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Carr, J. Comyns: Expositions de la "Royal Academy" et de la "Grosvenor Gallery", [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18879#0128
I 12
L'ART.
se soit déjà montré plus à son avantage. Malgré tout son goût et son esprit si exceptionnelle-
ment cultivé, le Président n'a pas été aussi heureux que de coutume dans le choix de ses sujets.
La composition classique qu'il intitule Idylle l, en est la preuve indiscutable, bien qu'en elle se
résume peut-être le mieux la manière du savant artiste. On retrouve là en effet à un haut degré
les mérites d'invention et de faire qui ont fondé sa réputation. Le dessin comme le choix des
types, le traitement des draperies et l'harmonie spéciale de la coloration disent immédiatement
au spectateur quel est l'auteur de cette toile. Avec lui il n'y a jamais à redouter ni la vulgarité,
ni une exécution incomplète, et en cela il donne de dignes exemples et encourage les jeunes
artistes à s'élever clans les nobles sphères de l'idéal. Mais ses principes se trouvent parfois atténués
dans l'interprétation qu'en donnent ses ouvrages, comme c'est le cas pour ÏIdylle. On y reconnaît
trop une constante propension à sacrifier l'individualité du caractère à une conception de beauté
préconçue, une préoccupation invariablement dominante de poursuivre un certain équilibre
élégant de lignes au complet détriment de la vivacité de l'expression, de l'énergie des sentiments,
et l'habitude de noyer, dans une gamme harmonique de coloration assourdie, la fraîcheur et la
puissance de chacun des tons qui concourent à cet ensemble.
Ces défauts sont poussés jusqu'à l'exagération dans XIdylle. L'extrême lassitude des deux
femmes n'est guère propre à retracer le charme de la vie idyllique, sans parler de l'indifférence
de leurs traits clans lesquels on chercherait en vain à démêler un caractère personnel.
Dans une composition moins importante : Elisha raising the Son of the Shunammite -, les
côtés faibles de la manière de Sir Frederick Leiodtton sont loin de s'accentuer autant. La
disposition nécessitée par le sujet y est pour une bonne part, et il n'y a pas jusqu'à la tonalité
éteinte qui ne soit ici bien mieux en situation.
La puissance d'interprétation exacte, que comporte l'art du Président, est tout entière clans
son propre portrait exécuté pour la Galerie des Offices à Florence, et c'est peut-être de toutes
ses œuvres la plus forte.
J. Comyns Carr.
(La suite prochainement.)
i. Idyll, n° 197 du Catalogue.
1. Élisée ressuscitant le Jils de la Sunamite, n° 49 du Catalogue.
In the Lap of Luxury. (Au sein du luxe.)
Dessin de J. s. Noble, d'après son tableau. [Royal Academy of Arts.)
L'ART.
se soit déjà montré plus à son avantage. Malgré tout son goût et son esprit si exceptionnelle-
ment cultivé, le Président n'a pas été aussi heureux que de coutume dans le choix de ses sujets.
La composition classique qu'il intitule Idylle l, en est la preuve indiscutable, bien qu'en elle se
résume peut-être le mieux la manière du savant artiste. On retrouve là en effet à un haut degré
les mérites d'invention et de faire qui ont fondé sa réputation. Le dessin comme le choix des
types, le traitement des draperies et l'harmonie spéciale de la coloration disent immédiatement
au spectateur quel est l'auteur de cette toile. Avec lui il n'y a jamais à redouter ni la vulgarité,
ni une exécution incomplète, et en cela il donne de dignes exemples et encourage les jeunes
artistes à s'élever clans les nobles sphères de l'idéal. Mais ses principes se trouvent parfois atténués
dans l'interprétation qu'en donnent ses ouvrages, comme c'est le cas pour ÏIdylle. On y reconnaît
trop une constante propension à sacrifier l'individualité du caractère à une conception de beauté
préconçue, une préoccupation invariablement dominante de poursuivre un certain équilibre
élégant de lignes au complet détriment de la vivacité de l'expression, de l'énergie des sentiments,
et l'habitude de noyer, dans une gamme harmonique de coloration assourdie, la fraîcheur et la
puissance de chacun des tons qui concourent à cet ensemble.
Ces défauts sont poussés jusqu'à l'exagération dans XIdylle. L'extrême lassitude des deux
femmes n'est guère propre à retracer le charme de la vie idyllique, sans parler de l'indifférence
de leurs traits clans lesquels on chercherait en vain à démêler un caractère personnel.
Dans une composition moins importante : Elisha raising the Son of the Shunammite -, les
côtés faibles de la manière de Sir Frederick Leiodtton sont loin de s'accentuer autant. La
disposition nécessitée par le sujet y est pour une bonne part, et il n'y a pas jusqu'à la tonalité
éteinte qui ne soit ici bien mieux en situation.
La puissance d'interprétation exacte, que comporte l'art du Président, est tout entière clans
son propre portrait exécuté pour la Galerie des Offices à Florence, et c'est peut-être de toutes
ses œuvres la plus forte.
J. Comyns Carr.
(La suite prochainement.)
i. Idyll, n° 197 du Catalogue.
1. Élisée ressuscitant le Jils de la Sunamite, n° 49 du Catalogue.
In the Lap of Luxury. (Au sein du luxe.)
Dessin de J. s. Noble, d'après son tableau. [Royal Academy of Arts.)