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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Lettres romaines
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Chronique de l'hôtel Drouot
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0202

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i68■ L'A

conscience de la pensée ec la synthèse du progrès universel, —
il a faic marcher le monde en engendrant la science, — et la
science a relevé l'art en démolissant les divinités. »

Après cette belle déclaration de principes, M. Monnosi affirme
que les œuvres exposées cette année à la villa Médicis sont
très-mauvaises. Ceux qui ont visité l'exposition Italienne de la
place du Peuple dont nous avons également rendu compte icil,
penseront inévitablement à la parabole évangélique de la paille et
de la poutre. Quoi qu'il en soit, nous allons résumer les princi-
paux reproches formulés dans l'article, afin de donner une idée
de la critique artistique contemporaine en Italie. Comme vous
pourrez voir prochainement à Paris les œuvres dont il est ques-
tion, l'expérience sera complète.

Nous laissons de côté, bien entendu, les traits d'esprit dont
l'article est semé, et qui sont tous dans ce goût : a Si Cham vou-
lait se donner la peine de faire la caricature de ce tableau, il
n'aurait rien à y changer.... On pense avec douleur que l'artiste
aurait pu faire un bien meilleur emploi de cette grande toile en
y taillant trois sacs de grains. « Nous ne relèverons que les.cri-
tiques sérieuses ou plutôt, pour être plus exact, sérieusement
exprimées. M. Injalbert est le moins maltraité, pour son bas-re-
lief du Fruit défendu. On y trouve de la convention et An faire
académique, on désirerait un dessin un peu plus correct, spéciale-
ment dans les jambes et dans les extrémités inférieures d'Eve ; mais
on constate que l'impression du groupe est suffisante : « L'œil de-
meure satisfait, et une réflexion vient spontanément à l'esprit,
c'est que cette œuvre de M. Injalbert est pour l'art une belle
promesse. » On reproche à la Source de M. Besnard le ton vio-
lacé des chairs. La Médée de M. Morot est exécutée avec une
franchise extraordinaire de dessin et une certaine vigueur de co-
loris ; mais les deux enfants sont manqués, l'un d'eux a l'air
atteint d'encéphalite, et l'impression générale est tout autre que
bonne : « l'éclat excessif des accessoires, le jaune doré du fond
et le sombre vêtement de deuil qui recouvre Médée forment un
ensemble peu homogène et sans harmonie pour les yeux. »
M. Monnosi mentionne ensuite sans s'y arrêter une « belle » copie
du Saint Georges de Carpaccio par M. Ferrier, et une « belle »
statue de M. Marqueste, Velléda, et il réserve toute sa sévérité
pour la Femme de Loth, de M. Tbudouze ; mais nous croyons
devoir passer sous silence cet amas de plaisanteries de haut goût,
où nous n'avons pu découvrir un seul jugement sérieux. Ce n'est
pas ainsi qu'on apprécie une œuvre d'art fût-elle la plus détes-
table du monde.

Comme on peut le voir en se reportant à rénumération que
nous avons donnée, dans un numéro précédent, des œuvres expo-
sées, cette revue n'est pas complète : elle est surtout loin de
constituer un jugement définitif et sans appel.

RT.

— En dehors des expositions générales et annuelles, les
artistes italiens ou résidant en Italie ont souvent recours à un
mode de publicité aussi simple qu'ingénieux. Une pancarte, pla-
cée sur la porte de leur atelier, en fait tous les frais : le passant
est convié à entrer un instant pour admirer l'œuvre nouvelle
soumise à son jugement. Mais, comme les ateliers ne sont pas tou-
jours situés dans les rues les plus fréquentées, une courte annonce
insérée dans les journaux est une utile précaution contre la rareté
des passants. C'est ainsi que, par un entrefilet du Fanfulla,
M, An'tocolsky,sculpteur, engage le public à visiter, du 2 au 6mai,
dans son atelier de Rome, sa statue de Socrate mourant. Com-
ment ce Socrate est-il devenu, du jour au lendemain, un Ivan le
Terrible ? C'est ce qu'il nous est impossible d'expliquer. Toujours
est-il que le premier titre était donné hier au soir par l'avis du
journal et qu'on lit ce matin le second au bas de la statue. Une
différence de deux mille ans est sans doute peu de chose aux
yeux d'un artiste, et peut-être ce qui fut un Socrate et ce qui
est un Ivan sera-t-il demain un Napoléon à Sainte-Hélène. Le
chapelet que le personnage mourant égrène entre ses doigts cris-
pés, sans parler de quelques autres accessoires, se prêter a même
beaucoup mieux à cette seconde métamorphose qu'à la première
désignation, à moins que, par un anachronisme hardi, l'artiste n'ait
voulu, dans sa première conception, indiquer en Socrate, ce qu'y
voient les philosophes, un précurseur du christianisme. Nous
attendons, avant de juger l'œuvre, que le titre ait encore une
fois changé. Nous aimerions assez, et nous proposons timidement à
M. Antocolsky, comme titre définitif : la Mort du cardinal Alajarin.

— La presse italienne s'est émue du volume qui a paru en
France sur Michel-Ange, à l'occasion du centenaire de Florence,
et particulièrement de l'article consacré par M. Garnier à Michel-
Ange architecte2. Le Fanfulla. qui est le journal le plus répandu
d'Italie et qui passe pour le plus spirituel, s'écrie à ce propos :
« Oui, messieurs ! Michel-Ange Buonarroti,... lui-même, celui
qui a élevé ce semblant de coupole qui s'appelle la coupole de
Saint-Pierre, au dire de M. Garnier, ignorait la langue, l'ortho-
graphe et la grammaire de l'architecture... Je n'ai pas l'honneur
de connaître M. Garnier. Mais je serais curieux de savoir si ce
M. Garnier, si grand connaisseur en architecture, est le même qui
a ,imaginé et construit le nouveau théâtre de l'Opéra à Paris.
Voilà ce qui s'appelle un monument ! Depuis deux ans qu'il est
fini, tous les pâtissiers d'Europe l'ont reproduit à l'envi. Et puis il
a coûté quatre-vingts millions ! C'est autre chose que la coupole
de Saint-Pierre ! Oh ! Nous en convenons cependant: Michel-Ange
eût été incapable de faire le nouveau théâtre de l'Opéra... » Ces
plaisanteries inoffensives partent d'un bon sentiment patrio-
tique^..... et nous ajouterons, d'un juste sentiment du mérite

relatif des deux œuvres.

CHRONIQUE DE L'HOTEL DROUOT

— Le Salon a des exigences d'actualité envahissante qui nous
obligent à des ajournements successifs, mais nous ne pouvons nous
empêcher de réclamer un peu d'espace — si modeste qu'il soit,
— pour appeler de nouveau l'attention sur la vente de M. Dhios;
elle est fixée aux 18 et 20 mars (commissaires-priseurs : Me* Ch.
PilletetEug. Escribe; expert:M. George), et comprendra des
Tableaux anciens des Maîtres Italiens, Espagnols, Flamands et
Hollandais et une Réunion de Beaux Portraits du xvi" siècle, des
Tentures, Dessins, Eaux-fortes et Livres sur les arts. La santé de

M. Dhios l'oblige à se retirer dans le Midi. Nous ne saurions
trop dire les justes regrets qui accompagnent dans sa retraite
cet expert qui a toujours joui de l'estime et du respect de tous
ceux qui ont eu l'honneur d'être en relation avec lui. M. Dhios,
pendant toute sa carrière, s'est constamment tenu à l'écart des
faiseurs et a inspiré de vives sympathies par son extrême probité
et la grande conscience qu'il a apportée dans l'exercice de ses
fonctions. Il a pour successeur son ancien associé, M. George, qui
est comme lui d'une honorabilité exemplaire et fort capable.

1. Voir l'Art, 2e année, tome V, page 66.

2. Nous nous réservons de revenir sur cet incroyable article de M. Garnier. (Note de la Rédaction.)

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
 
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