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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

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Heulhard, Arthur: Art dramatique, [6]: théatre de la gaité: Le Patriote - Gymnase; Les Elections
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Courrier des musées
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https://doi.org/10.11588/diglit.18879#0266

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236

L'ART.

coutumace ou d'éviter une condamnation, il ressemble à
un calcul. Dans la suite des événements. Dickson rachète
la mauvaise opinion que l'on conçoit de son caractère,
et nous le voyons sauver Washington, dont la vie importe au
salut de la patrie, aux dépens du fiancé de sa propre fille, un
colonel américain que les Anglais surprennent dans un rendez-
vous galant. Il faudrait avoir des anneaux dans le nez pour ne
pas deviner que le colonel est sauvé à son tour par l'espion,
et que Washington, poussé à bout par la générosité de Dick-
son, lui rend solennellement l'honneur perdu. Je ne vous ai pas
conté les petits côtés du drame qui vous auraient affligé et qui
trahissent chez l'auteur un penchant plus vif pour les péripéties
mélodramatiques que pour les coups de théâtre originaux. Le
Patriote s'entend sans fatigue, c'est le plus bel éloge qu'on en
puisse faire, et je souhaite que l'amour-propre de l'auteur s'en
contente. Mais il y a loin, à mon sens, du Nouveau-Monde au
Patriote, et la lecture des deux ouvrages vous convaincra que je
n'exagère point les mérites de l'un et les défauts de l'autre. La
Gaité ne s'est guère mise en frais pour la représentation du
Patriote, et je lui conseille de ne point risquer de pareilles
aventures avec un attirail de scène aussi faible. Dumaine fait
Dickson : c'est toujours le même soufflet de forge; mais qu'il
y prenne garde ! il soulève plus d'étincelles qu'il n'allume de

flammes. Une débutante, M110 Largillière, dit avec beaucoup
de nerf et de sensibilité. Le public parisien ne la connaissait
pas, il s'est senti vivement attiré vers elle, et j'augure qu'ils
feront ensemble le meilleur ménage du monde. Le reste
ne vaut guère l'honneur d'être nommé : seuls, Romain et
Mmo Chambly, dans des rôles effacés, ont fait sur nous
impression durable.

J'avais grande envie de ne pas vous parler des Elections,
comédie de mœurs politiques traduite de l'anglais par M. Gus-
tave Haller, et déjà disparue de l'affiche du Gymnase d'été.
Au delà du détroit, cette pièce est fort goûtée, elle a des
fanatiques et c'est par centaines que ses représentations se
comptent. M. Gustave Haller ( je vous ai initié à ce mythe
androgyne) aura sans doute pensé que cette pièce, coïncidant
avec notre période d'agitation électorale, dépouillerait son
caractère exotique et frapperait nos esprits en vertu de la loi
des contrastes. On s'est montré rebelle à cette exhibition, on a
mal écouté ce qu'on comprenait, on a mal compris ce qu'on
entendait. La pièce n'a fait que passer; elle n'est déjà plus.
Les Elections sont remplacées par le Duel de Pierrot. Elles
ont été sacrifiées sans retour ; il n'y a pas même eu ballottage.

Arthur Heui.hard.

COURRIER DES MUSEES
LXXVII

— La Salle de Michel-Ange au Louvre. — M. E. Saglio,
conservateur de la sculpture et des objets d'art du Moyen Age,
de la Renaissance et des Temps Modernes, au Louvre, a chargé
M. Courajod, adjoint aux mêmes fonctions, de réorganiser la
salle de Michel-Ange. Nous adressons nos vives félicitations à
M. Courajod pour la science et le goût avec lesquels il s'est
acquitté de cette délicate mission.

Salle de Jean Goujon. —Il a profité de cette circonstance
pour introduire quelques changements heureux dans la dis-
position de la salle de Jean Goujon. Il fallait bien d'ailleurs
faire une place au portrait de Dieudonné ou Dordet de Mon-
tai, ce magnifique médaillon de pierre, provenant du château
de Montai, à propos duquel on a essayé quelques insinuations
dont nous avons dû faire justice '. Il est certain que non seu-
lement le portrait de Dordet de Montai tient parfaitement sa
place au milieu des œuvres de l'art français contemporain,
mais tous les connaisseurs proclament unanimement que cette
place est tout simplement la première.

On a tiré le tombeau de Commynes et de sa femme de la
salle de Michel Colomb, où il était à peu près invisible. On en
a rapproché les bas-reliefs provenant de la chapelle de Com-
mynes aux Grands-Augustins de Paris. Ce tombeau, bien que
d'un art encore un peu barbare, est fort intéressant. Il est
regrettable que le reste de la décoration de cette chapelle de
Commynes soit laissé dans la cour de l'École nationale des
Beaux-Arts, où elle achève de se détériorer. On remarque
encore dans cette salle un bas-relief en pierre de liais, une
Mise au tombeau, provenant de l'église Saint-Eustache à Paris.
C'est lui qui a figuré sous le nu 144 dans le catalogue dressé
par Lenoir du Musée des monuments français. On l'a jusqu'à
présent attribué à Daniel de Volterre. Pourquoi ? il serait diffi-
cile de le dire. M. Courajod y voit simplement un monument
d'art français, et les arguments dont il appuie son opinion nous
paraissent difficiles à contester.

Salle de Michel-Ange. — C'est surtout dans la salle de

1. Voir l'Art, 7e année* tome II, page 198. — Le Bulletin monumental, tome

Michel-Ange que l'on sent l'importance des changements
opérés par M. Courajod. C'est une transformation et l'on y
respire une atmosphère nouvelle. Au milieu du désordre qui y
régnait, c'était le xvic siècle'qui dominait. Le classement nou-
veau y assure la prédominance absolue du xv" siècle, cette
admirable époque où l'art éclate dans toute sa spontanéité, où
chaque œuvre garde toute sa saveur personnelle. Plus tard le
goût et l'effort individuels seront écrasés sous la tyrannie des
admirations convenues; la superstition du beau classique et
régulier n'admettra plus que l'art impersonnel, c'est-à-dire
l'imitation plus ou moins servile et affadie de l'idéal raphaé-
lesque. Tout ce qui sera en dehors de ce cadre restreint dis-
paraîtra, et c'est tout au plus si l'on voudra bien faire grâce
au Vinci et à Michel-Ange. Nous ne saurions dire combien
nous sommes heureux de voir le musée du Louvre proclamer
aussi hautement qu'il est complètement dégagé de ce préjugé
trop longtemps dominant, et que les marques visibles de la
personnalité dans l'art ne sont pas à ses yeux des preuves d'in-
fériorité.

En entrant dans la salle, on voit à gauche le bas-relief
donné par M. Timbal; puis l'œil du visiteur, en faisant le tour
de la salle, rencontre la porte de Crémone, dont je regrette
cependant qu'on ait masqué la partie inférieure, la fontaine de
Gaillon, le Robert Malatesta, les madones de bronze, de
marbre et de terre cuite, les quatre sculptures de Mino de
Fiesole, les bustes de Strozzi, de Béatrix d'Esté, de Béatrix
d'Aragon, etc. Dans l'embrasure des fenêtres, sont exposés les
charmants bronzes de M. His de la Salle, les bas-reliefs du
tombeau de Délie Torre par Riccio, etc., etc.

Ce concert d'eeuvres charmantes et vivantes du xv° siècle
est dominé par les deux figures d'esclaves de Michel-Ange.
Les pièces qui appartiennent au xvi'' siècle se trouvent enve-
loppées et comme noyées dans cet ensemble d'œuvres du
xv° siècle, qui constituent un milieu bien homogène. Voici la
liste à peu près complète des principales œuvres qui ont été

XLV1I, page 423
 
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