Frise tirée de l1 « Orthographia » de Joh. Daniel Preisler.
EXPOSITION
DE
DESSINS DE MAITRES ANCIENS
AU PALAIS POLDI PEZZOLI, A MILAN
pendant le printemps et l'été de 18 8 t 1
(FIN)
olidore de Caravane est-il vraiment l'auteur de l'intéressant dessin
de la collection Morelli représentant Mucius Scévola accomplissant
son acte d'héroïsme, et reproduit en peinture décorative à l'extérieur
d'un palais de la Via Monserrato (palais Ricci Ruccellai)? C'est une
chose que nous ne pouvons affirmer avec une entière certitude2.
Mais sa main se trahit plus visiblement dans une figure de fleuve,
dessinée à la plume et à la sépia et rehaussée de blanc, qui fait partie
de la collection Prayer. On voit sensiblement exprimés dans cette
figure des traits caractéristiques du talent de Polidore : une cer-
taine rudesse générale des formes, compensée par un bel accent de
vitalité et d'énergie3.
Le dessin envoyé par M. le comte G. Lupi, de Bergame, appartient aussi à cette catégorie,
mais il se ressent, d'autre part, de Jules Romain. Il est également exécuté à la plume et à la
sépia avec rehauts de blanc : il représente d'un côté la forge de Vulcain, et Vulcàin lui-même
appliqué à façonner des flèches pour le petit Amour qui se tient à côté de lui avec quelques
Cyclopes ; d'un autre côté, on voit le char d'Apollon attelé de quatre chevaux, représentés avec
beaucoup de finesse dans le mouvement qui précède immédiatement l'effort définitif du départ,
tandis que Phébus du haut de son char adresse la parole au petit Cupidon. La feuille, légèrement
mise au carreau, indique l'intention de reproduire la composition sur la toile.
Une œuvre où l'on peut reconnaître avec une pleine assurance la touche de Polidore, cet
élève de Raphaël quelque peu sauvage, mais toujours plein de vie, c'est un dessin à la sanguine
de M. le sénateur Morelli, représentant la nativité de l'enfant Jésus, couché par terre et entouré
de sa mère, de saint Joseph et de trois bergers qui viennent rendre hommage au nouveau-né.
Quiconque a examiné le tableau authentique de Polidore à la Galerie royale de Naples, grande
peinture qui a pour sujet le chemin du Calvaire, retrouvera les mêmes traits caractéristiques dans
ce dessin, qui, de même que le tableau, doit être reporté aux dernières années du maître. A cette
époque, son talent s'était encore avec le temps accentué dans le sens que nous venons d'indiquer.
La facture large et dégagée, la distribution bien entendue des masses, l'expression délicate et
1. Voir l'Art, y" année, tome ii, page 307, et tome iii, pages 35, 121 et 169.
2. Le sujet du lion qui déchire un cheval, dans la partie inférieure de la feuille, est pris d'un groupe en pierre conservé dans le cortile
du Musée du Capitole.
3. Voyez en particulier la lourdeur sensible des mollets, la saillie du nez, la longueur et la grossièreté des doigts, etc.
Tome XXVI. 25
EXPOSITION
DE
DESSINS DE MAITRES ANCIENS
AU PALAIS POLDI PEZZOLI, A MILAN
pendant le printemps et l'été de 18 8 t 1
(FIN)
olidore de Caravane est-il vraiment l'auteur de l'intéressant dessin
de la collection Morelli représentant Mucius Scévola accomplissant
son acte d'héroïsme, et reproduit en peinture décorative à l'extérieur
d'un palais de la Via Monserrato (palais Ricci Ruccellai)? C'est une
chose que nous ne pouvons affirmer avec une entière certitude2.
Mais sa main se trahit plus visiblement dans une figure de fleuve,
dessinée à la plume et à la sépia et rehaussée de blanc, qui fait partie
de la collection Prayer. On voit sensiblement exprimés dans cette
figure des traits caractéristiques du talent de Polidore : une cer-
taine rudesse générale des formes, compensée par un bel accent de
vitalité et d'énergie3.
Le dessin envoyé par M. le comte G. Lupi, de Bergame, appartient aussi à cette catégorie,
mais il se ressent, d'autre part, de Jules Romain. Il est également exécuté à la plume et à la
sépia avec rehauts de blanc : il représente d'un côté la forge de Vulcain, et Vulcàin lui-même
appliqué à façonner des flèches pour le petit Amour qui se tient à côté de lui avec quelques
Cyclopes ; d'un autre côté, on voit le char d'Apollon attelé de quatre chevaux, représentés avec
beaucoup de finesse dans le mouvement qui précède immédiatement l'effort définitif du départ,
tandis que Phébus du haut de son char adresse la parole au petit Cupidon. La feuille, légèrement
mise au carreau, indique l'intention de reproduire la composition sur la toile.
Une œuvre où l'on peut reconnaître avec une pleine assurance la touche de Polidore, cet
élève de Raphaël quelque peu sauvage, mais toujours plein de vie, c'est un dessin à la sanguine
de M. le sénateur Morelli, représentant la nativité de l'enfant Jésus, couché par terre et entouré
de sa mère, de saint Joseph et de trois bergers qui viennent rendre hommage au nouveau-né.
Quiconque a examiné le tableau authentique de Polidore à la Galerie royale de Naples, grande
peinture qui a pour sujet le chemin du Calvaire, retrouvera les mêmes traits caractéristiques dans
ce dessin, qui, de même que le tableau, doit être reporté aux dernières années du maître. A cette
époque, son talent s'était encore avec le temps accentué dans le sens que nous venons d'indiquer.
La facture large et dégagée, la distribution bien entendue des masses, l'expression délicate et
1. Voir l'Art, y" année, tome ii, page 307, et tome iii, pages 35, 121 et 169.
2. Le sujet du lion qui déchire un cheval, dans la partie inférieure de la feuille, est pris d'un groupe en pierre conservé dans le cortile
du Musée du Capitole.
3. Voyez en particulier la lourdeur sensible des mollets, la saillie du nez, la longueur et la grossièreté des doigts, etc.
Tome XXVI. 25