L' art: revue hebdomadaire illustrée (7.1881 (Teil 3))

VANDALISME.

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N° 116. Soupière ablongue avec couvercle surmonté d'un
serpent, formant anneau, faïence de Rouen. — 1,4'3o fr., à
M""' Besnard.

Le total de la vente s'est élevé à 184,304 fr., dont
149,673 fr. pour les tableaux.

Il a été publié un catalogue illustré fort convenable. Il n'y
a à regretter que l'absence de deux sortes d'indications très
utiles : pas la moindre mention des signatures des artistes ni
de la matière — toile ou panneau — sur laquelle sont peints
les tableaux.

Les quatre eaux-fortes de MM. Vion, Champollion, Milius
et Charles Courtry sont bien ce qu'on attendait d'eux, c'est-
à-dire de sincères documents à l'appui exempts de toute

trahison, ainsi qu'il convient pour un catalogue de vente
publique. Le graveur ne fit-il qu'un simple croquis, il faut
toujours qu'il donne une idée juste de l'œuvre qu'il traduit,
sinon il s'expose tout naturellement au reproche de manquer à
la confiance qu'on a placée en lui. Au lieu d'aider au succès
de la vente — ses planches ne lui sont jamais, en pareil cas,
commandées dans un autre but — il nuit au résultat des
enchères du moment où il massacre les gravures auxquelles
il avait à apporter ses soins les plus consciencieux. Quand on
le prend de haut, comme la plupart des artistes qui se distin-
guent par une susceptibilité sans bornes, on est tenu plus que
personne à se souvenir que la femme de César ne doit pas même
être soupçonnée.

VANDALISME1

XIV

Angleterre. —On en est décidément arrivé à Londres au
delirium tremens absolu en matière de barbouillage des
façades; l'épidémie sévit même sur les édifices publics.
L'église Saint-Philippe dans Regent Street en est une
preuve nouvelle et plus hideuse que jamais. C'est vraiment
bien la peine de faire les immenses sacrifices que s'impose le
pays en vue du progrès artistique, pour arriver à afficher une
pareille débauche de mauvais goût! Et cfire qu'il se rencontre

un tas de Snobs qui vous proclament ces badigeonnages
féroces very œslhetic, indeed! ! !

XV

Italie. — On a tant et tant crié, d'un bout du monde à
l'autre, que les démolisseurs n'ont pu porter la main sur Saint-
Marc sous prétexte de restauration radicale urgente. La leçon
paraissait suffisante et l'on se croyait en droit de compter que

Ponte Panada, Fondamenta nuova, a Venise. — Dessin d'Ettore Tito.

les barbares n'essayeraient plus de longtemps d'opérer à
Venise. On se trompait. Il y a là une Commission conser-
vatrice (!) des monuments qui tient décidément à se faire une
célébrité en modernisant la ville des Doges.

Son esprit de conservation vient de décider la destruction
du Ponte Panada, Fondamenta nuova, pour le remplacer par
un pont en fer dont la construction coûtera 14,000 fr., somme
avec laquelle on consoliderait parfaitement le vieux pont, le
dernier de ce genre qui reste à Venise.

Nous devons à l'obligeance de M. Cecil van Haanen,
l'éminent artiste hollandais, la communication d'un dessin

de M. Ettore Tito représentant le pittoresque Ponte Panada.

Les protestations n'ont pas manqué contre le projet des
démolisseurs et la moins énergique, la moins compétente n'a
pas été celle du Circolo Artistico. Elle n'a cependant pas été
plus écoutée que les autres par l'entêtement de la Commission
conservatrice des monuments qui semble prise du vertige de
supprimer tous les souvenirs du passé qui font de Venise une
ville unique et constituent sa seule attraction aujourd'hui. Que
deviendrait-elle si elle cessait d'être un but de pèlerinage
artistique, par le fait de ceux là mêmes qui devraient respecter
les moindres traces de son illustre passé ?

1. Voir l'Art, 5= année, tome I", pages 1 53, [54, = o5 et 274; tome III, page [41 j tome IV, page 23; 6° année, tome III, pages 46 et 283 ; tome IV, pages 41,
119, 187 et 3o5, et 7" année, tome II, page yi.

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