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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

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M. Got: chevalier de la légion d'honneur
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Chronique française
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https://doi.org/10.11588/diglit.18879#0186

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i68

L'ART.

La voix de l'avertisseur s'est fait entendre en ce moment.
Got a embrassé tout le monde et a eu le plaisir d'être embrassé
par toutes les dames.

Dans la salle, l'émotion était presque aussi vive que sur le
théâtre. Une quadruple ovation accueillit l'entrée de Got et
plusieurs minutes se passèrent avant qu'il pût prononcer une
parole.

Cette soirée comptera comme une des plus heureuses
dans la vie de l'éminent comédien.

M. Got est, après Samson et Régnier, le troisième comé-
dien décoré, avec cette particularité qu'il appartient encore à
la Comédie-Française, tandis que Samson et Régnier n'ont
reçu la croix qu'une fois leur retraite prise.

En rappelant ici les créations de cet artiste, nous ne ferons
qu'énumérer ses triomphes :

Le Cœur et la Dot, les Caprices de Marianne, la Pierre
de touche, le Duc Job, les Effrontés, le Fils de Giboyer, la
Maison de Penarvant, Souvent homme varie, le Dernier Quar-
tier, Il ne faut jurer de rien, Maître Guérin, Henriette Maré-
chal, Jean Baudry, Paul Forestier, la Contagion, Jean de
Thommeray, l'Étrangère, l'Ami Fritç, les Fourchambault, le

Monde oii l'on s'ennuie et les deux reprises de l'Honneur et
l'Argent et du Gendre de M- Poirier.

Ajoutons que cet excellent comédien manie fort joliment
la plume. On lui doit le livret d'un François Villon qui fut
représenté à l'Opéra et dont Membrée écrivit la musique, et
une intéressante relation du voyage de la Comédie-Française
à Londres. M. Got est, de plus, professeur de déclamation au
Conservatoire et professeur de diction à l'Ecole normale. Nous
ajouterons, pour réjouir les lecteurs de l'Art, que M. Got nous
a depuis longtemps promis sa collaboration, et qu'il prépare
en ce moment pour nous un travail important.

Par la retraite de M. Régnier et la mort de Leroux, M. Got
est devenu le doyen de la Comédie-Française.

Il est né à Lignerolles, dans le département de l'Orne.

On sait qu'il a fait de très bonnes études au lycée Charle-
magne et qu'il a été lauréat au concours général.

Après un court passage dans les bureaux de la préfecture
de la Seine, il entra au Conservatoire dans la classe de Pro-
vost. Un premier prix de comédie, remporté en 1843, le fit
admettre au Théâtre-Français. Le 3o juin i85o, il fut reçu
sociétaire.

CHRONIQUE FRANÇAISE

— Le jury du concours du grand prix de Rome (section
d'architecture) a rendu son jugement.

Le rapport préparatoire a été fait, au nom de la section
d'architecture, par M. Delaborde, secrétaire perpétuel de
l'Académie des beaux-arts.

Grand prix : M. Deglane ( Henri-Adolphe-Auguste ), élève
de M. André, né à Paris le 18 décembre 1855.

i0J' second grand prix : M. Maillart (Norbert-Auguste),
élève de M. Guadet. né le G juin i856, à la Chaussée-du-Bois
(Oise).

2° second prix : M. Julien (Albert-Joseph), élève de M. Dau-
met, né le 6 juillet i852, à Pont-Sainte-Maxence (Oise).

L'exposition publique restera ouverte aujourd'hui di-
manche.

— Les distributions de ihux : Ecole nationale des Arts
décoratifs. — La distribution des prix de l'Ecole nationale
des Arts décoratifs a eu lieu le 7 août, à neuf heures et
demie, à l'hémicycle de l'École des beaux-arts.

La cérémonie était présidée par M. L. de Ronchaud, secré-
taire général des beaux-arts, assisté de l'amiral Cloué, ministre
de la marine, ancien élève de l'École; H. Bouilhet, vice-prési-
dent de l'Union centrale; Bailly, de l'Institut, président de la
Société des architectes; Barbedienne, etc. Dans l'assistance on
remarquait : MM. Hecq, Comte, Jamain, Crost, Mayou, chefs
de bureau aux beaux-arts; MM. les inspecteurs des beaux-
arts, une g-ande députation de l'Union centrale, et tout le
personnel de l'Ecole.

Après le rapport du directeur de l'Ecole, M. Louvrier de
Lajolais, sur les travaux des élèves durant l'année, M. de Ron-
chaud a pris la parole et a loué, comme il convenait, avec le
charme et la haute compétence qui lui appartiennent, les pro-
grès des élèves. Puis, M. le ministre de la marine a pris la
parole à son tour, comme ancien élève de l'École, et dans une
improvisation pleine de bonhomie a enlevé les bravos chaleu-
reux du jeune auditoire. On a goûté particulièrement l'enjoue-
ment avec lequel l'amiral Cloué a parlé du temps où il était
élève de l'Ecole des Arts décoratifs, et où il se préparait à être
un artiste.

« J'ai été dévoyé... », a-t-il ajouté, et sur ce mot inattendu

de la part d'un ministre, et plus spirituel que respectueux pour
cette fonction élevée, les applaudissements ont éclaté.

A trois heures de l'après-midi, l'exposition des travaux des
élèves a été inaugurée à l'École des Arts décoratifs, rue de
l'École-de-Médecine.

Souscription nationale de la Presse française pour venir en aide
aux populations algériennes.

Les membres du Comité de la Presse française ont reçu
d'Oran une lettre, datée du 3o juillet 1881, dont nous extrayons
le passage suivant :

« ... Ceux qui n'ont pas été les témoins de la désolation qui
étreint notre malheureuse province ne sauraient s'en faire
l'idée. Nous sommes débordés par une misère chaque jour plus
poignante. La famine, avec son cortège de souffrances atroces
et de maladies épidémiques, se dresse devant nous plus mena-
çante qu'en 1867-1868, puisqu'il cette époque du moins, nos
colons avaient assez de ressources pour faire face au fléau et
pour tendre aux indigènes une main secourable.

« Aujourd'hui, nos colons n'ont plus rien sur leurs terres
ni dans leurs granges pour nourrir leurs troupeaux, presque
plus rien en numéraire pour acheter les grains dont ils auraient
besoin; le crédit qui a pris peur se ferme pour eux; et plus
d'un sent approcher l'heure où il n'aura plus de pain pour lui-
même, bien loin de songer à nourrir son voisin indigène. Et
sur le territoire civil on doit compter trois cent mille Arabe.;
dont la situation est absolument désespérée, à qui tout fait
défaut et que la faim décime déjà. Les bêtes de labour de ces
affamés ne trouvent nulle part, sur le sol desséché et brûlant,
un brin d'herbe ou de paille : leurs malheureux propriétaires
les traînent difficilement sur les marchés et sur les routes où
ils s'en défont à des conditions dérisoires; les bestiaux qu'ils
n'auront pas pu vendre à temps aux trafiquants espagnols qui
viennent ici s'enrichir de notre misère, seront morts au moment
où il faudra songer aux; semailles; il sera impossible de
labourer et ce ne sera plus alors une année seulement, mais
deux « années terribles » que nous aurons à enregistrer de
plus parmi nos années de disette. »

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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