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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

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Leroi, Paul: L' Exposition de Lille, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18879#0320

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Frise tirée de l' « Orthographia » de Joh. Daniel Preisler.

Mon

L'EXPOSITION DE LILLE

Lettre tirée d'un Ovide de i65i.

e Catalogue est précédé
d'une brève introduction
qui débute ainsi :

La dernière exposi-
tion d'œuvres d'art, à
Lille, date de 1866. On
se souvient encore du suc-
cès éclatant qu'elle obtint.
Jamais en aucune ville
de province on n'avait
réuni autant de belles œu-
vres, et, sous tous les rap-
ports, les résultats de cette
heureuse entreprise dépassèrent beaucoup les prévisions des
organisateurs, les espérances des artistes et du public.

Après une telle réussite, on devait croire que des tentatives
du même genre ne se feraient pas attendre. Malheureusement,
le local de 1866 étant une construction temporaire, dont la
durée ne devait point dépasser celle de l'exposition même,
longtemps on manqua d'un emplacement convenable. Mais le
palais Rameau s'éleva sur les plans dressés par MM. A. Mour-
cou et H. Contamine, et dès que ce vaste édifice fut terminé, on
put songer à l'utiliser au profit d'une manifestation artistique.

La Commission du Musée de peinture et celle du Musée
Wicar furent alors chargées, par M. le Maire de Lille,
d'étudier l'organisation d'une exposition, puis de la préparer.
Le Conseil municipal vota ensuite, généreusement, les subsides
nécessaires, et le Sous-Secrétaire d'État des Beaux-Arts promit
son précieux concours, annonçant que plusieurs des principaux
ouvrages acquis par l'Etat figureraient à l'Exposition lilloise.

M. Rameau, dont le palais porte le nom, était un amateur
passionné d'horticulture, qui légua une somme importante
pour la construction d'un local permanent affecté aux exhibi-
tions florales ; la ville eut l'heureuse pensée de s'associer
largement à cet acte de munificence; il en est résulté un très
vaste édifice qui peut s'utiliser pour toute espèce d'exposi-
tions. Les tableaux y sont admirablement logés, à une légère
réserve près : le vaisseau central très élevé gagnerait singulière-
ment à être coupé par un vélum; la peinture de cette énorme
nef serait ainsi dissimulée en grande partie ; elle est d'un ton
jaunâtre absolument fâcheux et qu'aggrave une absence com-
plète de toute solution de continuité. Il ne faut guère être
connaisseur pour s'apercevoir que l'installation des six salles

disposées de droite et de gauche, est en tous points bien
préférable ; cela saute aux yeux.

II

Le succès de l'exposition de 1866 appartient à Edouard
Reynart. C'est honorer dignement sa mémoire que d'avoir
rappelé cette éclatante victoire due surtout à l'action tout à
fait prépondérante qu'il exerçait et qu'il employa sans réserve
à développer le goût des beaux-arts à Lille pendant sa longue
carrière administrative. Aujourd'hui qu'il n'est plus, on discute,
je le sais, l'importance réelle de ses éminents services, mais je
sais fort bien aussi que c'est là une criante injustice. Je n'ignore
nullement que ses lieutenants et surtout le premier, le plus
dévoué d'entre eux, Auguste Herlin, ont toujours été, assure-
t-on, de bien autres travailleurs que lui, et j'en suis, qui plus
est, pleinement convaincu ; mais la question n'est pas là. En
mettant en apparence moins que d'autres la main constamment
à l'œuvre, Reynart a-t-il fait plus que personne pour le rapide
accroissement, le brillant succès et la très légitime renommée
du Musée de Lille, voilà ce qu'il s'agit d'élucider, et c'est chose
aisée.

Moins artiste que plusieurs de ses collègues, moins
connaisseur, moins instruit même, il l'emportait sur tous
par une irrésistible influence, par une suprématie absolument
exceptionnelle d'homme du monde. Grand, bien fait, d'allures
toujours jeunes et très élégantes dans leur simplicité même,
le visage ouvert, éminemment gaulois, le ton vif, la politesse
exquise, une urbanité d'ancien régime au service d'une activité
endiablée et bien moderne, sans aucune trace d'arrogance non
plus que de modestie, mais ne doutant pas un instant de son
succès, ce qui est une force souveraine, allant toujours de
l'avant avec une persévérance qui se jouait des obstacles,
dissimulée qu'elle était sous toutes l/s séductions naturelles à
sa personne et dont on se trouvait enveloppé sans s'en être
aperçu, tel était le gentleman accompli à qui Lille doit le très
grand honneur de posséder le plus beau musée départemental
de France. Jamais on ne fut moins homme d'affaires, et jamais
on ne mit plus d'entregent au service de la meilleure, de la
plus féconde des causes, mais c'était un entregent de salon, le
plus conquérant de tous, quand on sait en jouer, et il le savait
à merveille. Il poussa le talent jusqu'à paraître constamment
de dix à quinze ans plus jeune que son âge, et, excellent mari,
d'avoir invariablement l'air aussi peu marié que possible ; les
femmes, qui tiennent avec raison à ce qu'on leur soit fidèle,
furent les premières à lui en savoir gré — elles ne seraient pas
 
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