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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Burty, Philippe: Japonisme, [1]: les femmes de qualité
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0065

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JAPONISME"

LES FEMMES DE QUALITÉ

es femmes occupent dans la société japonaise une tonte autre place
que dans le reste de l'Orient/que dans l'Inde, par exemple, où s'est
imposé le rituel mahométan, ou que dans la Chine, où l'abus de la
jalousie a amené, parmi les classes aisées, l'odieux usage de la mtiti-
lation des pieds2.

Au Japon, dans toutes les classes, la femme vit, parle, agit à
cœur et à visage ouverts. La famille étant là plus strictement consti-
tuée que dans l'Occident, jeune fille, elle appartient à ses parents;
mais, femme mariée, elle jouit de droits à peu près égaux à ceux de
l'épouse dans la société romaine. Vive, intelligente, respectée l'on peut croire (car le roman et le
théâtre la font rarement intervenir), c'est elle qtii perpétue, par l'enseignement du foyer, la science
de la lecture et de l'écrittire 3 ; qui inspire aux jeunes garçons, qui lui restent confiés jusqu'à leur
onzième année, le sentiment des choses chevaleresques par le récit des légendes nationales et par le
doux conseil de chaque jour. Dans tout ce qui peut nous aider à nous former à distance une idée
juste sur ce peuple encore si mal connu, dans les Annales des Daïris, les romans, les poésies, l'histoire
romanesque des gtierres civiles du xne siècle, dans les récits des voyageurs, les albtuns originaux ou
les livres à gravures, la femme japonaise apparaît comme un être actif, aimable ou sérieux. Qu'elle
soit inspiratrice ou maîtresse favorite, poétesse, fille galante, paysanne, c'est un être que l'homme,
loin de chercher à l'amoindrir, accepte pour compagne de toutes les heures, qu'il associe même à la
direction des rouages de la politique '.

1. Voir L'Art, ire année, tome II, pages i et 337.

2. a ... Dans l'ancienne société brahmanique, les femmes n'étaient pas recluses comme elles le sont depuis que les moeurs des
musulmans ont déteint sur les mœurs indoues. Non-seulement les femmes jouissaient anciennement, dans l'Inde, d'une grande liberté per-
sonnelle, ce que démontrent assez leur assistance publique aux cérémonies du culte et la coutume du svayamvara (la jeune fille choisissant
son époux et cela publiquement), mais encore il y eut un temps où les femmes prirent une part notable dans le mouvement intellectuel de
l'Inde. » (M. Schœbel, le Rituel brahmanique. Congrès des Orientalistes français, page 198. Un vol. in 8", chez E. Leroux.)

L'usage ou si l'on veut la mode cruelle et ridicule de la mutilation des pieds des femmes ne date, en Chine, que de quelques siècles. Un
empereur jaloux et, il faut l'espérer, trompé en fut le promoteur.

3. L'écriture syllabique de Firakana est spécialement dite « écriture des femmes ». On rencontre souvent dans les albums des jeunes
mères enseignant à leurs enfants la façon de conduire un pinceau. Dans ce beau volume si ingénieux et si touchant : le Miroir de l'ensei-
gnement des filles et des jeunes femmes, où des dessins exquis commentent à chaque page les leçons du texte, on n'a eu garde d'omettre la
leçon d'écriture et la leçon de lecture. On sait que.cette.écriture compliquée conduit très-naturellement la main à s'essayer aussi au dessin.
Tout concourt donc à affiner, dès l'enfance, ce peuple qui, dans la vie civile, se montre étonnamment compréhensif et discipliné.

4. La Revue des Deux Mondes (15 juillet 1875) a inséré une étude de M. Georges Bousquet sur les Mceurs, le droit public et privé du

Tome V. 7
 
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