L' art: revue hebdomadaire illustrée (7.1881 (Teil 3))

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L'ART.

seulement, deux œuvres capitales, à la vérité : le Triomphe de
Bacchus, d'après Jules Romain, et la Fontaine de Jouvence.
Mais certes, l'Age d'or, les Noces d'Anthénor, et surtout la
Marche des troupes, méritaient de prendre place à la suite des
deux planches citées, sans parler de cette merveilleuse sara-
bande de cavaliers et de dames en costumes du temps, un des
chefs-d'œuvre du genre.

Nous chercherons encore chicane à M. Dutuit pour
l'article qu'il consacre à Alart Du Hameel. L'auteur a le
bonheur de posséder plusieurs pièces de ce maître de tout
premier ordre et un des plus anciens graveurs flamands. Alart
était un orfèvre et il est impossible d'admettre qu'il y ait aucun
rapport entre le grand bois de la Tentation de saint Antoine
(i522) ou l'Eléphant, par exemple, et les Ostensoirs, qu'on
sait être de sa main. Cela a été établi dans le dictionnaire de
Meyer, dans un excellent article sur Jérôme van Aken (Jérôme
Bos).

L'article sur Van Dyck a été très soigné et ne comprend
pas moins de cent quarante pages. En première ligne sont
classées les eaux-fortes incontestables, puis les pièces dou-
teuses delà même catégorie,enfin l'Iconographie, avec adjonc-
tion de plusieurs planches d'après Lievens et Denys, telles que
Nicolas de Brou, Nicolas Lanière, Gonterus, le baron de
Beauffort de Pontius, etc., portraits qui figurent dans un vo-
lume de l'Iconographie provenant de la vente Debois. Abon-
dance de biens ne nuit pas, dit le proverbe.

M. Dutuit ne croit pas à l'existence d'une collaboration
de Van Dyck au portrait de Waverius, dont le premier état
s'est vendu au delà de 10,000 francs, à la vente Baie, à Lon-
dres, il y a une couple de mois. L'auteur ne croit pas non plus
à l'originalité du second Momper de la vente Wolff, où il attei-
gnit 6,000 francs. Il ne fait figurer non plus le Sénèque du
Musée britannique que parmi les attributions douteuses, et
l'on sait, effectivement, que cette planche émane de Rubens,
d'après la respectable autorité de M. Duplessis, dont nous
partageons pleinement l'opinion. L'inscription au bas de la
planche, rapportée par M. Dutuit : Van Dyck seef du Poést is
raer, doit se lire : Van Dyck heeft dit geëtst, is racr : « Van
Dyck a gravé ceci à i'eau forte; est rare. »

Le docteur Wibiral, de Vienne, qui a fait, il y a quelques
années, des divers états de VIconographie une étude à laquelle
M. Dutuit rend un juste hommage, M. Wibiral avait constaté
le fait intéressant de l'existence de faux premiers états sous
l'adresse de Van den Enden. La production était facile; il
suffisait de remettre le nom de Van den Enden sur la planche,

avant le Cum privilegio, et après l'enlèvement du G. H., la
marque d'Hendrickx. Telle est l'explication de l'existence de
certaines épreuves de remarque qui ont fort intrigué les col-
lectionneurs.

Un fait qui a plus intrigué encore et dont nous avons pu
donner l'explication est la présence d'une œuvre d'Arnold
de Jode dans l'Iconographie sous l'adresse de Van den Enden.
Le portrait de la comtesse de Lennox aurait donc été gravé
par un artiste de sept ans. Toutes les explications qu'on a
voulu donner du fait deviennent sans objet, par l'existence
d'un Martin Van den Enden le jeune, éditeur à son tour et qui
publia d'autres planches d'Arnold de Jode. La circonstance
nous a paru digne d'être mentionnée, M. Dutuit admettant
encore le portrait de la comtesse de Lennox, dans la iro édi-
tion du recueil de Van Dyck.

Une annexe bien curieuse du Catalogue de M. Dutuit est
la mention des prix de vente des principales œuvres.

Pour Van Dyck, ces prix ont haussé dans des proportions
à peine croyables. Si l'on met en regard les ventes Du Bus de
Gisignies (1876) et Wolff (1877), il se trouve qu'en moins d'un
an les eaux-fortes du maître acquièrent une plus-value de plus
de 5o pour 100.

Voici quelques-uns de ces prix :

Van Dyck. . .

(.876)

2,200 fr.

(1877)

3,5oo fr.

Ph. Le Roy. .

—

2,o5o



2,625

Ad. Van Noort.

—

325 -

—

658

Pontius. . . .

—

i,o5o

—

1,675

Snyders. . . .

—

i,25o

—

i,385

Suttermans. .

—

1,110

—

1,625

Vorstermans. .

-

1,068

—

2,787

L. De Wael. .

—

710

—

1,412 5o

Les amateurs ne sauront pas moins gré à M. Dutuit de
leur avoir donné une nomenclature alphabétique des grandes
ventes d'estampes du siècle, indication que tout le monde
serait heureux de voir compléter par une reproduction des
marques des grands amateurs cités, ce qui est chose facile, en
somme. Ils trouveront aussi dans le volume des monographies
étendues de Van Everdingen et de J. de Frey, un maître
capital décrit ici complètement, et dont il allait paraître, à
Bruxelles, un catalogue par M. Wessely, au moment où l'œuvre
de M. Dutuit sortait de presse.

Henri Hvmans.

CHRONIQUE FRANÇAISE ET ETRANGERE

France. ■— M. Lansyer nous prie de faire savoir aux lecteurs
de l'Art, que les deux dessins que nous avons publiés de sa
Fin de la tempête 2 ne sont pas de lui, comme nous l'avons
cru; mais de « M. Gaston Vuillier, jeune .artiste plein de talent,
à qui je serais désolé, écrit M. Lansyer, d'enlever quoi que ce
soit de la part qui lui revient dans cette reproduction ».

Italie. — MM. Ubaldino Peruzzi et Quintilio Bargagna.
président et secrétaire du comité pour un monument à élever

1. Histoire de la gravure dans l'école de Rubens, page 399.

2. Voir l'Art, 7e année, tome II, page 281.

au roi Victor-Emmanuel, font connaître qu'un concours est
ouvert entre les artistes de tous pays en vue de l'exécution
de ce monument. Ce sera une statue équestre, deux fois plus
grande que nature, en bronze; elle sera érigée à Florence au
centre de la place de l'Indépendance. L'auteur du projet qui
sera choisi recevra 1 i5,ooo fr., à la charge par lui de faire les
frais de la fonte du bronze et du piédestal, du transport et
de la mise en place.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VER ON.