VANDALISME'
XVII
Italie. — Les Campaniles
de Venise. — Il paraît qu'on ne
veut plus de campaniles à Ve-
nise. L'ancien campanile de San
Paterniano, remarquable par sa
forme pentagonale, a été dé-
moli, bien que parfaitement
conservé, pour faire place à une
peu à peu toute la vieille Venise, pour la reconstruire à leur
goût.
Ils ont feint de craindre que l'accident de Santé Ternita
se reproduisît ailleurs, et pour éviter ce danger ils ont démoli,
il y a quelques jours, un des plus intéressants et peut-être le
plus ancien monument du même genre qui se trouvât à Venise;
je veux parler du campanile délia Maddalena, une tour mas-
sive, d'un superbe caractère, bâtie au ixc siècle, sur le terri-
toire de l'ancienne île du Castello Baflb, annexée à la ville au
xn° siècle.
affreuse bâtisse moderne. Le Les vandales prétendent, pour se justifier, que ce campa-
campanile de Santé Ternita,
un des plus anciens, des plus
beaux et des plus caractéristi-
ques de Venise, a été vendu à
vil prix à un particulier, qui y
a installé des appartements à
louer, et qui, à force de per-
cer des murs, d'abattre des
parois, etc., a fini par faire
écrouler la vieille tour un beau
jour de l'hiver dernier.
Ce fait, qu'il faut porter au
Le Campanile della Maddalena.
_ . J>r. compte de la Commission con-
Dcssin a Ettore Tito. 1
servatrice des monuments, et
qui montre comment elle comprend sa mission, sert aujour-
d'hui de prétexte aux vandales qui s'appliquent à détruire
nile n'offrait rien d'intéressant, non plus pour l'art que pour
l'histoire, qu'il ne servait qu'à encombrer la Piazza della Mad-
dalena, et qu'il aurait bien pu s'écrouler quelque jour. Tout
cela est absolument faux. La tour était parfaitement solide, et
quand même on aurait dû y faire quelques réparations, elles
n'auraient exigé que des frais insignifiants. Elle s'élevait dans
un coin de la place, et, par conséquent, ne gênait en rien la
circulation, d'autant plus que dans ce quartier écarté, loin du
centre de la ville, il ne passe presque personne.
Quant au monument lui-même, outre son intérêt archéo-
logique, c'était une belle construction en briques, très élevée,
d'un aspect sévère et imposant, très originale, avec des arcs
murés au-dessus des fenêtres, et des moulures d'un beau
travail; le sommet était crénelé, et le tout, d'une couleur
splendide.
Que deviendra Venise, d'ici à quelques années, si l'on
Le Square du Campo San Giovanni e Paolo, a Venise.
Dessin d'Kttore Tito.
persiste dans cette manie de démolition, inaugurée par VUfficio
tecnico municipale, et par son chef, M. l'architecte Trevisa-
nato?
Un fait du même genre s'est produit à Mestre il y a trois
ans. Une ancienne tour romaine, très belle, s'élevait dans un
coin du marché. Elle ne gênait personne, que les amateurs
d'embellissement. On l'a détruite per il decoro della citta,
avec l'autorisation de la Commission conservatrice des monu-
ments de la province de Venise.
Squares et boulevards à Venise. — Cette manie de changer
i. Voir l'Art, 5e année, tome I"1', pages 153, 154, 2o5 et 274; tome III, page 141; tome IV, page 23; 6" année, tome III, pages 46 et 283; tome IV, pages 41,
1 iq, 187 et 3o5 ; 70 année, tome II, page 91 ; tome III, pages 93 et 257.
XVII
Italie. — Les Campaniles
de Venise. — Il paraît qu'on ne
veut plus de campaniles à Ve-
nise. L'ancien campanile de San
Paterniano, remarquable par sa
forme pentagonale, a été dé-
moli, bien que parfaitement
conservé, pour faire place à une
peu à peu toute la vieille Venise, pour la reconstruire à leur
goût.
Ils ont feint de craindre que l'accident de Santé Ternita
se reproduisît ailleurs, et pour éviter ce danger ils ont démoli,
il y a quelques jours, un des plus intéressants et peut-être le
plus ancien monument du même genre qui se trouvât à Venise;
je veux parler du campanile délia Maddalena, une tour mas-
sive, d'un superbe caractère, bâtie au ixc siècle, sur le terri-
toire de l'ancienne île du Castello Baflb, annexée à la ville au
xn° siècle.
affreuse bâtisse moderne. Le Les vandales prétendent, pour se justifier, que ce campa-
campanile de Santé Ternita,
un des plus anciens, des plus
beaux et des plus caractéristi-
ques de Venise, a été vendu à
vil prix à un particulier, qui y
a installé des appartements à
louer, et qui, à force de per-
cer des murs, d'abattre des
parois, etc., a fini par faire
écrouler la vieille tour un beau
jour de l'hiver dernier.
Ce fait, qu'il faut porter au
Le Campanile della Maddalena.
_ . J>r. compte de la Commission con-
Dcssin a Ettore Tito. 1
servatrice des monuments, et
qui montre comment elle comprend sa mission, sert aujour-
d'hui de prétexte aux vandales qui s'appliquent à détruire
nile n'offrait rien d'intéressant, non plus pour l'art que pour
l'histoire, qu'il ne servait qu'à encombrer la Piazza della Mad-
dalena, et qu'il aurait bien pu s'écrouler quelque jour. Tout
cela est absolument faux. La tour était parfaitement solide, et
quand même on aurait dû y faire quelques réparations, elles
n'auraient exigé que des frais insignifiants. Elle s'élevait dans
un coin de la place, et, par conséquent, ne gênait en rien la
circulation, d'autant plus que dans ce quartier écarté, loin du
centre de la ville, il ne passe presque personne.
Quant au monument lui-même, outre son intérêt archéo-
logique, c'était une belle construction en briques, très élevée,
d'un aspect sévère et imposant, très originale, avec des arcs
murés au-dessus des fenêtres, et des moulures d'un beau
travail; le sommet était crénelé, et le tout, d'une couleur
splendide.
Que deviendra Venise, d'ici à quelques années, si l'on
Le Square du Campo San Giovanni e Paolo, a Venise.
Dessin d'Kttore Tito.
persiste dans cette manie de démolition, inaugurée par VUfficio
tecnico municipale, et par son chef, M. l'architecte Trevisa-
nato?
Un fait du même genre s'est produit à Mestre il y a trois
ans. Une ancienne tour romaine, très belle, s'élevait dans un
coin du marché. Elle ne gênait personne, que les amateurs
d'embellissement. On l'a détruite per il decoro della citta,
avec l'autorisation de la Commission conservatrice des monu-
ments de la province de Venise.
Squares et boulevards à Venise. — Cette manie de changer
i. Voir l'Art, 5e année, tome I"1', pages 153, 154, 2o5 et 274; tome III, page 141; tome IV, page 23; 6" année, tome III, pages 46 et 283; tome IV, pages 41,
1 iq, 187 et 3o5 ; 70 année, tome II, page 91 ; tome III, pages 93 et 257.