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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

DOI Artikel:
Isola, Giuseppe: La Cathédrale de Gênes
DOI Artikel:
Heulhard, Arthur: Art dramatique, [7]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18879#0290

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256 L'ART.

élève de Michel-Ange. Ce dernier a fait la célèbre statue de saint Jean qui reproduit les traits
de l'amiral André Doria. En fait d'orfèvrerie, le trésor de la cathédrale contient beaucoup
d'ouvrages précieux dont nous donnerons des dessins et des appréciations.

Giuseppe Isola.

ART DRAMATIQUE

Palais-Royal : Divorçons ; la Parole de Birbansac. — Cha-
teau-d'Eau : Catherine la Bâtarde. — Gymnase : l'Alouette;
Première Querelle ; la Joie de la maison. ■— Ambigu : Les
Mouchards.

et automne fantasque et grognon vous a des
allures d'hiver qui ont mis les directeurs de
théâtre en humeur de lever leurs rampes. Le gaz
est roi : dans un coin, l'électricité, avec des airs
de conspirateur, le regarde jouir de son reste.
Depuis le 25 août, le Palais-Royal a rouvert ses portes
avec Divorçons et un acte nouveau, la Parole de Birbansac. La
jolie comédie de Sardou n'a pas eu le temps de vieillir : elle a
été jouée avec le même succès que devant par Daubray et
Céline Chaumont. Ce n'est pas que Mmc Chaumont soit l'idéal
du personnage ; il s'en faut de beaucoup. J'ai vu M1110 Aimée
dans ce rôle aux Fantaisies-Parisiennes à Bruxelles; je vous
affirme qu'elle y est de tout point supérieure à la créatrice,
avec moins de manière et plus de santé. Le troisième acte, qui
regorge de scènes scabreuses et osées, mais tolérables entre
époux, prend avec Mmo Chaumont un caractère hystérique et
maladif qu'une artiste aussi éclairée devrait à tout prix éviter.
Pour Daubray, le rôle de Des Prunelles fut une révélation et
restera toujours un triomphe. On ne pouvait guère supposer
que cet acteur, égaré dans les bas-fonds de l'opérette, eût en
lui l'étoffe d'un comédien sobre et capable de grands effets, sans
jamais tomber dans la pitrerie. Nous glisserons, sans appuyer,
sur la Parole de Birbansac : ce lever de rideau, signé de
M. de Beauvallon, lisez Janvier de la Motte fils, n'a point les
qualités requises pour arrêter l'attention de la critique. On y
rit cependant, parce que c'est l'habitude de la maison et qu'on
y entrevoit le nez généreux d'Hyacinthe.

Quelques jours plus tard, le Chàteau-d'Eau inaugurait son
exposition annuelle de crimes punis et de vertus récompensées :
c'est un théâtre où l'on tient tout ce qui concerne le mélodrame,
armoires de fer, poisons et filles séduites, poignards et lettres
anonymes, magistrats instructeurs et femmes abandonnées,
précoces débauchés et vieux ouvriers à barbe grise, francs
comme l'acier de leurs outils. Les sociétaires du Chàteau-
d'Eau vivent sur ce fonds inépuisable : c'est à proprement
parler l'art d'assassiner devant le monde et de s'en faire des
rentes. Catherine la Bâtarde, le drame fraîchement représenté,
est plein de noirceurs. L'auteur, M. Belle, n'a point cherché
les beaux tours de langue empruntés à la fleur de la rhéto-
rique; il s'est borné à construire avec une matière épaisse une
intrigue féconde*en épisodes cruels. Voir du fond des coulisses

les spectateurs avec les cheveux hérissés de terreur, c'est le
but qu'il s'est proposé. On y réussirait à moins, et cette Cathe-
rine est un monstre vomi par l'enfer. En premier lieu, elle
empoisonne sa sœur qui a le tort d'être un enfant légitime et
d'épouser un homme qui lui plaît à elle, fille bâtarde. Après
quoi, elle épouse le veuf, l'infortuné Jacques Delorme. Puis,
comme la nature l'entraîne aux excès les plus blâmables, elle
retombe sous le joug d'un amant qui reprend tout son empire
sur son ancienne maîtresse. Elle délibère ensuite de se débar-
rasser d'un mari gênant, et le pauvre Jacques est instantanément
dénoncé comme le véritable assassin de sa première femme.
N'est-il pas grand temps, direz-vous, qu'une pareille coquine
expie de tels forfaits ? Patience ! la morale, qui ne perd jamais
ses droits au théâtre du Château-d'Eau, ne tardera pas à être
vengée. Le jour que Catherine a choisi pour attirer son amant
au domicile conjugal est précisément celui que la justice a pris
pour examiner la maison de Jacques Delorme. Le mari, absent
pour affaires, revient à l'improviste et, trouvant sa place occu-
pée auprès de Catherine, s'apprête à châtier le larron de son
honneur, lorsqu'il est arrêté à son tour sous la prévention
d'empoisonnement. Je vous laisse à penser l'étonnement et le
désespoir du malheureux. C'est, comme il arrive souvent en
matière criminelle, un effronté gredin qui dénoue cette situa-
tion inextricable. Ce gredin, représenté à merveille par
M. Péricaud, sait le secret de la bâtarde, et comme il en
est follement amoureux, il lui propose un infâme marché
pour prix de son silence. Catherine, pour la première fois
depuis le début de l'action, a une révolte de pudeur : elle
refuse, et M. Péricaud la livre au bras séculier avec un
sang-froid qui ne se dément jamais chez ce brave artiste. Ce
drame, qui n'a que de lointains rapports avec la littérature, a
le don d'émouvoir le public tout à fait spécial qui hante le
Château-d'Eau : ce public impressionnable charge tous les
soirs de sa malédiction Mllc Marie Laure, qui fait Catherine la
bâtarde avec plus de conviction que d'expérience.

Le Gymnase est repassé des mains de M. Gustave Haller
aux mains de son directeur habituel, M. Koning. Nous avons
eu souvent l'occasion de dire quel crève-cœur c'était pour tous
de voir cette scène, autrefois si brillante, livrée aux caprices
d'un directeur ignorant et dénué du sens critique indispensable
à la bonne administration d'une telle entreprise. M. Koning
n'est pas seulement mal préparé par son éducation d'opérette
à gérer les intérêts de la comédie, il ignore aussi jusqu'au
rudiment de la distribution des pièces. C'est ainsi qu'il nous a
présenté dans une ingénuité renforcée une artiste éloignée
depuis près de vingt ans de la scène française et ostensiblement
 
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