L' art: revue hebdomadaire illustrée (7.1881 (Teil 3))

COURRIER DES MUSÉES

LXXVIII

France. ■— Les journaux de Lille ont annoncé et la presse
parisienne a reproduit cette nouvelle, que l'Etat achetait le
tableau de Jean-Paul Laurens : l'Etat-major autrichien devant
le corps de Marceau, pour l'offrir au Musée de Lille.

Il n'a jamais été question de cette acquisition; la nouvelle
est controuvée de tous points.

Belgique. — Le gouvernement des Pays-Bas vient de
faire don à la bibliothèque du Musée royal d'antiquités et
d'armures d'un exemplaire, en néerlandais, avec la traduction
française, de l'ouvrage illustré intitulé Bôro-Boudour dans Vile
de Java, publié par M. le docteur Leemans, le savant directeur
du Musée d'antiquités de Leyde.

CHRONIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE

France.— Le dimanche 4 septembre a été solennellement
inaugurée, au Neubourg, la statue de Dupont de l'Eure. Elle
est l'œuvre d'un jeune statuaire, M. Emile Decorchemont.

Dupont de l'Eure est assis sur une chaise curule, tenant à
la main le décret qui proclame la République de 1848.

La statue s'élève sur la place Dupont-de-l'Eure ; elle tourne
le dos à l'église ; elle est en bronze, sur un piédestal en bronze
et en pierre.

Deux bas-reliefs sont placés à droite et à gauche. Le pre-
mier représente Dupont de l'Eure sur les marches du palais
législatif, proclamant devant la foule la République. Le second
représente les funérailles et le cortège qui se rend à l'église,
sur la place où s'élève actuellement la statue.

— Claude de Jouffroy, l'inventeur des bateaux à vapeur,
qui a déjà à Paris une rue qui porte son nom, va avoir une
statue en Franche-Comté.

L'Académie des Sciences a, dans sa dernière séance,
adopté un rapport de M. Ferdinand de Lesseps, concluant à
la proclamation des droits de Claude de Jouffroy à la recon-
naissance nationale.

L'Académie a écouté la lecture d'une lettre du maire de
Besançon à M. de Lesseps, revendiquant pour la cité franc-
comtoise l'honneur de posséder la statue de Jouffroy sur une
de ses places, et d'être inscrite en tête de la liste de sous-
cription.

— Par ordre de la direction des Beaux-Arts, les statues
placées au jardin des Tuileries, au Luxembourg et dans les
autres promenades publiques dépendant de l'Etat, vont être
l'objet de travaux de réfection devenus indispensables par suite
de l'état de vétusté de nombre de ces œuvres d'art.

Ce travail, commencé au jardin des Tuileries, sera conti-
nué sans interruption de façon qu'il puisse être terminé avant
le retour de la mauvaise saison.

— M. Lucien Gautier a terminé pour notre Revue une
nouvelle planche puissamment colorée, qui reproduit un Angle
de la pittoresque Rue Saint-Julien-le-Pauvre, à Paris.

— La fête d'inauguration de la statue de Jeanne Darc a
eu lieu au Crotoy avec un concours considérable d'assistants.

Le maire du Crotoy a pris la parole pour adresser ses
remerciements au ministre président du conseil, M. Jules Ferry,
qui s'était intéressé à cette œuvre éminemment patriotique. On
a découvert ensuite la statue de Jeanne Darc. M. Henri Martin
a retracé éloquemment la vraie histoire de l'héroïne. Le
discours de l'honorable sénateur de l'Aisne a été très applaudi ;
les acclamations ont redoublé lorsqu'un botiquet lui a été remis
par une des assistantes.

M. Labitte, député de la circonscription, a prononcé
ensuite une courte allocution qui a obtenu un vif succès ;

après quelques mots dits par M. Piras, habitant du Crotoy, et
par M. Vion, d'Amiens, le président a levé la séance, et la foule
s'est écoulée aux cris de : Vive la République !

— La statue de Sauvage, pour l'érection de laquelle plu-
sieurs chambres de commerce et diverses villes ont envoyé
leur souscription, sera inaugurée le 12 septembre sur une place
de la ville de Boulogne. Le sénateur, maire de Boulogne, en a
informé l'Académie en lui demandant de se faire représenter à
cette solennité par un délégué. Sur l'invitation du président,
M. Bréguet, membre de la section de mécanique, a accepté
d'aller prononcer un discours en l'honneur de celui qui a le
premier réalisé l'application de l'hélice pleine à la navigation,
et qui, sans se laisser rebuter par les insuccès et le défaut de
ressources, a poursuivi son entreprise avec ln plus noble per-
vérance.

— Un comité local s'est formé au Gua (Charente-Inférieure),
pour élever une statue au contre-amiral Renaudin ; une sous-
cription nationale a été autorisée par décret du président de la
République.

Le contre-amiral Renaudin, né le 27 mars 1757, s'engagea
très jeune dans la marine ; il était officier bleu quand éclata la
Révolution. Au combat naval du ij prairial an II, il comman-
dait le vaisseau le Vengeur, dont on connaît la fin sublime.
Les Anglais recueillirent les survivants du navire, parmi
lesquels se trouvait le commandant Renaudin, qui fut nommé
contre-amiral en 1795.

Le comité local du Gua compte, non sans raison, que
la France s'intéressera à cette œuvre de gratitude patriotique.

—' Le savant égyptologue, Mariette-Bey, aura sa statue
sur une des places de Boulogne-sur-Mer, sa ville natale.

Le maire de cette ville a communiqué au conseil muni-
cipal, dans sa dernière séance, la dépêche ministérielle annon-
çant que le gouvernement a commandé à M. H. A. Jacque-
mart une statue en bronze d'Auguste Mariette.

L'État prend à sa charge une somme de 18,000 francs sur
celle de 3o,ooo francs qui est nécessaire pour l'exécution du
travail, y compris les frais du piédestal; il ne reste plus que la
somme de 12,000 francs à réaliser pour couvrir le chiffre de
la dépense.

Autriche. — Le théâtre national tchèque de Prague, qui
vient d'être détruit par un incendie, était un des plus beaux
monuments de l'Autriche. Sa construction avait duré dix ans,
et il n'avait été inauguré qu'au mois de mai dernier, à l'occa-
sion des fêtes du mariage de la princesse Stéphanie et du
prince Rodolphe.

Les travaux de décoration intérieure n'étaient pas com-
plètement terminés lorsque le feu a éclaté le 12 août, à sept
heures moins un quart. Des passants ayant aperçu de la