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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Burty, Philippe: Japonisme, [2]: Yebis et Dai-Kokou
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0313

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JAPONISME'

YEBIS ET DAI-KOKOU

ien de plus fréquent; dans les albums et sur tous les objets
décoratifs du Japon, que la rencontre de sept personnages,
humains de visage et de vêtements, mais d'essence surnaturelle
sans qu'ils soient des divinités, des saints ni des sorciers.Tantôt
ils sont isolés, tantôt le caprice de l'artiste les a groupés et ils
s'égaient en compagnie. Tous n'éveillent que des idées de
cordialité, de confiance, de réussite. Ce sont les patrons de
la vie heureuse, / sette genii délia Félicita, les « Sept bons
génies ».

Ces « Sept génies » ne se peuvent assimiler exactement
aux êtres divins ou canonisés qui ont peuplé les Panthéons ouïes
Paradis des Occidentaux. Ils tiennent du dieu Lare des anciens Romains et du saint patron de nos
confréries, mais sans être, comme le premier, les protecteurs exclusifs d'un foyer ou d'une province,
ni, comme le second, des êtres qui, ayant vécu la vie terrestre, sont demeurés quinteux, friands de
l'odeur des cierges, avides d'aumône. Les Kamis sont toujours bienveillants. Il y a pour eux des cha-
pelles où les imaginations vives leur consacrent des prières écrites sur des bandes de papier dorées;
dans quelques intérieurs, ils ont leur statuette sur une estrade comme les avaient les Dieux Pénates.
Mais il n'en faudrait pas conclure à une superstition échauffée. Le peuple qui les prend pour confi-
dents dans la mauvaise fortune, le marchand qui pose leur image au-dessus de sa porte ou dans sa
boutique, le peintre qui en multiplie les figures sur les paravents et jusque sur les étoffes, aime sur-
tout à les avoir sans cesse sous les yeux, de même que partout on ne s'aborde ou on ne se quitte
qu'avec des souhaits de bienvenue ou de bon retour. 11 est facile de reconnaître l'ironie sans fiel, le
scepticisme sans hauteur qui sont le propre de l'esprit japonais, dans la façon caricaturale et vive dont
sont traités le plus souvent ces dispensateurs des grâces courantes de la vie. On constate la singulière
puissance d'assimilation de ce peuple, dans la façon dont il a accepté et fait siens ces personnages qui,
sauf un, sont d'origine bouddhique. La religion primitive paraît avoir été une religion solaire. Elle
n'admettait point le culte de ces êtres secondaires. Plus tard, sans doute pour donner un caractère sacré
à des conquérants venus du sud qui débarquèrent, vainquirent les populations autochthones et les
refoulèrent vers le nord, on inventa les « Kamis », les esprits supérieurs, les glorieux ancêtres, les
héros de vertu. Mais ces Kamis ne reçoivent pas d'actes directs d'adoration, n'ont pas d'autels propre-
ment dits. C'est le bouddhisme, si pur au principe, qui a largement admis plus tard la maxime pratique
« le prêtre vit de l'autel ». Le synthoïsme — c'est le nom approximatif de la religion nationale —
n'avait que des chapelles champêtres, des mya témoignant de la rudesse et de la simplicité des temps
anciens.

Nous allons présenter successivement à nos lecteurs ces Sept génies, dire ce que nous avons
recueilli sur leur origine, leurs habitudes, leurs fonctions spéciales, leurs attributs habituels. On les ren-
contre à chaque moment sculptés en netzkès, fondus en bronze, modelés en terre, émaillés sur la por-

i. Voir, pour les précédentes études, l'Art, tome II, p. i et 337; tome V, p. 49.
 
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