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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

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Fouqué, Octave: Art musical, [1]: Opéra: Robert le Diable
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NOTRE BIBLIOTHÈQUE.

45

est fort intéressant au point musical, il éclaire la situation
dramatique et ajoute encore à la poignante émotion de ce
cinquième acte qui n'a qu'un tort : c'est d'être sublime après
onze heures du soir.

Nous ne voyons pas du même œil les nouveaux points
d'orgue mis dans la bouche de cette pauvre princesse Isabelle,
qui a déjà fort à faire d'exécuter le texte original. S'il ne faut
couper dans Meyerbeer que d'une main fort prudente, on doit,
ce nous semble, s'interdire absolument d'y ajouter quoi que
ce soit.

Pas grand'chose à dire de MM. Boudouresque et Villaret,
ni des jeunes débutantes. M"0 Defrane possède une voix
superbe qu'elle malmène plus que de raison; très heureuse-
ment l'organe est solide et résiste aux mauvais traitements que
lui fait subir sa propriétaire; mais ce n'est pas toujours sans
dommage pour nos oreilles. Quant à M. Dereims, il chante
élégamment —■ trop élégamment peut-être — le rôle de
Raimbaud.

M. Altès a imaginé un nouveau procédé pour diriger les
représentations théâtrales. Jusqu'ici, les chefs d'orchestre
restaient fixés vers la scène, qu'ils essayaient d'embrasser du
regard pour au besoin rallier de leurs bras les chanteurs
infidèles ou troublés. Le chef actuel abuse de ce que son

fauteuil est à pivot pour se tourner constamment vers ses
violons, et parfois même verser une confidence dans le bonnet
de ses bassons, placés derrière lui. Précieux avantage pour le
public qui, après avoir vu le chef d'orchestre de dos, peut
admirer son profil et contempler sa face. Mais qu'en disent les
chanteurs, les danseuses, et surtout les virtuoses de l'orchestre
auxquels M. Altès se croit obligé de figurer, par un geste qu'il
veut rendre élégant, l'allure et le sentiment de leur moindre solo?

Est-ce aussi à M. Altès qu'il faut attribuer l'honneur de ces
nouveaux mouvements dont l'excessive lenteur allonge outre
mesure une représentation dé à chargée et ment si étrangement
à l'intention du compositeur ? La Sicilienne du premier acte,
pour ne citer qu'un seul exemple, a été jouée dans un moderato
qui lui ôte tout son caractère. M. Altès doit s'estimer heureux
d'exercer son art devant un public parisien, c'est-à-dire indiffé-
rent ; dans tout autre théâtre d'opéra, le chef d'orchestre
payerait cher d'aussi violentes altérations.

Constatons en finissant —■ l'occasion s'en fait de plus en
plus rare — que la première représentation de Robert le Diable
a eu lieu sans un accroc, sans un accident. Les chœurs ont fort
bien chanté la valse infernale du troisième acte et, ces mouve-
ments à part, l'orchestre a été parfait d'un bout à l'autre.

Octave Fouque.

NOTRE BIBLIOTHÈQUE

CCLIV

Walter Scott illustré. —• Ivanhoë. Traduction de M. P.
Louisy. Dessins de MM. Lix, Adrien Marie, Riou et H. Scott.
— Un volume grand in-8" de 568 pages. — Quentin Durward.
Traduction nouvelle. Dessins de MM. Comte, Delort, Ad.
Marie, Pellicer, H. Pille, Sabatier et Taylor. —■ Un volume
grand in-8° de 576 pages. Paris, Firmin-Didot, 56, rue
Jacob. 1881.

Il y a cinquante ans, les romans de Walter Scott étaient à
la mode. Les traductions succédaient aux traductions et les
lecteurs ne se lassaient pas. Peu à peu cet empressement se
calma, puis s'éteignit. On ne parla plus de Walter Scott, et
les lecteurs qui s'arrêtent aux apparences purent croire qu'il
allait disparaître avec tant d'autres dans ce gouffre de l'oubli,
auquel n'échappent pas les écrivains mêmes qui ont brillé un
moment du plus vif éclat. On déclarait faux et suranné ce
genre soi-disant historique, au nom duquel les romanciers ne
fouillaient l'histoire que pour suppléer à l'insuffisance de leur
imagination, et qui, en ramenant au premier plan des épisodes
et des personnages le plus souvent secondaires, bouleversaient
les proportions vraies et ne laissaient dans l'esprit des lecteurs
que des souvenirs trompeurs.

A ce genre mixte se substituèrent le roman d'intrigue et le
roman psychologique : dans le premier, l'auteur, ne prenant
conseil que de sa fantaisie, s'efforça d'amasser, d'entasser les
péripéties les plus émouvantes, les coups de théâtre les plus
inattendus; dans l'autre, on s'appliqua à analyser et à peindre
les caractères et les passions. Alexandre Dumas et Balzac sont
les représentants les plus illustres de ces deux genres.

Aujourd'hui, le roman d'intrigue a envahi les feuilletons
des petits journaux, qui ne peuvent réussir qu'à la condition
de s'accommoder au niveau intellectuel de leurs lecteurs; et le
roman de mœurs, abusant de l'impartialité scientifique dont
il se targue, plonge dans les égouts et en rapporte des études
très fouillées, très réelles, mais souvent peu ragoûtantes.

Le moment est venu où l'on éprouve le besoin de se

reposer du fracas des péripéties qui surmènent la curiosité
dans les premiers, et de respirer un air plus pur et des odeurs
moins accentuées que celles que l'on respire dans les seconds;
et tout doucement on revient à ces lectures calmes et douce-
ment émouvantes dont le souvenir est resté dans un coin de
notre mémoire. On se rappelle que de vingt-cinq à trente ans
on a lu avec des joies sereines Ivanhoë, Quentin Durward, et
l'on sent qu'on les relirait avec un plaisir réel.

La maison Firmin-Didot a eu le pressentiment de ce
besoin moral. Elle a fait faire une nouvelle traduction des
romans de Walter Scott; elle les publie par livraisons : Ivanhoë
et Quentin Dunvard ont déjà paru, et ont reçu du public un
accueil des plus encourageants.

Nous félicitons les intelligents éditeurs, nous félicitons
surtout le public de ce succès. Il faut dire que tout a été fait
pour le mériter. Aux mérites de la traduction, qui serre de
près le texte, tout en gardant presque toujours une allure bien
française, on a ajouté, par des illustrations nombreuses, un
commentaire perpétuel, qui prend le lecteur par les yeux, et
qui rappelle ou prévoit les scènes émouvantes ou terribles, dans
lesquelles se déploie la puissante imagination de Walter Scott.

Ce commentaire illustré a du reste son éloquence propre.
Il est fait avec un soin digne du livre et de la maison qui le
réédite. Les dessins sont de Scott, de Riou, d'Adrien Marie, de
Lix, d'Henri Pille, de P. C. Comte, de T. Taylor, de Pellicer.
ce qui donne une très agréable variété, et ils sont gravés par
Huyot, qui y a mis toute sa conscience. La plupart sont bien
tirés, ce qui est extrêmement rare dans l'illustration courante.
On sent là la surveillance de gens habitués aux œuvres d'art.
Les scènes qui se passent en forêt, si nombreuses dans Walter
Scott, sont particulièrement réussies. Il y là, surtout dans Ivan-
hoë, des vignettes encadrées de feuillages qui sont vraiment char-
mantes et d'une merveilleuse finesse. Je citerai particulièrement
pour Ivanhoë celles des pages 5, 9, 11, 12, 28, 48, 123, 138,
162, 168, 186, 191, 2i5, 225, 368, SyS, 383, 489; pour Quentin
Durward, celles des pages 14, 28, 38, 72, 126, 139, 288, 491,
534, 568.
 
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