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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Pougin, Arthur: Théatre de l'Opéra
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Chronique française
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0109

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88

L'ART.

Des harmonies plates'jusqu'à la niaiserie, des phrases qui ne
se suivent même pas et qui n'ont aucun point d'attache, une
mélopée languissante, banale, aussi vide d'accent que de relief,
une absence complète de modulations, un orchestre qui rappelle
ceux des manèges en plein vent, aucune apparenee de style, une
diction musicale impossible, une façon de prosodier telle qu'elle
arrive toujours à contre-sens et que pour le chanteur elle est
toujours à contre-respiration, pas l'ombre même He sentiment
rhythmique, — tels sont les côtés caractéristiques de la partition
de Jeanne d'Arc. Qu'on juge de l'impression qu'une telle œuvre a
pu produire sur un public chauffé à blanc par douze années de
réclames... incandescentes. En réalité_, c'est là une production
au-dessous de la critique, au-dessous de la discussion, et qui est
la négation même de l'art.

Et cependant M. Mermet n'a pas à se plaindre de l'Opéra,
et l'on peut dire que celui-ci a magnifiquement fait les choses
pour lui. Mllc Krauss a déployé toute la puissance de son admi-
rable talent dans le rôle de Jeanne; elle a dit en cantatrice
incomparable l'air du premier acte :

Vallon, ruisseau, sombre feuillage,

CHRONIQUE

— Par décret en date du 13 avril 1876, il a été arrêté qu'une
exposition universelle des Beaux-Arts, indépendante de l'exposi-
tion annuelle des ouvrages des artistes vivants, s'ouvrira à
Paris en même temps que l'exposition agricole et industrielle, le
ier mai 1878 et qu'elle sera close le 31 octobre suivant.

Un décret ultérieur déterminera les conditions dans lesquelles
se fera cette exposition.

— Le Journal officiel publie le rapport suivant, adressé par le
directeur des Beaux-Arts au ministre de l'Instruction publique
et des Beaux-Arts :

« Monsieur le Ministre,

« Dans la dernière séance du conseil supérieur des Beaux-
A rts, j'ai exprimé l'opinion que le point de départ le plus sûr,
et en quelque sorte nécessaire, pour un examen projeté des per-
fectionnements à apporter aux manufactures nationales des
Gobelins et de Beauvais, serait une Exposition aussi nombreuse
et aussi variée que possible des anciennes tapisseries qui sont
conservées, soit dans les magasins du Garde-Meuble, soit dans les
collections des amateurs.

« Une telle exposition, monsieur le Ministre, aurait un
double effet : celui d'éclairer le public et l'administration sur
les traditions et les lois naturelles d'un art que les Gobelins et
Beauvais ont pour mission de perpétuer et de perfectionner, s'il
est possible ; et aussi celui d'appeler la faveur publique sur une
noble industrie qui a fait et fait encore le plus grand honneur
à notre pays.

Je n'ai certes pas la prétention de faire de la tapisserie un
art exclusivement français. Ferrare et d'autres villes d'Italie l'ont
pratiqué avec éclat au xvr siècle ; mais la gloire d'Arras et des
Flandres, celle des Gobelins et d'Aubusson sont assez intéressées
à une telle exhibition pour que nous puissions dire qu'elle sera,
aux yeux du public et des amateurs, une véritable fête nationale.

« J'en ai entretenu mon excellent collègue, M. le directeur des
bâtiments civils, lequel en a reconnu l'opportunité et met, avec infi-
niment de bonne grâce, à notre disposition, les séries admirables
et très-variées des tapisseries du Garde-Meuble, qui feraient à
elles seules une exposition unique au monde en ce genre, malgré
les vides faits dans les magasins par la décoration du château de
Pau, qui en a reçu depuis longues années un prêt très-considé-
rable.

« Je ne doute pas que, de même, les collectionneurs d'œuvres
d'art, si friands de tapisseries anciennes, ne consentent à nous

s'est montrée partout tragédienne inspirée, et n'a pas faibli un
instant dans tout le cours de ces quatre actes interminables.
M. Faure, dont le rôle est vraiment ridicule, a pourtant apporté
tout son soin dans la représentation de ce personnage de
Charles VII, dont l'auteur n'a su faire qu'un grotesque.
Mlle Daram est tout à fait charmante sous les traits d'Agnès
Sorel, et a chanté avec beaucoup de crânerie et une rare virtuo-
sité un air de bravoure incomparablement mauvais. M. Salomon
et M. Gailhard ont sauvé par leur talent les deux rôles exé-
crables de Gaston de Metz et de Richard. Enfin la mise en
scène est splendide, pleine de richesse et de goût, les décors
sont merveilleux, les costumes magnifiques, et le dernier tableau
celui du sacre de Charles VII dans la cathédrale de Reims est
d"une souveraine beauté et d'un effet surprenant avec son
cortège qui dépasse en splendeur celui même du premier acte de
la Juive. On ne reprochera certes pas à M. Halanzier d'avoir
fait les choses à demi et d'avoir reculé devant l'immensité des
frais. Hélas, pourquoi l'œuvre est-elle à ce point manquée,
pourquoi la toile est-elle aussi indigne d'un tel cadre !

Arthur Pougin.

FRANÇAISE
>

prêter, pour cette occasion, les pièces les plus intéressantes de
leurs cabinets.

« Resterait à fixer, monsieur le Ministre, les moyens d'exé-
cution de l'exposition projetée. La commission qui étudiera les
besoins de la manufacture des Gobelins doit avoir hâte de mener
à bien ses travaux; aussi est-il impossible, pour le résultat que
nous en devons attendre, de renvoyer à une année prochaine
l'exposition des tapisseries. Or, cette année le palais des Champs-
Elysées a été concédé du mois de juillet au mois de novembre,
après le Salon annuel des artistes vivants, à une autre exposition
que doit organiser l'Union centrale des arts appliqués à l'in-
dustrie.

« L'Union centrale s'est toujours particulièrement occupée de
l'art de la tapisserie, et nous avons vu, dans les expositions pré-
cédentes qu'elle a montrées au public, les tapisseries tenir une
grande place parmi les œuvres d'art rétrospectif dont elle décorait
les salles du palais.

« Cette année même, l'exposition qu'elle organise a pour prin-
cipal attrait une sorte d'histoire rétrospective du mobilier, et vous
jugerez aisément, monsieur le Ministre, que les tapisseries sont
appelées naturellement à y jouer un grand rôle. Rien ne semble
donc plus logique que de fondre en une seule exposition les
besoins de l'Union centrale, dont l'administration des Beaux-Arts
a toujours cru devoir seconder les généreux efforts et les besoins
urgents et spéciaux de la direction des Beaux-Arts elle-même.

» Aussi vous demanderai-je, monsieur le Ministre, de m'au-
toriser à m'entendre avec l'Union centrale des arts, que j'ai déjà
pressentie à cet effet, pour qu'ellë nous abandonne les parois du
premier étage du palais, pour le développement des tapisseries,
se réservant à elle-même la distribution des objets mobiliers
qu'elle veut faire connaître au public dans le milieu des salles
dont nous aurons revêtu les murailles de la série chronologique
de nos magnifiques tentures depuis le xvc et le xvr siècle, jus-
qu'aux produits actuels de nos manufactures nationales.

« J'ai l'honneur d'être, avec un profond respect, monsieur
le Ministre, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

« Le directeur des Beaux-Arts,

« Signé : ph. de chennevières. » ^

— La commission des bâtiments civils, présidée par
M. Lefuel, membre de l'Institut, a rendu son jugement dans le
concours pour la construction d'un théâtre et d'un hôtel de ville
 
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