nous
saurons un jour à quoi nous en tenir sur le sort de la manu-
facture de Pont-de-Vaux, ainsi que sur la destruction totale (et
par conséquent bien invraisemblable) de ses produits.

Maurice Tourneux.

CCLXI

Bernard Palissy, par Gustave Geffroy. — Librairie d'édu-
cation laïque, 1 bis, rue Hautefeuille, Paris.

Nous sommes heureux de pouvoir signaler aux lecteurs
de l'Art cette excellente étude de notre collaborateur. Vulga-
riser les connaissances artistiques, et surtout les mettre à la
portée de l'enfance, est une des missions les plus louables que
puisse se donner un écrivain d'art. Il nous faut nous adresser
aux jeunes intelligences, non encore figées ou atrophiées par
les préjugés, si nous voulons arriver à former un public, ce
public sans lequel il ne saurait y avoir de véritable éclosion
artistique.

C'est surtout dans la vie d'un grand homme que l'on peut
rencontrer l'enseignement qui convient à la jeunesse, car là se

trouve tout l'intérêt qui réside dans le document humain, et
aussi la réciprocité, l'enchevêtrement naturel des choses qui
permettent d'éclairer l'homme par le milieu et le milieu par
l'homme.

M. Gustave Geffroy a à un très haut degré cette grande
qualité qui fait revivre un individu et une époque et les place,
animés, palpitant, agissant sous les yeux du lecteur fasciné :
la sympathie. C'est à cette sympathie qu'il doit les colorations
chaudes de son style, les élans qui le font participer à la vie
de son héros, qui lui permettent d'être de son temps, de
pénétrer familièrement dans le pauvre et sinistre intérieur du
génie incompris, raillé, insulté, en proie à l'âpre misère, aux
reproches en apparences légitimes des siens, de la grande
figure qu'il a évoquée du passé. M. Gustave Geft'rov souffre
réellement des douleurs trop fortes qui font chanceler à certains
jours la noble victime comme un homme ivre ; il partage ses
enthousiasmes, ses accablements, sa foi inébranlable. Il suit
Palissy dans ses promenades solitaires, au sein de la nature
qu'il rêve d'éterniser par la toute-puissance de l'art; son œil
pénètre avec les siens sous les herbes, à travers les eaux
transparentes où grouillent les animaux, serpents, grenouilles,
coquillages, écrevisses, que nous retrouverons au Louvre sur
les plats émaillés du maître. Il éprouve une envie folle d'aider
le malheureux dans son œuvre de destruction lorsqu'il jette
dans le feu, à l'heure suprême, les clôtures de son jardin, les
poutres de son toit, le mobilier de sa maison, le parquet
arraché par ses mains sanglantes. Aussi, à l'heure bénie du
triomphe, partage-t-il son délire, nous faisant sentir toute la
grandeur du succès obtenu.

Les jeunes gens trouveront un enseignement sain et viril
dans l'ouvrage de M. Geffroy, les gens du monde un bon
moment à passer, les amis des arts un travail sérieux et inté-
ressant. Aucun d'eux ne le quittera sans l'avoir fini entière-
ment.

Nous ne pouvons que féliciter M. Perrinelle, le sympa-
thique administrateur de la Librairie d'éducation laïque, d'avoir
songé au rôle de l'art dans l'éducation et de s'être adressé à la
plume autorisée de notre collaborateur. Il ne pouvait faire un
meilleur choix. Nos compliments aussi au charmant illustra-
teur du volume, M. A. Denis.

Pedro Ri oux-M a 11. i.ou .

EXPOSITIONS

France. — Le 1 1 juillet s'est ouverte, au Cercle de la
Librairie et de l'Imprimerie, boulevard Saint-Germain, 117,
une exposition d'estampes des plus intéressantes.

En ce qui concerne l'exposition de gravures anciennes,
M. le baron Edmond de Rothschild et M. Eugène Dutuit,
avec une rare générosité, ont permis aux membres du comité
d'organisation de puiser dans leurs portefeuilles pour en extraire
un certain nombre des magnifiques estampes dont ils sont
possesseurs. Le choix étant difficile en présence de tant de
richesses, il a fallu, faute d'espace, se restreindre ; on n'a donc
admis que des pièces de premier choix.

On trouve dans cette exposition, entre autres merveilles :
Une des sept Planètes de Botticelli, qui manquent à toutes les
collections françaises; — L'épreuve de la Pièce aux cent
florins, de Rembrandt, payée récemment par son possesseur
actuel la somme de 3o,ooo fr.; — Les planches les plus rares
de Martin SchongaUer, d'Albert Durer et de Marc-Antoine
Raimondi.

Enfin, notre école française est représentée par les spéci-
mens les plus rares, dans des conditions exceptionnelles.

Il convient encore de signaler parmi les pièces véritable-
ment hors ligne : Le Portrait du bourgmestre Six, de Rem-
brandt, acquis 17,000 fr. à la vente de M. Didot; et la plus
belle épreuve connue de la Poésie, de Marc-Antoine, prêtée
par M. Hubert qui en devint possesseur à la suite du décès de
M. de La Salle.

Parmi les œuvres plus modernes, le Bal et le Concert,
gravés par Duclos, d'après Augustin de Saint-Aubin, épreuves
avant la lettre et avant la bordure, représentent dignement une-
phase de notre école, à laquelle on accorde aujourd'hui une
faveur toute particulière.

En ce qui concerne l'exposition des produits de la gravure
moderne, leur nombre est si grand et leur valeur si importante,
qu'il nous est impossible d'entrer dans le moindre détail.
Bornons-nous donc à dire qu'on y rencontre les œuvres les
plus remarquables de la taille-douce, de l'eau-forte, de la
gravure sur bois, de la lithographie et des procédés si inté-
ressants et si variés qui ont pour base la photographie.

Angleterre. —• Le 18 juillet s'est ouverte à Windsor, à
l'Albert Institute, sous le patronage de la Reine, du Prince et
 
Annotationen