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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

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Champfleury: Rapport: adressé à M. le sous-secrétaite d'état des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.18879#0240

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212 L'A

«Ce n'est pas que la faïence et la porcelaine des fabriques
de Flandre soient de premier ordre : ces deux industries, à
peu d'exceptions près, appartiennent à la seconde moitié du
xviii" siècle et n'apportent pas un appoint considérable pour
les recherches décoratives qui se poursuivent actuellement;
mais la poterie, les carrelages émaillés, les grès fournissent
une matière plus féconde en sujets d'études.

« Ces divers arts avaient trouvé place déjà à Bruxelles,
au musée de la porte de Hal, qui est une réplique à notre
musée de Cluny.

« Sur les carrelages flamands vernissés, les maîtres naïfs
des xve et xvic siècles pourraient sans doute fournir d'utiles
renseignements.

« J'ai noté au musée d'Anvers, d'après un tableau de Mem-
ling (n° 255 de la collection Vanertborn), un carrelage repré-
sentant la symbolisation de l'agneau pascal : quoique traité
presque niicroscopiquement par le maître, le détail de ce
carrelage offre assez d'exactitude pour en relever le dessin.

« A Gand, dans les ruines de Saint-Bavon, on voit une salle
de tourelle presque entièrement dallée de carreaux vernissés
qui ont leur intérêt.

« Egalement, l'admirable collection de la maison des
Plantin, dont peut s'enorgueillir à juste titre la cité d'Anvers,
m'a fourni l'occasion de relever, dans les cheminées de
l'époque, des carrelages de faïence émaillée du xvu° siècle,
dont quelques-uns offrent des motifs empruntés à l'art persan.

« Ces matériaux doivent appeler l'attention des archéo-
logues belges ; ils sont suffisants pour fournir un appoint aux
nombreuses publications sur les anciens dallages, faites en
France et en Angleterre; et sans doute ces recherches seraient
déjà faites si les érudits flamands et wallons n'avaient trouvé
un autre champ fertile en études sur l'industrie des grès.

« La question est poursuivie de près à Bruxelles, à Liège, '
à Charleroi, à Bruges ; des Allemands et des Anglais s'en sont
également préoccupés, et les origines, les produits, l'épigraphie
des grès mosans sont aujourd'hui analysés si scrupuleusement,
que les musées de l'étranger bénéficient des recherches

RT.

flamandes et peuvent cataloguer en toute certitude ces
produits.

« Raeren, qui fut longtemps une annexe de la Flandre
avant de devenir ville allemande , fabriqua en grande quantité
des grès pour toute l'Europe, avec les armoiries des grandes
villes et des familles aristocratiques. C'est ainsi que le musée
Carnavalet a recueilli deux grès de la fabrique de Raeren, aux
armes de la ville de Paris.

« On ne peut entrer ici dans le détail de ces ateliers
flamands, les nombreux mémoires publiés dans les bulletins
des sociétés savantes de la Belgique suffisent amplement à cet
historique. Brongniart parlant, dans son Traité des arts céra-
miques, des grès cérames allemands, flamands et hollandais,
comprenait l'importance historique de cet art. « Il est assez
« étonnant, disait-il, que l'histoire d'une poterie si richement
« habillée de reliefs et de couleurs, si abondamment fabriquée,
« à en juger par la quantité qu'on en trouve encore chez les
« marchands et chez les amateurs, soit si peu connue. »

« Cette obscurité historique est aujourd'hui dissipée. Le
chanoine Dornbusch et le vicaire Schmitz pour l'Allemagne,
MM. Bormans, Van de Casteele, Van Bastelaer et Schuer-
mans pour la Belgique, James Weale pour l'Angleterre, répon-
dent par leurs travaux récents à la plupart des questions sur
cette industrie.

« L'historique en était inconnu en France il y a quelques
mois, la plupart de ces recherches ayant paru dans des
bulletins de sociétés savantes de diverses villes flamandes.
Il n'en est plus ainsi aujourd'hui. Grâce aux relations que
mon voyage m'a permis d'organiser avec les archéologues
belges, la bibliothèque de la manufacture de Sèvres peut
actuellement fournir aux érudits qu'intéresse l'ancienne indus-
trie des grès, tous les mémoires, brochures, catalogues de
musées, traitant spécialement de la question, et c'est ainsi que
cette bibliothèque toute spéciale offre à l'étude un ensemble
plus complet que tous les autres grands dépôts nationaux de
publications européennes sur l'histoire des arts céramiques.

« Chahpfi.eury. »

NOTRE BIBLIOTHÈQUE

CCLXVI

Les Chandeliers de la chapelle du château d'Ecouen au musée
du Louvre. Une plaquette in-8° de 16 pages, par Louis Cou-
rajod. Dessins par Edouard Corroyer. Paris, 1880. (Extrait
des Mémoires de la Société nationale des antiquaires de
France. Tome XL.)

Il y a au Louvre deux chandeliers ainsi catalogués dans la
Notice des objets de bronze, cuivre, étain, fer, etc. :

« C. 38i-382.— Fer ciselé. Hauteur, onl52. Travail italien du
xvii0 siècle. La tige est en forme de colonne corinthienne
fuselée. Elle repose sur un socle dont les quatre pans sont
ornés des figures de l'Amour. La bobèche est très large.— Col-
lection Durand. »

M. Courajod n'admet pas ces affirmations. Ces amours
sont des génies ; ce travail italien du xvn" siècle est un travail
français du xvic ; ces chandeliers proviennent, non de la collec-
tion Durand, mais du château d'Ecouen.

Voilà ce qu'il s'agit de prouver.

La collection Durand, aujourd'hui fondue dans celle de
l'État, ne possédait pas un seul chandelier en fer. Au contraire,
ces deux chandeliers sont signalés dans l'inventaire du mobilier
de la chapelle d'Ecouen, dressé le 24 mai 1792 par « Joseph
Blaquière, administrateur et membre du Directoire, du district

de Gonesse, commissaire nommé par délibération dudit Direc-
toire à l'effet de procéder dans l'étendue dudit district aux
états et inventaires sommaires des meubles et effets mobiliers
dans les maisons et châteaux appartenant aux émigrés fran-
çais. »

Nous les retrouvons encore, le 27 octobre 1793, dans le
procès-verbal des commissaires de la République lors de l'en-
lèvement du mobilier d'Ecouen et de son transfert à Versailles :
« Avons retrouvé dans la chapelle deux chandeliers en fer,
compesés d'une colonne ornée de bas-reliefs en feuille d'acante
et supportée par quatre tiges, portant 20 pouces de hauteur. »

Comment ces chandeliers sont-ils passés de Versailles au
Louvre ?

« On lit dans un État des tableaux, tables et chandelliers
envoyés au musée Napoléon par le musée spécial de l'Ecole
française — établi à Versailles, dans le château — le 16 ger-
minal, an XII de la République :

« Un chandellier en fer ciselé, avec figures et ornements
provenant d'Ecouen ;

« Un idem, de même dimension et de même travail. »

Quel est l'auteur de ces chandeliers?

M. Courajod n'hésite pas à les attribuer à Jean Bullant.

Tout à Ecouen était de Jean Bullant. M. de Montaiglon l'a
prouvé surabondamment.
 
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