L' art: revue hebdomadaire illustrée (7.1881 (Teil 3))

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L'ART.

Si la publication de Walter Scott se continue dans les
mêmes conditions, elle fera le plus grand honneur à la maison
Firmin-Didot.

Eugène Véron.

CCLV

Andréa Sansovino et son école, par le Dr Paul Schœnfeld.
Un volume grand in-8°, illustré de 3o gravures. Stuttgart,
j. B. Metzler. i83i.

Réunir en un volume les œuvres principales d'Andréa
Sansovino et de son école, tel est le but que s'est proposé le
Dr Paul Schœnfeld.

Andréa Contucci, dit Sansovino, du lieu de sa naissance,
le petit bourg de Monte San Savino, est un contemporain de
Michel-Ange. Moins puissant que ce grand maître, Sansovino
est surtout un sculpteur gracieux, élégant. Ses statues, de
proportions en général moins gigantesques, se distinguent par
le calme de l'attitude : on dirait que le sculpteur a voulu
opérer une espèce de transaction entre la manière tragique de
Michel-Ange et le genre paisible et contemplatif des œuvres
de Raphaël.

L'ouvrage se divise en deux parties : la première est
uniquement consacrée aux productions du ciseau d'Andréa
Sansovino ; dans la seconde, l'auteur nous fait connaître les
principaux élèves du maître : Jacopo Tatti, dit aussi Sansovino;
Niccolo de Pericoli, plus connu sous le nom de Tribolo;
Alfonso Lombardo et Properzia de Rossi ; Girolamo Lombardo;
Francesco da Sangallo, et enfin Lionardo del Tasso. De nom-
breuses gravures, représentant les œuvres les plus caractéris-
tiques de ces sculpteurs, complètent un volume fort bien écrit
et auquel nous n'aurions guère de critique à adresser si l'auteur,
au lieu d'en faire en quelque sorte deux longs articles, avait
eu la bonne idée de classer chaque sujet en un chapitre spécial;
les critiques d'art d'outre-Rhin devraient s'habituer enfin à ne
pas réunir ce que la nature des faits a séparé : leurs œuvres
y gagneraient en clarté, et les lecteurs n'auraient qu'à se
féliciter d'un changement devenu indispensable, et sans lequel
les livres les plus sérieusement conçus deviennent vraiment
illisibles.

B. Laroche.

CCLVI

Raphaël et Pinturicchio à Sienne. Étude critique, par le
Dr Auguste Schmarsow. Un volume in-40. Stuttgard,
W. Spemann, 1880.

Raphaël a-t-il collaboré aux fresques exécutées par
Pinturicchio pour la bibliothèque de la cathédrale de Sienne?
Telle est la question, fort discutée, que M. Schmarsow a
essayé de résoudre.

S'il suffisait de s'en rapporter au témoignage de Vasari, la
difficulté serait vivement tranchée. Mais chacun sait combien
cet historien a su mêler dans ses récits la fantaisie à la vérité.

A défaut de preuves historiques, c'est dans la manière de
Raphel comparée à celle de Pinturicchio, c'est dans les œuvres
des deux maîtres qu'il faut aller chercher les éléments d'un
jugement définitif. C'est ce qu'a entrepris M. Auguste
Schmarsow, sans dédaigner toutefois de soumettre à un
examen sérieux l'opinion des critiques, ses devanciers, et
notamment les appréciations de Burckhardt, de Crowe et
Cavalcaselle, de W. Bode, de Passavant et d'Herman Grimm.

L'auteur, après avoir soigneusement analysé le contrat en
vertu duquel Pinturicchio accepta, en i5o2, du cardinal Fran-
cesco Todeschini-Piccolomini la tâche de décorer de peintures
murales la librairie de la cathédrale de Sienne, fait passer sous
nos yeux les véritables documents, ceux que nous fournissent
les peintures de Raphaël et de Pinturicchio.

C'est d'abord une esquisse de Raphaël d'après le marbre
antique, les Trois Grâces, conservé à l'Opéra del Duomo,
de Sienne; cette esquisse, qui est à Venise, montre qu'il existe
une relation étroite entre le Sposali^io, le Couronnement
de Marie et les fresques de Sienne. De même, une esquisse
de la première fresque, conservée à Florence, est de Raphaël,
la fresque même est bien inférieure à l'esquisse. Même supé-
riorité de l'esquisse sur la fresque, dans le dessin de Chats-
worth.

Tous ces dessins, du reste, portent au verso des inscrip-
tions de la main de Raphaël. L'étude comparée de ces
inscriptions et des données fournies par la Vie du pape
Pie II, écrite par son secrétaire Johannes Antonius Campana,
ajoute une nouvelle force à cette opinion de M. Schmarsow :
que Raphaël a collaboré à la décoration murale de la Biblio-
thèque de la cathédrale, qu'il a fait les dessins de plusieurs
fresques, que Pinturicchio a souvent été, dans l'exécution,
inférieur au jeune auteur des projets.

Le livre de M. Schmarsow se distingue par une véritable
érudition, que complètent des aperçus réellement ingénieux.
Il est regrettable cependant que l'auteur n'ait pas songé à
introduire des divisions par chapitres dans son étude. Quarante
pages in-quarto, c'est vraiment trop long à lire d'une traite.
Cette absence de cadre, défaut commun à beaucoup d'écrivains
allemands, enlève toute netteté aux sujets même le plus claire-
ment analysés.

Néanmoins, c'est en somme un bon travail, fort utile à
tous ceux qui voudront se rendre compte de l'évolution du
talent de Raphaël. M. Schmarsow a complété le livre par la
gravure, et rendu plus frappantes, en les présentant aux yeux
des lecteurs, les divergences qu'il a signalées : dix belles gra-
vures nous permettent d'examiner les documents artistiques
consultés par l'auteur, et de tirer nous-mêmes les conclusions
très vraisemblables qui terminent l'ouvrage.

B. Laroche.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

LIVRES NOUVEAUX ET ÉDITIONS NOUVELLES

XXXI

202. — Les Médailleurs de la Renaissance, par. Aloïse
Heiss: Vittore Pisano, avec onze photographies inaltérables et
75 vignettes. Un volume colombier de 48 pages. — Paris,
J. Rothschild, éditeur, i3, rue des Saints-Pères. 1881.

203. — La Vie privée des anciens. Texte par Ren.é Ménard.
Dessins d'après les monuments antiques par Cl. Sauvageot. Deux

volumes in-8°. Tome I : Les Peuples dans l'antiquité, vm-
622 pages. Tome II: La Famille dans l'antiquité, 572 pages,
avec 722 et 815 illustrations. Paris, Ve A. Morel et Cic, édi-
teurs, i3, rue Bonaparte. 1881. (L'ouvrage entier aura quatre
volumes. Tome III: Le Travail dans l'antiquité. Tome IV: Les
Institutions de l'antiquité. (Les deux premiers sont en vente.)